La Boussole d'Or : naissance compliquée d'un film qui a beaucoup perdu au montage :. | |
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En 2007, la Boussole d'Or adapte pour le cinéma le roman de Philip Pullman Les Royaumes du Nord. Le film est écrit et réalisé par Chris Weitz et réunit Dakota Blue Richards dans le rôle de Lyra, Daniel Craig dans celui de Lord Asriel, Nicole Kidman en Marisa Coulter, Sam Elliott en Lee Scoresby et Eva Green en Serafina Pekkala. Depuis le premier script jusqu'au tournage, le film couvre l'ensemble du roman de Philip Pullman et les bandes-annonces qui apparaissent assez tôt en ligne incluent d'ailleurs des aperçus de la séquence finale au cours de laquelle Asriel ouvre sa brèche dans le ciel. Pourtant, quelques semaines avant la sortie, il fut décidé de couper la dernière partie du film pour s'en servir comme ouverture de sa future suite. Ce choix tardif, qui cachait pas mal d'autres choses, obligea d'une part à modifier la chronologie du film (au prix de quelques invraisemblances) et à retoucher numériquement de nombreuses scènes pour des raisons de continuité, mais nous priva surtout du final, puisque l'échec du film au box-office (américain) causa l'annulation des suites. A l'heure où d'inévitables comparaison avec la série télévisée apparaissent ici et là nous souhaitions par cette page :
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Les raisons d'un remontage :. | |
Un changement de dernière minute A deux mois de la sortie du film, dans les premiers jours d'octobre 2007, des rumeurs se propagent au sujet d'une modification du final de La Boussole d'Or. Les fans commencent forcément à s'en inquiéter et contactent le studio. Très vite, Chris Weitz adresse via le studio une lettre signée de sa main à trois des principaux sites web de fans de la trilogie - les anglophones de HisDarkMaterials.org et de BridgeToTheStars.net ainsi que les francophones de Cittàgazze pour confirmer qu'en concertation avec Philip Pullman et le studio (New Line), les trois derniers chapitres du roman ne figureront plus dans La Boussole d'Or mais serviront d'ouverture au film suivant basé sur La Tour des Anges. Philip Pullman réagit à son tour peu après pour confirmer et soutenir la décision, rappelant que des coupes avaient aussi été menées pour le bien du rythme lors de l'adaptation théâtrale de sa trilogie. Personne ne le dit alors mais, derrière ce coup de théâtre et malgré ces (ses ?) tentatives de rassurer tout le monde, il apparaît en fait que Weitz a tout simplement perdu le contrôle du montage du film au profit du studio, New Line. Les producteurs avaient déjà interféré dans les décisions un peu plus tôt, notamment au moment d'imposer Christopher Lee dans le tout petit rôle d'un haut gradé du Magisterium (qui n'apparaît que dans une seule scène) et du remplacement de Nonso Anozie par Ian McKellen pour doubler Iorek. Ceci n'était encore rien comparé à cette reprise en main. Il faudra attendre deux ans environ avant d'obtenir la confirmation de la part de Weitz que le film projeté en salles n'était pas celui qu'il comptait faire : "Le dernier film que j'ai fait a été remonté par le studio et cette expérience s'est avérée plutôt terrible" déclarait-il alors à CinemaBlend avant de renchérir en expliquant à un autre média en 2009 qu'il avait eu l'impression pendant la production que "en étant fidèle au roman, (il) se mettait le studio à dos". Weitz a par la suite régulièrement répété la chose, et il semble que le sujet soit resté douloureux. En 2011 il disait sans détour : "Je n'ai pas pu transposer la vision théologique particulière de Philip Pullman. Et cela me tue". Le mot "théologique" semble tomber à point et pourrait constituer le noeud du problème ayant mené au remontage du film par le studio. La trilogie a toujours été auréolée d'une certaine controverse, notamment aux USA où des écoles ont interdit les livres pour leur contenu relatif à Dieu et l'Église. Dans ce contexte, la Catholic League lança au cours de l'été 2007 une campagne à l'encontre du film, alertant sur le fait que les livres de Pullman visaient à "saper le Christianisme et à promouvoir l'athéisme" auprès des enfants, et peu importe si le film en lui-même n'est que très édulcoré en comparaison des livres puisqu'il s'agit ni plus ni moins que d'un "appât" pour mener les enfants aux livres. L'appel au boycott a bientôt pris de l'ampleur sur le territoire américain. Mais ayant vendu les droits de distribution du film hors des USA pour pouvoir financer le film, New Line comprend vite que la situation devient explosive car le