Journaliste: Vous retrouvez à nouveau Daniel
Craig. Comment ça se passe ?
Eva
Green: Oh, vous
savez, comme je l’ai dit en conférence de presse, nous n’avons pas vraiment de
scène commune, donc...
Journaliste: Vous n’avez donc pas l’impression d’être dans un film avec
Daniel Craig... Allez-vous travailler à nouveau ensemble ?
Eva Green: Non, pas du
tout. Je veux dire, on
se voit hors du plateau; c’est bien de connaître quelqu’un. Tout cela est
vraiment bien.
Journaliste: Mais vous allez être de la partie pour le second film de Bond
avec lui.
Eva Green: Eh bien, on ne sait toujours pas !
Journaliste: Oh, je croyais que tout était déjà
réglé.
Journaliste: Vous portez de superbes costumes;
croyez-vous qu’en portant des costumes, vous entrez plus facilement dans le rôle ?
Qu’en dites-vous?
Eva Green: Des costumes?
Vous voulez-vous dire…
?
Journaliste: Dans ce film…
Eva Green: Je n’ai qu’un seul costume.
Journaliste: Vraiment?
Eva Green: Je ne sais pas comment elle [Serafina] se lave ou fait des
choses de ce genre (rires). Non, elle a un costume; il est assez éthéré vous
savez. Non, plutôt flottant et [inaudible]. Préraphaélite en fait. La
costumière [Ruth Meyer] s’est inspirée des peintures de Waterhouse.
Journaliste : C’est royal.
Eva
Green: Oui, c’est
très simple; je me sens très liée à la terre en portant ce costume.
Journaliste: Il semble que l’importance des films dans lesquels vous
apparaissez augmente de plus en plus. Je vous ai vu la dernière fois pour Bond;
vous disiez vouloir vous partager entre de grosses productions et des genres
plus confidentiels… Arrivez-vous à gérer ça, ou les grosses productions
prennent le dessus ?
Eva Green: C’est difficile de faire des plans; pour se dire “OK, je veux
travailler avec, disons, Fernando Meirelles, quoiqu’il arrive” ou ‘’Je veux
faire ça’’. Mais je vais faire un tout petit film l’an prochain, en juillet.
Journaliste: En France?
Eva Green: A Londres, mais vous savez, ce film
était superbe, c’était génial de faire partie de cette aventure incroyable.
Journaliste: Et votre carrière française est entre [parenthèses
(inaudible ?)] ?
Eva Green: J’aimerais un bon scénario, mais je n’en ai pas.
Journaliste: La dernière fois que je vous ai vue, c’était avant Bond; on
est après. Qu’est-ce qui a changé pour vous? Voyez-vous une différence dans la
façon dont vous êtes vue ? Est-ce toujours Eva, la James Bond girl ?
Eva Green: Je suis sûr que pour certaines personnes je suis une James Bond
girl, mais en fait ça m’a apporté beaucoup de bien. On vit dans un monde où la
pub est très importante; c’est bienvenu d’être en couverture de quelque chose –
malheureusement, ça marche comme ça; donc les gens me veulent pour leurs films.
C’est bien, je suis heureuse en passant des auditions.
Journaliste: Si vous aviez choisi un animal pour votre âme, lequel
aurait-ce été ?
Eva Green: Un caniche (rires).
Journaliste: Vraiment ?
Eva
Green: Oui. Un
caniche noir...
Journaliste: Un très mignon caniche.
Journaliste: Avez-vous un animal?
Eva Green: J’ai un terrier. Un chien écossais.
BridgeToTheStars: Je me demandais à propos du film si
nous avions notion de la disparité entre l’âge de Serafina et son apparence;
est-ce dans le film? Le fait que les sorcières -
Eva Green: -elle a 300 ans.
BridgeToTheStars: Cela fut-il un facteur
dans votre façon de jouer?
Eva Green: Oui, elle est très sage. Vous voyez cette histoire d’amour
avec un homme, avec Farder Coram. Elle en a été amoureuse ; ils ont vécu
deux ans ensemble et se sont séparés pour certaines raisons – et soudain elle
le revoit. C’est très émouvant, très douloureux pour eux deux. Il a
quatre-vingts ans et quelques, et elle en paraît vingt et ils savent qu’ils ne
peuvent plus être ensemble. Non pas pour l’âge, mais car elle… elle appartient
au Nord, et doit vivre avec les autres sorcières : c’est la reine, elle doit régner,
et ne peut partir. C’est émouvant et douloureux.
Journaliste: Combien de temps avez-vous pris pour apprendre à voler ?
Eva Green: Oh, mon Dieu ! Deux séances par semaine pendant un mois.
Journaliste: Un mois. Et de façon pratique, qu’aviez-vous à apprendre...?
Eva Green: A atterrir, je devais… C’était la pire des choses, car je
déteste voler, c’était m’imaginer que j’allais me crasher. Chaque fois, j’étais
prête à crier… Mais j’ai surmonté ça; c’était dur car je ne suis pas très
physique et je devais juste apprendre à être mieux centrée, plus concentrée. En
fait je me suis imaginée telle un avion. C’était assez étrange, car vous deviez
vraiment le faire pour comprendre. Sinon, j’ai aussi appris à me battre à
l’épée. Les sorcières sont plutôt cool. Et aussi à lancer des flèches.
Journaliste: Pourquoi, pensez-vous qu’en général les histoires de
fantasy sont toujours, ou du moins très souvent situées en Angleterre? Avez-vous
une histoire ou un support intéressant qui pourrait être en France ? Une
histoire de fantasy française ? Est-ce qu’il faudrait en faire une, faire un
film selon vous ?
