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Rencontres : A la Croisée des Mondes : Du livre au film
Le 24 mars 2007, Philip Pullman, Deborah Forte (productrice exécutive) et Mike Fink (superviseur des effets visuels) donnaient une conférence au festival littéraire d'Oxford sur le thème de l'adaptation au cinéma des Royaumes du Nord. Mark Lawson était le modérateur du débat.

Mark Lawson: Philip, pouvons-nous commencer en parlant de votre inspiration pour les livres ?

Philip Pullman: Les Paysages de l’Enfer du Paradis Perdu, de Milton étaient le point de départ. Le feu, l’obscurité, et les paysages sauvages. Je voulais vraiment capturer ça. Mais aussi, les œuvres de William Blake. Je ne m’attendais certainement pas à ce que ce soit un jour un film. Je m’attendais juste à quelques centaines de lecteurs et je suis très surpris du succès.

Deborah Forte: J’ai lu pour la première fois l’histoire sous sa forme de manuscrit. J’ai passé beaucoup de mon temps à lire des manuscrits. Je recherchais ce genre d’oeuvre. Je pensais que ce livre pouvait faire le plus beau des films; c’est si visuel, si imposant. Je me demandais si Philip était prêt à m’accepter.
J’ai travaillé dans l’édition. Le challenge était que le film se hisse à la hauteur des promesses des livres. En tant que lecteur, vous vous appropriez vraiment l’histoire de Philip. J’ai à traduire cela en une expérience commune, et me hisser à la hauteur de la promesse que l’auteur a fait à ses lecteurs. C’est une très grosse entreprise.
Seuls 2% des manuscrits mis en vente sont au final filmés. Je fais confiance à New Line, c’est grâce à leur vision que le film est en train de se faire. Ce projet a pris 12 ans à développer. Mais j’ai attendu que la trilogie soit achevée pour trouver un studio et un des partenaires financiers.
J’avais dîné avec Philip alors qu’il écrivait Le Miroir d’Ambre. Je lui ai demandé comment allait finir la trilogie. Il m’a dit… (Elle regarde Philip) Te souviens-tu de ce que tu m’as dis ?

Philip Pullman: Non, je ne me souviens pas.

Deborah Forte: Tu as dis “Imagine comme le monde aurait été ennuyeux si Eve n’avait pas croqué la pomme.

Mark Lawson: Et il y a eu un changement de scénariste sur le film, n’est-ce pas ?

Deborah Forte: Il n’est pas rare que les gros films aient plusieurs scénaristes. Certains gros films, si vous regardez le générique, en ont sept ou huit. Nous avions Tom Stoppard et Chris Weitz. Comme vous écrivez un script, il ne peut contenir toute l’intrigue du roman. Il vous faut raconter l’histoire en condensé.

Philip Pullman: J’aimais ce que Tom Stoppard a écrit, mais le studio, non.

Deborah Forte: La communication est la clé pour saisir les personnages, selon Philip. Tous les échanges et communications que j’ai eus avec Philip ont été riches et denses. Et on ne parlait que de rester concentré sur Lyra, de se focaliser sur Lyra.
Il nous était important de savoir ce qui était sacro-saint. Nous avions à être sensibles aux concepts et aux thèmes de Philip; il est facile de faire fausse route.
Parfois, vous tombez amoureux d’une scène, mais vous savez que vous ne pourrez pas la faire : c’est une situation de va et vient. Le script doit donc être subtilement traité pour raconter l’histoire tout en restant fidèle au livre et à sa vision.
Puis il vous faut y mettre la promesse du script. Ce n’est pas une personne, il y a plusieurs chef d’équipe chargés de mener le film à l’écran, Dennis Gassner, le Production Designer a été le premier de ces chefs d’équipe à rejoindre le bord. Il a visité Oxford, il est allé aux musées et engagé une équipe d’artistes conceptuels, et à commencé à assembler les images. C’était une période très excitante. Le studio a apporté tout son soutien en aidant à mettre sur pied un projet très ambitieux.

