Menu
Rendez-Vous
A la Croisée des Mondes
Philip Pullman
Cittàgazze
Partenaires

btts

  Follow Twittagazze on Twitter  Follow Instagazze on Instagram

menuAccueilForumEncyclopaediaTchatF.A.QMeetingmenuLangue en menu
  [phpBB Debug] PHP Warning: in file /var/www/vhosts/cittagazze.com/httpdocs/livre/lettre.php on line 284: Undefined variable $connexion
La lettre de Pullman
(Read in English)

     Entre 2005 et 2007, Philip Pullman a écrit régulièrement à ses lecteurs via des newsletters sur son site officiel, alors que les réseaux sociaux n'étaient encore que balbutiants. L'occasion pour lui de nous parler des livres qu'il était en train d'écrire, de la pièce de théâtre qui se jouait alors au National Theater de Londres, du film La Boussole d'Or alors en préparation ou de tout ce qu'il souhaitait partager. Pour les lecteurs non-anglophones, Cittàgazze traduisait alors les lettres.
     Cette page vous propose ces versions francophones...

     Bonne lecture !


   Archives :.

2005
  • Février 2005
  • Mars 2005
  • Avril 2005
  • Juin 2005
  • Août 2005
  • Septembre 2005
  • 2006
  • Janvier 2006
  • Février 2006
  • Mai 2006
  • Septembre 2006
  • Octobre 2006
  • 2007
  • Janvier 2007
  • Juillet 2007
  •    Février 2006 :.

    Février 2006

      Jan Mark (1943-2006)

      Je ne m'attendais pas, lorsque j'ai commencé à écrire ces messages plus-ou-moins-réguliers-mais-plutôt-moins-que-plus, que l'un d'entre eux serait consacré aussi vite à une sorte d'élégie. Comme tous ses amis, je chérissais Jan Mark pour de nombreuses raisons. Son récent décès a été un tel choc pour tout ceux qui la connaissaient et pour ses milliers de lecteurs qu'il est toujours difficile à croire.

      Je ne vais pas me lancer ici dans l'acte formel de rédaction d'une nécrologie. Les nécrologies ont déjà été publiées et bientôt les sections qui lui sont consacrées dans les livres seront mises à jour et des résumés de sa vie et de son oeuvre apparaîtront - devraient apparaître - dans des titres tels que le Dictionary of National Biography. Ceux qui étudient et écrivent au sujet de la littérature jeunesse vont avoir des tas de choses à dire à son sujet pour un bon bout de temps ; son oeuvre sera jugée et trouvera sa place dans les classiques.

      Ici c'est différent. Je voudrais juste dire pourquoi je l'aimais, et pourquoi je la trouvais formidable, et pourquoi j'étais un peu nerveux à son sujet, et pourquoi elle manquera tant.

      J'avais un grand respect pour elle, tout d'abord, car elle était déjà célèbre alors que je n'avais publié qu'une paire de de romans pour adultes qui avaient (heureusement) échoué à troubler la liste des best-sellers. Son premier roman Thunder and Lightnings [non traduit en français, NdT] est sorti, a gagné de grands prix et a été à juste titre ensensé avant même que je ne commence à écrire des romans que des enfants auraient pu lire. Je ne suis pas sûr que les premières impressions s'oublient, et je n'ai jamais su dépasser l'impression à chaque fois que je l'ai croisée, d'être une personne secondaire en présence d'une personne de premier plan.

      Deuxièmement, elle écrivait extrêmement bien. Quel mystère que la bonne écriture ! C'est très difficile à définir, même si les grands lecteurs la reconnaissance d'emblée. Elle semble ne demander aucun effort, même si les personnes qui écrivent beaucoup savent que ce n'est jamais le cas : à moins de vouloir attirer l'attention sur les perles de sueur et les élongations de tendons quand on prend part à l'intolérable combat contre les mots et leur signification, pour paraphraser T.S. Eliot, alors le résultat parle bien plus que l'effort qu'il ne cache. Une bonne écriture est musicale, mais jamais chantante; elle a du rythme, mais comme le jazz elle swigue plutôt qu'elle ne bas la mesure. Elle est limpide, mais avec la clarté des eaux profondes plutôt que celle du plexiglasn et par cela je veux dire que des choses vivent et se meuvent dans les eaux profondes, et la grande perspective offerte par une bonne écriture vous laisse percevoir chacune d'elles avec ses propres relations. L'écriture obscure ne vous montre que la surface. Et finalement, pour l'heure (même s'il y aurait beaucoup encore à dire sur le sujet) la bonne écriture est raide comme une corde tendue, et elle ne claque jamais. L'accordeur, c'est l'intelligence. L'intelligence de Jan Mark transpirait par chacun de ses mots.

