Alors que j'attends que Philip Pullman arrive, je suis assez incertain sur ce que je dois attendre de lui. Nous avons tous lu ses livres, nous avons lu ses articles, nous avons entendu son avis sur des sujets allant de la religion à l'éducation ou la littérature (ou sont-ils tous liés les uns aux autres ?) ; mais quel type de personne peut-il bien être ?

Et mes questions, comment y réagira-t-il ? Sont-elles suffisamment bonnes ? J'ai passé du temps à consulter la FAQ de son site internet, et l'ai croisée avec les résultats de deux différents sondages ainsi que mes propres idées. Est-ce que cela les rend originales ? " />
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Rencontres : Philip Pullman
Interview de Philip Pullman à la foire aux livres de GÖTEBORG (décembre 2005).
Interview par Ian Giles.

Alors que j'attends que Philip Pullman arrive, je suis assez incertain sur ce que je dois attendre de lui. Nous avons tous lu ses livres, nous avons lu ses articles, nous avons entendu son avis sur des sujets allant de la religion à l'éducation ou la littérature (ou sont-ils tous liés les uns aux autres ?) ; mais quel type de personne peut-il bien être ?

Et mes questions, comment y réagira-t-il ? Sont-elles suffisamment bonnes ? J'ai passé du temps à consulter la FAQ de son site internet, et l'ai croisée avec les résultats de deux différents sondages ainsi que mes propres idées. Est-ce que cela les rend originales ?

Les premières impressions sont bonnes. Pullman sort du studio où il vient d'être interviewé par la télévision lituanienne. Il jette un regard interrogatif à Helene Komlos, du ALMA (Astrid Lindgrin Memorial Award [récompense que Pullman a récemment reçue, NdT]) et nous sommes alors présentés. Il semble être une personne tout-à-fait normale, même si son attirail composé d'une veste beige, d'une chemise rose, de chaussettes rayées et d'un sac en bandouillière donne l'impression qu'il puisse en fait être un auteur.

Pendant qu'Helene nous mène dans un endroit calme où nous pourront parler, nous discutons de la foire aux livres. La Foire aux Livres de Göteborg, ou plutôt la « Bok och Bibliotek 2005 » comme elle est nommée en suédois, est presque certainement unique au monde. Une sorte de mélange entre un festival littéraire et une convention commerciale, elle dure quatre jours et attire près de 110.000 visiteurs. Il y a la possibilité d'acheter des livres à des prix préférentiels, d'assister à des séminaires, de vendre les droits de vos livres à des éditeurs étrangers si vous êtes écrivain, ou juste de bouquiner. Il jette un regard sur le plateau de la foire (nous marchons le long d'un balcon surélevé) et ajoute : « Ils en ont une grande à francfort, mais il n'y en a peu d'autres ».

Nous choisissons un sofa et des fauteuils pour lieu de notre discussion. En se mettant à l'aise, Helene apporte des verres d'eau, et je peux commencer de façon formelle l'interview. Sachant combien les fans d'A la Croisée des Mondes sont avides de trouver de multiples détails techniques et philosophiques liés aux livres, je demande à Pullman si les Ours en armures attirent la Poussière.
“C'est une très bonne question, et vous savez, je n'en ai aucune idée. La question de savoir s'ils en ont ou non ne s'est jamais posée dans l'histoire. Parce qu'elle n'intervenait pas dedans, je n'y ai jamais pensé. Évidemment, s'il on en venait à un point auquel ceci devienne un élément de l'histoire, alors il faudrait que j'y réfléchisse et développe une idée ou une solution pour le problème »
Pullman suggère que le meilleur moyen de trouver les réponses aux questions telles que celle-ci passe par la discussion et la prise en considérations des divers éléments à disposition.

J'ai appris deux choses de la réponse de Philip Pullman. D'un, qu'il ne peux probablement répondre à toute autre question technique à propos d'A la Croisée des Mondes et, de deux, qu'il approuve les débats théoriques à propos de ses livres et qu'il est heureux que ceux-ci prennent place sur des forums de discussions sur internet.