Philip Pullman: C’était fascinant de voir le processus du développement. En tant qu’auteur, je ne connaissais rien du monde du cinéma. Il semblait qu’ils avaient tous lu les livres. J’ai été surpris d’apprendre que ce n‘était pas toujours le cas ! Mais ils avaient leur propre vision. J’ai été très impressionné du fait que toute l’équipe de production avait saisi le concept des livres; du fait qu’ils concernent Lyra et ses parents.

Deborah Forte: Quand Philip Pullman est venu sur le plateau, c’était comme si on avait eu une rock star à bord. Tout le monde demandait “A quelle heure Mr. Pullman sera sur le plateau ?” Philip a eu une merveilleuse visite avec l’accessoiriste. Il avait une équipe de 120 personnes travaillant sous ses ordres pour faire les accessoires et Philip a été vraiment intéressé par la forge. Toutes ces personnes voulaient voir leur travail recevoir l’aval et la validation ce Philip.

Mark Lawson: Parlons du casting du film. C’est le premier film de fantasy avec des stars de premier ordre.

Philip Pullman: Je n’irais pas dire ça à Ian McKellen.

Mark Lawson: C’est un grand acteur, mais je ne dirais pas qu’il était une star de premier ordre ? Quel était votre casting idéal ?

Philip Pullman: Mon casting idéal incluait Nicole Kidman et Sir Laurence Olivier, tel qu’il était en 1945, mais il n’était pas disponible. L’ambition n’était pas d’avoir des stars, mais d’avoir le meilleur acteur pour chaque rôle. Nicole Kidman a une impressionnante polyvalence, elle peut être chaleureuse et glaciale, séduisante et terrifiante tout en même temps. Il était essentiel de trouver la bonne Lyra. Je ne sais pas comment ils comptaient faire mais ils l’ont bien fait.

Deborah Forte: Nous avons tous convenu que ce devait être une jeune personne qui devait prendre le rôle, paraître naïve et grandir au long du film. New Line a reconnu que cette Lyra avait besoin d’être quelqu’une avec très peu d’expérience, ce qui est un gros risque pour les studios quand c’est le premier rôle.
On a vu 10.000 filles dans les castings. Les agents de castings ont fait du bon boulot. La première session des castings, qui a eu lieu à Cambridge, était la plus prometteuse. Un DVD a été fait avec les candidates potentielles, les cinquante meilleures filles. Philip a vu ce DVD, et 48 heures plus tard, il a dit “C’est l’une de ces deux filles !” et Dakota Blue Richards était l’une de ces deux-là.

Mark Lawson: L’actuel James Bond, Daniel Craig jouera Lord Asriel?

Deborah Forte: C’est un excellent acteur; il a une présence qui vous oblige à le regarder à l’écran. Je l’ai vu dans Layer Cake et il y était très bon. Il a dans ce film ce côté impitoyable qu’a aussi Lord Asriel.

Mark Lawson: Oui, il y a une histoire commune avec James Bond, puisque Timothy Dalton jouait Lord Asriel dans la première adaptation au théâtre. Timothy Dalton, qui a bien sûr joué James Bond dans Tuer n’est pas jouer et Permis de tuer.

Philip Pullman: Nicole Kidman et Daniel Craig sont tous deux de brillants acteurs.

Deborah Forte: Ca a du être décourageant pour Dakota Blue Richards de jouer pour la première fois face à Nicole Kidman et Daniel Craig. Daniel a rencontré Dakota le premier jour de tournage, dans les jardins d’Exeter College. Je sais qu’elle était un peu nerveuse. Peu avant qu’ils tournent, il lui a souri et a commence à sauter sur le plateau pour la faire rire. Dakota ne savait pas trop comment réagir, elle a regardé avec surprise et l’a imité. Ils sautaient tous les deux. Ca l’a mise à l’aise; ça l’a relaxé physiquement.

Mark Lawson: Parlons des effets visuels. Mike, c’était un challenge particulier sur ce film, n’est-ce pas?