seul territoire qui pourrait lui rapporter des retours sur investissement est en train de se détourner du film, laissant plâner le risque d'un four et d'une mise en danger du studio qui a tout misé sur le film. Les plus grosses charges envers le monde clérical se situant dans le dernier tiers avec la discussion assez franche entre Lyra et son père (Poussière, péché, bien et mal), faire sauter les trois derniers chapitres rend le film soudain beaucoup plaisant, sans compter que garder pour plus tard la mort de Roger donne une nouvelle tonalité au film, qui propose alors comme morceaux de bravoure une bataille d'ours et l'évasion de dizaines d'enfants d'une sorte d'orphelinat ; un tableau bien plus adapté à la période des fêtes que le meurtre de sang froid d'un enfant par le père de l'héroïne... Si nous ne pouvons pas garantir aveuglément que les craintes autour de la raison religieuse sont celles qui ont prédominé au moment de la décision du remontage, des effets de ces dernières sont en tout cas bien visibles dans le film. Un changement entre une bande-annonce diffusée à l'été 2007 et le film final illustre assez bien le tout. Dans le premier cas, Fra Pavel, en arrivant au siège du Magisterium, pose le pied sur un logo dudit Magisterium orné de la devise de celui-ci, "une église par-dessus toutes les autres". Quelques mois plus tard, la devise a disparu dans les salles. Et pour bien se convaincre que cela n'a rien d'innocent, il suffit d'écouter la version commentée du film en DVD. Weitz s'engage un temps sur le sujet mais ne finit pas sa phrase : "Il y avait quelque chose d'écrit" commence-t-il avant de laisser un blanc et de passer à autre chose... La reprise en main du montage d'un film par son studio n'est malheureusement pas une pratique inhabituelle. Des films tels que Metropolis, Blade Runner, Brazil ou Il était une fois en Amérique en furent ainsi victimes, le renom de leurs réalisateurs ayant permis d'en obtenir par la suite une version plus conforme à leur vision - et forcément bien plus intéressante. Dans le cas présent, cependant, il est assez vite devenu clair que le final manquant ne serait probablement jamais intégré à une version longue, à une director's cut (officielle) ou à une hypothétique suite, puisque plusieurs sources indiquaient qu'une director's cut pourrait coûter ou coûterait jusqu'à 17 millions de dollars. Et le rachat, entre temps, de New Line par Warner du fait de l'échec du film, n'a rien arrangé. Les espoirs, aujourd'hui, sont maigres : "Ce qu'il faudrait serait un truc comme une grosse explosion dans l'industrie du film britannique – je veux dire, dans le bon sens du terme – qui génèrerait un tas d'argent et alors, peut-être que vous pourriez faire un remake” déclarait ainsi Weitz en 2011... |
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Les séquences supprimées :. | |
Le remontage tardif du film par les producteurs a exclu un grand nombre de scènes. En voici une liste non-exhaustive accompagnée des aperçus de celles-ci, piochés dans via d'autres supports facilement accessibles : bande-annonce, jeu vidéo, livres, etc...
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Le script original :. | |
Le document suivant est la première version signée par Chris Weitz pour le film. Bien qu'il ait été largement ajusté avant que ne démarre la production (ce script aurait mené à un film de plus de trois heures), il offre un bel aperçu des intentions originelles du réalisateur - qui étaient excellentes. Ce document a été mis en ligne en 2011 par le webmaster de HisDarkMaterials.org, site aujourd'hui disparu mais qui était alors l'un des piliers de la communauté des fans des livres. Chris Weitz' First Draft of The Golden Compass on Scribd |
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La pré-production :. | |
En 2010, Cittàgazze a creusé les péripéties qui ont accompagné la phase initiale de production du film. Nous vous proposons ci-dessous les liens vers deux articles consacrés aux passages éphémères du scénariste Tom Stoppard et du réalisateur Anand Tucker sur le projet...
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Autres séquences coupées :. | |
D'autres scènes ont aussi disparu, plus tôt dans le film, bien que non forcément liées aux choix éditoriaux de la fin du film. Petit aperçu de celles recensées par les bande-annonces, jeux vidéos ou livres promotionnels...
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Lien utiles :. | |
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Sources et copyrights | |
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