Pullman a eu énormément de succès, mais la majorité de ses ventes se sont faites en Angleterre avec des anglophones. Je suis curieux de savoir si d'autres livres qu'il a écrit vont être traduit, par exemple en suédois. Pullman répond qu'il a été traduit en 37 langues, et qu'il en espère d'autres dans le futur. Des traductions supplémentaires en suédois lui semblent possibles, suite à son Prix. Avant de rencontrer Pullman, j'avais regardé dans différentes grandes enseignes de librairies afin de vérifier si ses livres étaient en stock. La plupart n'avait que peu ou aucun de ses livres en rayons, et, considérant qu'il venait juste de remporter un célèbre prix littéraire, aucune boutique ne l'avait en vitrine. Je l'ai mentionné à Pullman, mais il a ironiquement expliqué qu'en tant qu'auteur, on ne devrait jamais entrer dans une librairie pour chercher ses propres livres.
“Vous finissez par regarder partout pour vos livres, et si vous ne les trouvez pas, vous vous approchez d'un innocent assistant en demandant : Ou sont mes livres ?! »
Pullman ajoute que la seule chose qu'un auteur peu trouver dans une librairie est la paranoïa, que personne n'achète ses livres. Il explique qu'il a appris il y a longtemps de ne jamais être inquiet du fait de les voir ou non dans une librairie.

Il m'intéresse de savoir si Pullman, avec sa célébrité montante peut encore marcher dans la rue sans être dérangé. Pullman répond qu'il n'est en général pas dérangé en dehors du royaume-Uni, mais que cela arrive souvent qu'à l'étranger,les gens le repèrent. Il donne un exemple, racontant comment on lui a demandé un autographe à Prague. Il dit que ça ne le gêne pas d'être arrêté dans la rue, du moment que les gens qui le font sont polis et sincèrement intéressés.
Un sujet intéressant est le lien de Pullman à la Scandinavie et le Grand Nord. De grandes séquences d'A la Croisée des Mondes se déroule dans ces régions, et de nombreux personnages en sont originaires. Il m'intéresse de savoir si Pullman, par ce choix de cadre, a anticipé ses futurs liens avec la Suède. Pullman trouve l'idée de se voir comme télépathe assez amusante et explique que le choix des décors d'A la Croisée des Mondes étaient purement dues à des considérations scénaristiques. La région convenait à la trame, donc il l'a située à cet endroit. Et il ajoute : « Je ne suis même jamais allé au nord d'Uppsala [50km au Nord de Stockholm, NdT]».

Cependant, il dit aussi que le Nord a quelque chose de très attrayant, et qu'on n'a pas à y aller pour l'aimer. Il me donne en exemple le dernier livre qu'il ait lu, An African in Greenland, de Tete-Michel Kpomassie. Le livre raconte comment Kpomassie, né en Afrique de l'Ouest, avait vu des descriptions de la neige et des ours polaires dans des livres scolaires et en était fasciné. A la sortie de l'école il devint chef et fit son chemin jusqu'à la capitale sur la côte. Il y travailla un bout de temps et gagna un travail à bord d'un bateau. Il déménagea et s'établit en France. Il continua de voyager vers le Nord, obtenant un poste à Copenhague, au Danemark, où il rencontra quelqu'un qui lui offrit la possibilité de s'embarquer sur un bateau à destination du nord. Une fois arrivé, il vécut avec les Inuits une année durant... Pullman dit qu'il s'agit là d'un livre brillamment écrit, qu'il recommande à tout le monde.