Mike Fink: L’un des plus gros challenges.

Deborah Forte: Les effets visuels sont plus subtils que, sur disons Le Seigneur des Anneaux à cause des dæmons. Le travail de Mike est de les rendre crédibles. Il doit faire ce que les mots font dans le livre, mais avec des images pour le film.

Mike Fink: Il y a trois personnes responsables d’équipe pour porter les mots à l’écran. Le directeur de la photographie, le directeur artistique et moi-même. J’ai travaillé trente ans juste pour faire ce film. Malheureusement, il est trop tôt pour voir des plans complets du film lui-même. Je vais vous montrer certains plans de film sur lesquels j’ai travaillé pour vous donner une idée de mon passé professionnel. A propos, quand je dis Je, je parle en fait d’une équipe de cent personnes.

[Mike présente des plans de Constantine].

Mike Fink: L’inspiration pour la vision de l’Enfer dans ce film est un champignon nucléaire qui s’étend à l’infini.

[Les extraits suivants viennent de X-Men et X2. Mike montre des extraits avec Diablo, Mystique et Magnéto].

Mike Fink: Ceci est la scène où Magnéto (joué par Ian McKellen) est emprisonné. La cellule de Magnéto; tout dans l’image, à part l’acteur lui-même, est complètement virtuel.
Maintenant, c’est des extraits de La Boussole d’Or. Cependant, ils ne sont finis qu’à 10%. Ca vous donnera une idée de l’étendue du travail. Ceci est la création visuelle du bateau. Le bateau est en images de synthèse, mais l’eau, et les angles de camera viennent du tournage d’un plan avec un bateau sur l’océan. L’eau est trop dure et demande trop de temps à faire autrement. Ca, c’est le bateau qui arrive à Trollesund. Le bateau sur la mer évoque au travers des images le fait que Lyra voyage; condenser toutes les descriptions peut être fait de façon quasi-instantanée avec des images.

[Mike montre des extraits de la transition du bateau depuis le modèle initial en images de synthèse, puis au travers des différentes étapes du processus].

Mike Fink: On a beaucoup fait de recherches sur les animaux pour les dæmons. Par exemple, quand Pan prend la forme d’un furet, on a étudié les furet avec un film en très haute définition, si bien que la camera pouvait zoomer sur la fourrure. Ce plan montre Pan en souris.

[Mike montre des plans de vrais animaux filmés pour les études préparatoires].

Mike Fink: Ceci a ensuite été transféré en modèles informatiques, le rendu de la fourrure et les tests d’animations sont entrepris. On ne veut pas qu’ils ressemblent à des effets visuels. Ce processus permet d’être sûr que les dæmons paraissent bien organiques.

[La création et le mouvement de Stelmaria, de plusieurs autres dæmons, une vue conceptuelle de l’horizon de Londres et le zeppelin de Mrs Coulter sont montrés].

Mike Fink: tout notre travail en cours sur les scènes de Londres se base sur les plans conceptuels de Dennis Gassner, le directeur artistique.

Mark Lawson: Est-ce qu’Harry Potter et Le Seigneur des Anneaux ont simplifié l’acceptation du film par les studios ?

Deborah Forte: Peut-être, mais il est plus important que le film égale la réputation des livres. Historiquement, on a eu une conversation où le film ne commençait pas avec Lyra et Pan, comme dans le livre. Il y a des décors bien plus gros dans le livre qui auraient pu être un point de départ permettant d’entrer de façon plus progressive dans l’histoire. Mais on a senti qu’il était primordial d’expliquer la relation humain/dæmon le plus tôt possible. Si on repoussait ça dans le film, c’aurait été trop long à expliquer. Expliquer, c’est tuer le film.

Philip Pullman: Oui, l’explication pourrait casser le flot de narration. On parle de Lyra; ça commence et finit avec elle.

Mark Lawson: Et qu’en est-il du thème anti-religieux du film?