Eva Green: Je n’ai jamais été une grande fan de fantasy donc je ne
connais pas tous les livres. Je ne sais pas. Français ? Je n’en connais de
français
Journaliste: Vraiment ? Vous ne connaissez personne?
Eva Green: Non.
Journaliste: Vous ne lisez pas ?
Eva Green: J’aimerais utiliser… vous savez, ces contes de fée français, Les
contes de la rue Broca.
(Confusion sur les titres français. Le journaliste demande à Eva de l’écrire.)
Eva Green: C’est totalement absurde. C’est un autre niveau ; je ne
sais pas pourquoi j’en parle.
Journaliste: Vous n’avez jamais travaillé sur un film avec autant d’effets
spéciaux et d’écrans verts ou choses du genre auparavant, n’est-ce pas ?
Eva Green: Ecrans verts ? Il y en avait un peu sur Bond.
Journaliste: Aimez-vous ça ? Vous dites ne pas être une personne très
physique, donc est-ce en cela plus difficile pour vous ?
Eva Green: Les écrans verts ?
Journaliste: Cette façon de jouer – vous savez : il n’y a absolument
rien en face…
Eva Green: Ce n’est pas la chose la plus plaisante, non. C’est brillant,
les couleurs ; c’est comme être sur la Lune, sur une autre planète. Mais j’interagissais
avec des êtres humains, donc ça allait.
BridgeToTheStars: Comment vous êtes-vous entendue avec Dakota? C’était la
première fois où vous jouiez face à une enfant?
Eva Green: Oh elle est adorable. C’était facile pour moi car mon personnage
est assez maternel.
BridgeToTheStars:
Oui.
Eva Green: Je sentais que je devais essayer de
me mettre à sa place – vous savez, ‘’ma parole, c’est un grand rôle’’ pour
elle; j’ai donc essayé de la mettre à l’aise. Elle est très instinctive, très professionnelle
et elle aime ce qu’elle fait. Tout s’est très bien passé.
Journaliste: Comment vous sentez-vous à jouer des personnages maternels,
car il semble qu’ils semblent très différents des personnages que vous avez eus
jusqu’alors.
Eva Green: Dans Kingdom of Heaven – je ne sais pas si vous avez
vu la version longue – j’avais… la comtesse Sibylle [Le rôle d’Eva] en avait
[des enfants]. Je veux dire, je ne souhaite pas de bébé; je suis toujours un
petit bébé. Mais c’est toujours très beau; ça dépend ce qui est en jeu, mais...
Je ne sais pas. J’aime ça ; je ne saurais dire pourquoi. Ca m’aide à
parler car je suis parfois très timide.
Journaliste: Que pensez-vous de tout ça? Je veux dire Cannes est une
cocotte-minute sous pression pour les interviews, la publicité et tout cela.
Eva Green: Oui, je trouve. En fait, c’est moins intense qu’avec Bond. Nous
avions très… c’était juste sur quelques jours et [inaudible]. Ce n’est pas
pareil... Le pire, pour moi; c’est les mini interviews pour la télé. En 5 minutes
on a 70 TV à recevoir. Impossible de réfléchir.
Journaliste: Attendez décembre !
Journaliste: Donc vous n’aimez pas ces auditions, Cannes, les conférences
de presse et interviews. Etes-vous timide? Préférez-vous être en retrait ?
Eva Green: Oui. Je veux dire, je n’aime pas trop... Je n’ai jamais été
très éloquente, [inaudible]; stresser et transpirer quand quelqu’un pose une
question. Donc c’est bien – j’ai progressé, je crois. Mais c’est… hum… assez
étrange.
Journaliste: Est-ce plus difficile que de faire un film?
Eva Green: Oui (rires). C’est un autre travail.
Journaliste: Aviez vous des doutes en signant à vous engager sur ce qui
pouvait être une franchise – sûrement trois films ?
Eva Green: Oui.
Journaliste: C’est le grand morceau de votre vie
à ce point : avez-vous des doutes à ce sujet ?
Eva Green: Um. Comment dire, j’espère vraiment que
le film sera très bon. Je pense qu’il est sur la bonne voie. C’est un film,
enfin, une histoire si magnifique, si puissante. Je n’ai pas peur, non, et tout
ne repose pas sur mes épaules!
Journaliste: Voyez-vous l’histoire comme une allégorie de notre époque
contemporaine ? Il y a ces éléments subversifs : les dogmes…
Eva
Green: Vous voulez
dire comme le Magisterium ?
Journaliste: Oui, oui, j’englobe toute l’institution.
Eva Green: Le Magisterium peut être rapproché d’un système communiste,
vous savez, empêchant les gens de penser d’eux-mêmes. Mais cette trilogie va
au-delà. C’est vraiment à propos de… de la Poussière. Je ne
sais pas si vous l’avez lu, mais c’est très métaphysique, philosophique, sur
Dieu, mais pas d’une mauvaise façon – les gens aiment bien les choses du genre
‘’Oh, mon dieu, c’est anti-Chrétien’’. Ce n’est pas du tout cela, c’est très
spirituel.
Journaliste: Pour un film qui vise autant à [inaudible] que celui-là, avez-vous
ressenti une quelconque pression pour ne pas être anti-Chrétien, ne pas être
anti-dogme, etc. sur le film ?
Eva Green: Je ne sais pas, je n’en sais rien. Je ne peux pas répondre… Je
ne sais pas ce qu’il en sera. Mais bon... La religion est présente, vous ne
pouvez pas passer à côté. Ce sera là ; les gens seront à dire “oh mon dieu’’. Vous
ne savez pas : c’est un sujet épineux. Chris [Weitz] peut répondre à cela.
Je ne veux pas dire… de bêtises.
Source :
Bridge To The Stars, traduction par Haku