Pullman semble heureux d'être en Suède pour sa seconde visite en rapport avec l'ALMA, et il semble visiblement honoré d'avoir été sélectionné par le jury pour le prix 2005. Alors que Pullman a glané des prix au Royaume-Uni et aux USA, où se situent ma majorité de ses lecteurs, il semblerait qu'il ne soit pas autant pris au sérieux que ne le serait un auteur 'pour adultes'. Je fais remarquer à Pullman qu'il y a une différence entre l'attitude britannique et suédoise vis-à-vis de la littérature jeunesse, « La grande différence entre les deux est Astrid Lindgren ». Il explique comment elle a été un pilier de la culture suédoise, littéraire ou non, et que ses livres ont servi à l'éducation de nombreux enfants de plusieurs générations. Pullman a énormément de respect pour Astrid Lindgren, et ce qu'elle a fait à travers le monde pour les enfants. Une autre différence entre les deux pays, explique Pullman, est que le gouvernement est prêt à donner un important prix en espèces au vainqueur, comme prix national alors qu'en Grande-Bretagne, ce serait soit impossible, soit fort peu probable.


Le point suivant sur lequel je veux interroger Pullman est la ressemblance entre certains de ses livres et ceux d'autres auteurs, avant ou après lui. Je lui expose que de nombreux parallèles peuvent être faits entre Le Manoir aux Loups, de Joan Aiken, et A la Croisée des Mondes ainsi que Sally Lockhart, notamment la jeune héroïne en personnage principal et la sombre ambiance historique reconstituée. Je remarque aussi que Les Enfants Volés, de Jamila Gavin n'est pas différents des oeuvres de Pullman et Aiken. Il m'intéresse de savoir si Pullman a été inspiré, et s'il pense qu'il a inspiré les autres. Pullman admet qu'il y a une ressemblance entre tous ces livres, mais qu'elle est due purement et simplement à des centre d'intérêts communs de la part des auteurs, et que ceux-ci peuvent être amenés aux mêmes types d'idées en écrivant.

Pullman parle de son admiration pour feu Joan Aiken (auteur entre autre de la série du Manoir aux Loups ou de la trilogie Felix Brook [trilogie SF non traduite (?), NdT]) et dit à quel point il est navré qu'elle n'ait jamais été entièrement reconnue pour sa contribution à la littérature. Il trouve qu'un prix tel que l'ALMA devrait être donné à des gens comme Joan Aiken, qui ont tant fait. Se reportant à l'oeuvre de Jamila Gavin, il dit qu'il s'agit d'un auteur dont il est impressionné, et ajoute
“Saviez-vous que Les Enfants Volés a été adapté en pièce de théâtre et sera joué cet hiver ? »

Pullman se réfère à l'adaptation d'Helen Edmundson pour le National Theatre de Londres, qui aura lieu du 2 novembre au 4 février. (Pullman le décrit sur le site du National Theatre : ) “Un drame riche et presque gothique se déroule, plein de méchants, d'aristocrates sans coeur, d'amis dévoués et d'amants passionnés, sur un fond de cruauté, musique et de meurtre. » Rien que par cette description, on peut voir à quel point les deux oeuvres sont similaires !

Récemment, les adaptations en film des oeuvres de Pullman ont figuré en bonne place dans la presse, avec de nombreuses rumeurs entourant le très attendu A la Croisée des Mondes. Pullman est juste aussi intéressé dans le projet que tous ses fans, et déclare qu'il est activement impliqué. Il est satisfait du nouveau réalisateur sur le projet, Anand Tucker, et qu'il l'a récemment rencontré pour discuter du film. De plus, Pullman fait l'éloge du précédent réalisateur nommé, Chris Weitz, disant qu'il avait été impressionné de voir que celui-ci avait eu les tripes de dire qu'il n'était pas la bonne personne pour le poste, et de se retirer. Pullman insiste que la chose la plus importante pour le film est que la bonne Lyra soit sélectionnée.
“C'est une petite fille normale, qui est actuellement quelque part, et elle ne le sait pas encore, mais elle va bientôt être Lyra. Il y a cette ombre planant au-dessus d'elle qui se rapproche de plus en plus, avant qu'elle ne soit engagée »
Pullman insiste que seule la vraie Lyra fera du film un succès, et déclare que cette Lyra doit être jeune. Il a été impressionné de la façon dont A la Croisée des Mondes a été adapté pour le théâtre, que le choix d'acteurs adultes était bon, mais que cela ne le serait pas pour le film.
Alors que le film d'A la Croisée des Mondes est en route, l'adaptation de Sally Lockhart pour la BBC est quelque chose que l'on pourrait prochainement voir à la télévision. Ils feront de chaque livre (il y en a actuellement quatre) un long-métrage qui sera diffusé à chaque Noël durant une période de quatre Noël. Pullman est confiant sur le fait qu'ils soient excellemment adaptés et croit que la BBC a la capacité d'y mettre la justesse nécessaire. Je lui demande ce qu'il pense de l'adaptation par la BBC de J'étais un Rat ! Et Pullman explique que si elle était bien, elle n'était pas parfaite. Sa plus grande contrariété est l'usage de "délayage". Il trouve que la fiction qui durait au total trois heures aurait été mieux avec une heure de moins au compteur.

