Pourtant, un cadavre qui refuse de rester tranquille, il n'avait jamais vu ça ! Imaginez un peu... Un mort, froid comme de la glace, étendu sur une plaque de marbre, avec un bras qui mouline l'air.

  Le médecin ferma la porte à clef pour empêcher les domestiques d'entrer. Puis il approcha la lampe, et se pencha sur le corps pour l'examiner de plus près. Son attention fut d'abord attirée par la façon maladroite dont étaient arrangés les vêtements. Évitant le bras qui continuait de gesticuler, il défit avec précaution le manteau, la pelisse, la veste et la chemise du prince, et lui dénuda le torse.

  Juste à l'emplacement du cœur, la poitrine du mort était barrée d'une large estafilade, grossièrement recousue d'une douzaine de points. Le médecin les fit sauter en quelque coups de ciseaux, ouvrit la blessure, et faillit tomber à la renverse... A l'intérieur, il n'y avait pas de cœur. Celui-ci avait été remplacé par un petit mécanisme d'horlogerie : quelques simples rouages et ressorts avec un balancier, délicatement raccordés aux veines du prince, et animés d'un gai tic-tac parfaitement en rythme avec les gestes du bras.