      Troisièmement, Jan était adorable. La brusquerie, les mots durs, l'air renfrogné - d'autres ont gaussé sur ces sujets et narré bien des histoire (j'ai beaucoup aimé l'histoire racontée par une autre Jan, Jan Needle, expliquant comment Jan Mark avait sorti un groupe d'enseignants d'une classe à qui elle s'adressait alors qu'ils parlaient entre eux pour ensuite dire aux enfants de ne jamais se comporter de façon aussi impolie et inconsidérée en grandissant). Elle était passionnée de justice, pour le social, la politique et les gens, mais des tas de gens passionné de justice sont de froids cuistres en privé. Le mordant de Jan était tempéré par sa chaleur, son esprit était généreux et jamais cruel, son hospitalité immédiate et inconditionnelle.

      Elle était timide, je crois. Il y avait une maladresse rugueuse et parfois une hésitation dans ses manières, comme il en est des personnes qui sont inhabituellement conscientes d'elles-même. Elle était prolifique. J'imagine un fastidieux critique doté du luxe de revenus privés expliquant que si elle avait moins écrit et s'était plus relu, elle serait devenue plus connue; mais quiconque écrit pour gagner sa vie sait qu'elle est durement gagnée, parfois, et que le tout dépend de sa capacité à produire à rythme constant. Certaines de ses histoires reposaient sur ce que je pense être le point de vue typique de Jan, dans lequel on ne voit des évènements que ce que deux observateurs éclairés auraient à s'en dire. J'aurais parfois aimé qu'elle passe moins de temps avec les observateurs et plus avec les protagonistes, mais c'était là le désir d'un lecteur impatient et naïf, et ses observateurs étaient toujours des êtres dont la compagnie s'avérait âpre et agréable, auant que l'était la sienne.

      Ce n'est pas à nous de dire lequel de ses livres perdurera le plus; le temps s'en chargera. Elle me manque beaucoup. Une leçon que je tire de ce triste mois est que nous ne devrions pas prendre pour acquis que ne voyons l'essentiel de la personnalité des gens qui vivent autour de nous. Elle vivait dans la même petite ville que moi, et puisque je pensais qu'il pouvait m'arriver de la croiser au coin de la rue à tout moment, cela ne valait pas vraiment la peine de la voir sans raison. Eh bien, j'aurais du mener cet effort plus souvent, et je l'aurais aimé. Quiconque l'a connue ne l'oubliera jamais.

      Sur d'autres sujets

      Au réunions de commission au Parlement, le Premier Ministre a été interpelé par un parlementaire conservateur (un Conservateur !) pourquoi il ne taxait pas le kérozène des avions afin de réduire les émissions du trafic aérien. Apparement, M. Blair a rit et répondu 'Je vais laisser le soin à un autre pays de faire cette suggestion'.
      Plus vite il partira, mieux ce sera.

      Je dois adresser mes excuses. Dans un article nommé 'War on Words', publié dans le Guardian du 6 novembre 2004, j'ai cité un paragraphe issu d'un article d'un journal soviétique nommé 'Culture and Life'. J'aurais du mentionner le nom de son traducteur, qui était Peter R. Wolfe. Mes excuses vont au Dr Wolfe, et je les lui adresserai à nouveau quand ce texte sera imprimé dans un futur ouvrage regroupant essais et articles.

      Philip Pullman
      février 2006
    Sources et copyrights
    Les lettres originales proviennent d'une version désactivée du site web de Philip Pullman (www.philip-pullman.com), désormais uniquement accessible via Wayback Machine - web archive.
    Dernière mise à jour : 21/02/2020

    publicit?  

    Découvrez le DVD de la Boussole d'Or

      publicit?