Philip Pullman: Non, ce n’est pas anti-religieux, mais anti-oppression, anti-autoritaire. Ca s’oppose à l’utilisation de la théocratie à but politique. L’Eglise du monde de Lyra est très différente de la nôtre, comme bien d’autres choses.

Deborah Forte: Je crois que les principaux concepts de l’histoire sont l’amour, le courage, la responsabilité et l’honneur.

Mark Lawson: Mais l’histoire met en scène la mort de Dieu ?

Deborah Forte: Pas la mort de Dieu, mais la mort de l’autorité oppressive.


Questions et réponses du public

Q: Ayant lu la trilogie, J’étais excité à l’idée qu’on fasse un film. Comment pouvez-vous convertir la beauté des livres dans le film ? Comment le film rend par rapport aux adaptations théâtrales d’A la Croisée des Mondes ?
Philip Pullman: Le théâtre fonctionne par métaphore. Au théâtre, il faut en faire plus, car on n’a pas les moyens de transmettre toutes les images sur scène. Les acteurs portent des masques d’animaux pour les dæmons, et le public prétend ne pas voir les acteurs. Il y a plus de contraintes au théâtre, autant que le porte-monnaie du public ou que la condition physique supporte. La production théâtrale s’est faite en deux plutôt que trois parties, car il fallait présenter toute la pièce sur une seule journée. Nicholas Wright a fait deux spectacles de trois heures chacun. J’ai beaucoup aimé cette adaptation, particulièrement la musique, la musique jouée dans le Monde des Morts me donne des frissons dans le dos rien que d’y penser.
C’est différent quand il s’agit de faire un film. C’est complètement différent. Les contraintes et les attentes du public sont différentes ; il n’y a pas de meilleur studio que New Line pour le produire.

Q: Que pensez-vous du changement du titre original Northern Lights en The Golden Compass ?
Philip Pullman: Avant que je ne m’arrête sur His Dark Materials pour la trilogie, le titre de travail était The Golden Compasses, une fois encore à partir du Paradis Perdu de Milton. Ceci se réfère à une paire de compas. Ces mêmes compas de Dieu se retrouvent aussi dans l’oeuvre de William Blake. Une personne chez les éditeurs à New York a pensé que je faisais référence à l’aléthiomètre et ils ont souhaité utiliser The Golden Compass comme titre pour le livre aux USA.
Dans de nombreux pays, le premier livre a été publié avec le titre The Golden Compass, c’est donc comme ça que la plupart des gens dans le monde le connaissent. En fait, c’est le même éditeur qui était responsable du changement de titre entre Harry Potter and the Philosopher’s Stone, qui avait du sens, à Harry Potter and the Sorcerer’s Stone, qui lui n’en a pas.

Q: Etes-vous satisfait du film à ce jour?
Philip Pullman: Je suis très content de tout ce que j’ai vu. Les gens veulent des disputes et des confrontations, mais je ne pourrais pas être plus content. Le casting est détonant, et on a définitivement trouvé la bonne Lyra. L’histoire a été traitée avec un grand respect. Les effets visuels sont brillants, les costumes et les décors sont très fidèles à l’histoire.

Q: Il a été dit que le réalisateur Chris Weitz a quitté le film ? Si tel est le cas, l’avez-vous persuadé de revenir ?
Deborah Forte: On lui a donné une seconde chance. On l’a convaincu et il a réalisé son erreur.

Q: Le premier livre aurait-il été différent si les deux autres n’avaient pas été écrits?
Philip Pullman: J’aurais aimé changer certains points de l’histoire à contrecoup, surtout dans le premier livre. Mais avec le film vous pouvez allez de l’avant et adapter l’histoire comme vous l’entendez.

Q: Quelle est votre scène préférée du film à cette heure ?
Philip Pullman: J’en ai deux. La première est quand Lyra rencontre pour la première fois Iorek Byrnison. La seconde est une scène calme mais magnifique, qui a lieu dans le ballon de Lee Scoresby. Lee et Serafina Pekkala parlent alors que Lyra est endormie. Ils volent vers le danger et partagent leurs moments de confort serein et d’inévitabilité tous les deux. L’atmosphère y est très proche du livre.