Pullman semble prêt à parler de Sally Lockhart, et en se référant à ses newsletters où il dit qu'il en écrira de nouveau, je lui demande à quoi les lecteurs peuvent s'attendre. De façon obligeante, Pullman se met à discuter des diverses possibilités d'intrigues pendant plusieurs minutes et visiblement, le conteur d'histoires qui sommeille en lui est excité à l'idée de prédire ce qui arrivera aux personnages. Pullman commence par dire à quel point il a apprécié de réunir à nouveau Jim et Adélaïde, et qu'il pourrait bien écrire un autre livre sur leur retour à Londres. Cependant, il pourrait aussi voir le futur avec Harriet en tant que personnage principal, à l'âge qu'avait Sally dans le premier livre. Pullman est aussi intensément conscient de l'aspect historique dans ses livres, et en se référant à Webster Garland, suggère qu'il pourrait choisir une histoire avec les premiers pas du cinéma. « Des images animées ! » s'exclame dit-il excité. De nombreux fans trouvaient qu'elle était injustement mise en retrait dans La Princesse de Razkavie et uniquement présente en tant que personnage secondaire. Je demande à Pullman s'il est d'accord avec cela. Pullman affirme qu'il n'a pas mis Sally comme personnage principal et explique qu'il avait besoin d'un personnage plus jeune (comme Adelaïde et aussi Becky) pour que les plus jeunes lecteurs puissent s'y identifier.
“Sally, avait 25 ans dans La Princesse de Razkavie, après tout », explique-t-il. Il dit que si Sally pourrait ne plus être le personnage centrale, elle apparaîtrait certainement dans l'histoire de futurs livres.

De nombreux jeunes lecteurs d'A la Croisée des Mondes ont souvent l'impression que Milton a copié Pullman et que de tels plagiats sont immoraux. De nombreux lecteurs de Pullman ont reconnu qu'il avait souvent réécrit des classiques de l'ancien temps. Cela se voit avec J'étais un Rat !, qui raconte Cendrillon avec un autre point de vue. La Princesse de Razkavie rappelle Le Prisonnier de Zenda. L'Épouvantail et son Valet est une histoire à la Don Quichotte. Et bien sûr A la Croisée des Mondes est approximativement basé sur Le Paradis Perdu de John Milton. Je demande à Pullman pourquoi il a autant fait ainsi, et sa réponse est simplement qu'aucun auteur n'est original. Les histoires sont de vieilles histoires racontées à nouveau à un nouveau public. Il est un conteur, et c'est ce qu'il fait. Il se fait plus spécifique cependant en reprenant ma comparaison de La Princesse de Razkavie au Prisonnier de Zenda.
« La Razkavie dans mon livre est en fait plus réaliste que la Ruritanie du Prisonnier de Zenda. Il y a deux superpouvoirs mis en jeu, essayant chacun d'englober la petite nation située entre eux. »
Il explique comment il a créé le pays fictif de Razkavie (qui, s'il existait, se situerait quelque part en Prusse) de manière historiquement réaliste, tout en profitant de la possibilité d'y mettre plus de cachet qu'il n'en existait dans la Ruritanie. Son élément favori du livre était la jeune illettrée, Adélaïde, qui devient Reine.