Q: Les Mulefas ne sont pas présents dans la production théâtrale. Pourquoi ? Les verra-t-on dans le film ?
Philip Pullman: Il y a des choses qu’on peut faire au théâtre et d’autres qu’on ne peut pas. Il n’aurait pas été simple d’avoir sur scène ces créatures se déplaçant sur des roues. C’était pareil pour les sorcières. C’est quasi impossible d’avoir plusieurs sorcières volant avec des câbles partout sur scène. Les câbles pourraient se croiser, se mettre à pendre et ça ferait désordonné. On ne peut pas facilement transporter un vaste paysage sur scène. Dans le film, vous pouvez avoir de vastes panoramas à l’écran.
Deborah Forte: On est allé à Svalbard tourner des paysages fabuleux pour permettre au public de s’immerger dans le film. Le film a des sorcières qui volent sur des câbles, avant qu’on ne les gomme bien sûr. Les costumes des sorcières sont fabuleux, colorés et éthérés.

Q: Comment sera représentée la Poussière dans le film ?
Mike Fink: Avec grande difficulté! C’est difficile d’expliquer, mais le processus de son apparition et de son interaction sera développé avec beaucoup de soin.

Q: Vous a-t-on déjà demandé de faire un effet visuel que vous n’avez pu faire?
Mike Fink: Une seule fois. Le réalisateur m’a demandé si je pouvais le faire, et j’ai dit que je pensais que non. J’ai contacté un physicien dans une compagnie allemande afin de rechercher si c’était faisable. Je n’ai pas vraiment envie d’expliquer l’effet visuel car c’est compliqué et que je veux faire court. J’ai fini par abandonner après beaucoup d’efforts. Mais aujourd’hui, avec du temps et de l’argent, il n’y a rien qu’on ne puisse faire. Mais ce n’est pas important, contrairement au fait d’être fidèle à l’histoire.
Deborah Forte: Il semble que la technologie a rattrapé l’imagination de Philip. Le film aurait été quelque peu décevant s’il avait été fait il y a six ans.

Q: Un certain public va connaître chaque mot du livre; d’autres spectateurs n’auront pas lu le livre. Est-ce dur de rassembler des publics aussi différents ?
Deborah Forte: Aussi longtemps qu’on suit la trame de l’histoire, on espère plaire à tous.

Q: Vous avez commencé à écrire ces livres il y a des années. Vous sentez-vous happé par cette période ayant à revisiter l’histoire encore et encore ?
Philip Pullman: J’écris mon nouveau livre, c’est ma priorité. Revisiter l’histoire s’est fait dans différentes conditions et pour différents formats. Il y a eu plusieurs supports: les versions audio, les pièces de théâtre et maintenant le film. Ca a toujours été autour de cette histoire. Je suis très chanceux et flatté du fait que des gens veuillent faire des films à partir de mes livres. Je suis confiant du fait que le rendu en film sera bon.

Q: Dans le livre, il y a des scènes telles que la séparation avec le daemon. Quel public visez-vous ? Quelle censure pensez-vous que le film recevra ? Interdit aux moins de 12 ans ou un avertissement jeune public?
Philip Pullman: Je ne peux prédire ce que sera le public. Pour un film, le public se prévoit différemment.
Deborah Forte: Je ne suis pas sûr de la censure qu’aura le film. Nous devons faire de l’histoire le meilleur film possible.
Mark Lawson: Mais il y a sûrement des implications financières. Vous avez un certain pouvoir avec cela, et si le Film Board [NdlR : comité de contrôle, équivalent du CSA en France] donne une interdiction aux moins de 15 ans, vous pouvez remonter le film. Le ferez-vous?
Deborah Forte: En effet, une interdiction aux moins de 15 ans serait dommageable.

Q: Y a-t-il des parties du livre qui ne seront pas dans le film?
Philip Pullman: Oui : ma belle prose ! Non, non, tous les éléments essentiels y sont. Quand j’ai lu les livres à haute voix pour les versions audio, ça a pris 11 heures. Vous avez donc à couper, mais ce n’est pas aussi drastique que ça le parait. Il y a beaucoup de descriptions dans le roman qui seront juste des images dans le film.

Q: Où en êtes-vous avec la suite, The Book of Dust ? Pouvez-vous nous dire ce dont ça parle?
Philip Pullman: Ca concerne la Poussière. Ce n’est pas vraiment une suite. Le personnage principal sera bien sûr Lyra, et elle sera un peu plus vieille. Mais je ne veux pas en dire plus à cette heure. Je suis bien dedans, mais j’ai eu beaucoup d’interruptions. Ce sera publié dans deux ans environ.

Q: Quand vous avez commence à écrire le premier livre, saviez vous que ce serait une trilogie ?
Philip Pullman: Pas précisément, mais je savais que ce serait une longue histoire d’un bon millier de pages. C’est dur de publier un livre de cette taille, à moins d’être connu. L’histoire se divisait naturellement en trois parties, et ça a été publié ainsi. Et c’est ainsi que Le Seigneur des Anneaux est aussi divisé bien sûr.

Q: Pourquoi avez-vous appelé votre personnage principal Lyra ?
Philip Pullman: Car elle était Lyra depuis le début. Je n’avais pas à travailler là-dessus, mais pour les autres personnages, ça a été le cas. Par exemple, j’ai dû travailler pour Iorek Byrnison car il venait du Nord et il devait avoir un nom nordique. C’était pareil pour Serafina Pekkala, nom tiré d’un annuaire d’Helsinki.
Mark Lawson: Vraiment? Le nom d’une personne ou une combinaison?
Philip Pullman: C’était deux personnes différentes.

Q: Avec les enfants acteurs grandissant rapidement, à quel stade en sont La Tour des Anges et Le Miroir d’Ambre ?
Deborah Forte: Nous avons un scénariste qui travaille pour le second film et débroussaille le script du troisième.

Q: Avez-vous écrit le livre en pensant au cinéma ?
Philip Pullman: Je pense que tous les auteurs des cent dernières années ont écrit en pensant au cinéma. Pourtant, si vous regardez les oeuvres de Charles Dickens, ses peintures panoramiques d’une ville sont très cinématiques. Si vous lisez l’introduction de Bleak House, c’est un scénario de tournage, avec une la volonté d’écrire avec une sorte de fluidité. Ca n’a donc pas tellement changé. C’est quelque chose qui m’a beaucoup inspiré. J’ai beaucoup pris aussi à Milton et dans chaque livre que j’ai lu. Mais je reconnais ce que je dois aux autres ouvrages à la fin du Miroir d’Ambre.

Q: Vous souvenez-vous du moment où vous avez eu pour la première fois l’idée des dæmons?
Philip Pullman: Oui, c’était au seizième brouillon du premier chapitre. Raymond Chandler, l’auteur du détective américain a dit une fois “Quand vous avez un doute, prenez un homme passant une porte avec un pistolet à la main.” Ca change l’histoire comme ce n’est pas permis. Pantalaimon est mon pistolet. J’ai réalisé qu’il me fallait quelqu’un pour parler avec Lyra; sinon les explications prennent du temps et viennent en cour de route. J’avais donc mon homme entrant avec un pistolet.

Mark Lawson: Merci beaucoup. Je pense qu’il va y avoir désormais une séance de dédicaces. Pas plus de deux livres par personne s’il vous plaît.
Philip Pullman: Oui, et si les enfants peuvent être places devant…

Mot du chroniqueur : Merci de ne pas oublier que si tous les efforts ont été faits pour transcrire l’évènement de façon précise. Les enregistrements n’étaient pas permis pendant la conférence. C’est pourquoi certaines phrases manquent dans le compte-rendu.

Traduction : Haku, Luna et Michaël T.
Source : www.hisdarkmaterials.org
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