Étant un lecteur avide des newsletter mensuelles de Pullman comme de nombreux autres fans, j'ai souvent remarqué qu'il y avait un thème propre à chacune d'elles, tel que le rôle de la monarchie (à la suite de sa rencontre avec la Princesse héritière Victoria de Suède) ou le changement climatique. Je demande si Pullman essaie délibérément dans chaque newsletter d'influencer ou de changer les idées, ou s'il s'agit juste de son style. Pullman semble enchanté d'entendre qu'il y a quelqu'un qui lit ses newsletter. Il explique que, puisqu'elles n'ont pas de réel propos à la base, il lui plaît d'écrire sur des choses qui l'engagent, et que les newsletters sont un des moyens à sa disposition pour donner son point de vue. Pullman dit que la Princesse Victoria était un exemple de future monarque, et que les changements climatiques sont un des problèmes les plus importants pour le futur. Je l'interroge sur l'une de ses autres publications, dans le journal The Guardian. Il explique que, comme pour ses newsletters, il n'écrit que sur des sujets qui lui semblent importants, et n'écrira que sur des sujets qu'il pense avoir profondément étudiés. Il évoque le fait que The Guardian aimerait avoir une chronique régulière de sa part, mais Pullman trouve que si il le faisait, ses textes auraient moins de sens pour lui, et moins d'impact sur les lecteurs. Les articles de Pullman sont publiés occasionnellement et ils ont un grand impact. Son dernier en date avait pour titre « J'attends avec impatience ce que ce manifeste de conseils va apporter au duché » . Pullman rit en évoquant celui-ci, disant que « le titre était juste une blague. Il voulait dire qu'il n'y avait nulle région du Royaume-Uni qui avait de bonnes idées en ce moment. C'était juste un petit conseil à leur intention .»

Ma question suivante est adaptée d'une suggestion reçue lors d'un sondage en ligne, dans lequel quelqu'un de mécontent demandait s'il pouvait s'attendre à recevoir une réponse de Pullman à ses lettres. Je suis plus intéressé de savoir combien de lettres Pullman reçoit et combien de réponses il renvoie. Je mentionne le fait que l'auteur Tove Tansson semble envoyer quotidiennement six lettres manuscrites. Pullman fait la grimace à cette question et répond immédiatement quant aux nombre de lettres reçues chaque semaine. « Trop ». Il passe deux jours chaque semaine pour sa correspondance, et comme quiconque en conviendrait, c'est acte de folie. Il souhaite plus de temps pour écrire, et il veut écrire des livres, et non des lettres. Cependant, les lettres auxquelles il est plus susceptible de répondre sont celles qui nécessitent une réponse unique et spécifique, par exemple, pour des élèves étudiant ses textes. Les lettres que ses éditeurs pensent être digne de son intérêt lui sont envoyées, et Pullman répond à toutes les lettres qui lui sont envoyées. Les lettres qui ne dépassent pas l'éditeur recevront une réponse standard.

Les gens se demandent souvent comment sont choisies les couvertures des livres, et les fans de Philip Pullman ne sont pas différents, donc je lui demande qui choisit ses couvertures, et comment elles le sont. Pullman explique que s'il ne les sélectionne pas personnellement, il pense que cela a un très fort impact sur la vente du livre. Sa préférée est la couverture de Lyra et les Oiseaux, dont il est très content. Pullman dit aussi qu'il a désormais de l'influence sur l'apparence des livres. Par exemple, il tient beaucoup à ce qu'il y ait de la place pour un autographe sur la page intérieure. L'emblème du corbeau, que nous avons déjà eu l'occasion de voir quelques fois, est en train de devenir la marque de fabrique de Pullman pour ses prochains livres, et apparaîtra plus souvent désormais. Cette nouvelle influence peut être quelquefois s'étendre à un droit à la parole sur la couverture utilisée. Ceci est uniquement possible avec ses éditeurs au Royaume Uni et aux États-Unis.

Utilisant un effroyable jeu de mots, je demande à Pullman ce qu'il fera une fois The Book of Dust [Le livre de la Poussière, projet en rapport avec l'univers d'ALCDM, NdT] achevé et couvert de poussière. Pullman grogne, ayant anticipé ce que je m'apprêtais à dire. Il dit qu'il aime alterner un livre 'long' et un conte de fée plus court. Donc, après The Book of Dust, on peut s'attendre à un autre conte de fée, avant un éventuel nouveau Sally Lockhart. Pullman ne dit pas combien de temps il va prendre pour écrire ce nouveau livre, mais laisse l'impression qu'il a maintenant prévu de l'écrire de façon ferme, que l'on puisse le voir plus tôt que prévu. Ce qui est clair, c'est qu'il s'agit d'un homme avec plein d'idées en tête.

Je souhaite finir l'interview sur une note un peu plus décontractée, et je demande donc à Pullman s'il va dépenser l'argent du prix Astrid Lindgren pour acquérir plus d'instruments de pouvoir. Pullman rit, et complimente le gouvernement Suédois pour la quantité de monnaie qu'il lui a donnée. Cependant, d'un ton plus sérieux, il m'explique qu'il a en fait promis de soutenir les Chantiers Navals d'Oxford - qui l'ont inspiré pour écrire sur les Gitans - dans leur bataille juridique contre le constructeur immobilier Bellway Homes. Il dit que s'il ne promet pas de protection financière illimitée, il va faire tout ce qu'il peut. Il dit que le week-end précédent il a participé à des portes ouvertes là-bas, et qu'il est convaincu que cela doit être préservé. Au vu des premières évolutions (le chantier a gagné le premier round de la confrontation juridique) Pullman a de grands espoirs pour le futur du chantier et le foyer des gitans.

Ma dernière question est, si possible, la plus importante de la matinée. Je demande à Pullman ce qu'il ressent après la récente victoire de l'Angleterre sur l'Australie en cricket. Pullman donne une première brève réponse : « conforté. » Et ce sans piper. Il explique ensuite que son frère qui vit en Australie est devenu un véritable Australien, et qu'après le premier match, il avait claironné que l'Angleterre serait lessivée. « Je savais qu'on allait gagner » répond Pullman avec un sourire aux lèvres.

Alors que je remercie justement Pullman pour son temps et son interview, Helene revient, l'informant qu'il est temps d'y aller, et Pullman de lui répondre « Où cela, maintenant ? »

Pendant le reste de la journée, je l'ai revu ici et là dans le festival. Il participe à de nombreuses présentations et séances de dédicaces, se retrouvant à l'heure du repas en discussion avec les membres du jury de l'ALMA. Il lit l'introduction de son livre L'Épouvantail et son Valet, et prouve une nouvelle fois qu'il est bien un conteur. Puis il se lève et observe, quand l'autre lauréat du Prix, l'illustrateur Japonais Ryoji Arai, lit en entier et en japonais un livre d'images au public. Pullman continue de se promener dans la manifestation, et j'ai des visions furtives de lui très régulièrement. L'après-midi, il donne une conférence dans un hall de lecture bondé, pendant lequel il passe quarante minutes à dire ce que en quoi les enfants ont besoin de lire et ce qu'ils peuvent y gagner. Ce qui passe notamment par la manière dont est racontée une histoire et la valeur de pouvoir raconter une histoire. Il fait le lien de ceci avec son propre travail, et conclue que les gens ont besoin d'être rendus heureux. Le meilleur moyen d'y arriver passe par raconter des histoires. Son discours est récompensé d'un paquet d'applaudissement du public. En dehors de toutes les conférences auxquelles j'ai assisté durant le week-end, la sienne était de loin la meilleure. Plus tard, alors que Pullman arrive à un nouveau présentoir pour faire des dédicaces, il tient une alléchante glace. Incertain de ce qu'il doit faire de glace à peine entamée, Pullman échange la glace contre les livres de chacun des client.


Ceci est la traduction par Haku d'une interview publiée sur Bridge To The Stars

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L'Epouvantail et son valet

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