L'humanité a écrit :Pelucheland. Les aventures d’une petite fille au pôle Nord, à la poursuite de sadiques kidnappeurs. Le mélange de fantastique et d’archaïsme est devenu le genre le plus prisé des adolescents. Voilà donc, après Harry Potter qui a ouvert le bal, et les nombreux suiveurs qui se sont engouffrés dans la brèche, le premier volet d’une nouvelle série adaptée de romans à succès de Philip Pullman. À la réalisation, Chris Weitz, qui a fait ses débuts aux côtés de son frère aîné Paul avec la comédie potache American Pie. Ici, le cadet est aux commandes de cette barque bourrée d’effets spéciaux qui laissent froid, comme le sujet. Ça débute à la Harry Potter, dans une université néogothique très british et se poursuit dans un univers plus rude, évoquant un Seigneur des anneaux nordique. Peu de personnages marquants, en dehors de la méchante incarnée par une Nicole Kidman au comble de la sophistication. Le reste sent les produits dérivés de circonstance (animaux en peluche figurés par les vaillants ours polaires et les charmants « daemons » (démons), bestioles familières à métamorphoses). Le blockbuster de Noël.
Telerama a écrit :La trilogie du Britannique Philip Pullman, A la croisée des mondes, parue à l'aube des années 2000, peut être considérée comme ce qui s'est écrit de plus ambitieux depuis longtemps dans la « fantasy », genre littéraire qui représente des mondes parallèles. Hélas, c'est avec un académisme compassé que Chris Weitz (Pour un garçon) adapte cette fresque pleine d'inventions splendides (comme les « daemons », ces incarnations animales des âmes des humains) et qui traite de thèmes aussi « sérieux » que le dogmatisme religieux.
Dans ce premier volet, le réalisateur se contente d'émailler d'effets spéciaux glacés une mise en scène statique qui ne donne qu'une faible idée du souffle et de la cruauté des aventures de Lyra, la jeune orpheline qui découvre le libre-arbitre. Le montage à la hache trahit la difficulté à restituer en moins de deux heures l'intégralité du premier tome, Les Royaumes du Nord. Et le casting premium semble réduit à réciter les dialogues lourdement explicatifs. Même Nicole Kidman ne fascine qu'à moitié en beauté torturée au service de l'ordre en place. Elle semble à peine plus réelle que son « daemon », un singe doré et muet.
Le Monde a écrit :Réalisé par Chris Weitz, à qui l'on doit entre autres le teen movie American Pie, le film est adapté d'un roman de Philip Pullman. Ce qui frappe, particulièrement, c'est la manière dont il recycle sans complexe certains des éléments les plus caractéristiques des sagas précédentes, et trahit de la sorte son avidité commerciale envers le public pré-adolescent qui y était attaché. L'histoire prend ainsi racine, comme celle de Harry Potter, dans un collège anglais, où les personnages ont la spécificité d'être indissociable de leur "daemon", un animal de compagnie qui parle, comme ceux de Narnia. Alors que le Magisterium, l'organe politique dirigeant, asservit la population en la maintenant dans l'ignorance, Lord Asriel, l'oncle de Lyra (ici incarné par Daniel Craig, le nouveau James Bond), entreprend une mission en Arctique pour étudier un mystérieux phénomène, la "poussière", qui recèlerait le secret de l'existence.
Téméraire et curieuse de tout, Lyra veut elle aussi partir vers le grand Nord, à la fois pour comprendre la nature mystérieuse de cette poussière, dont les adultes lui interdisent systématiquement de parler, et pour sauver son ami Roger qui y a été emmené de force. On comprend vite que Lyra est l'enfant élue d'une prophétie, ce qui lui vaut, entre autres, de savoir utiliser une boussole d'or qui délivre la vérité. Celle-ci s'embarque alors dans un périple qui se déroule comme une succession d'épreuves de jeu vidéo, et dont elle se sort, bien entendu, haut la main. Elle lutte contre des êtres maléfiques, et en particulier contre Madame Coulter, une femme de pouvoir perverse bien gauchement interprétée par Nicole Kidman. D'autres volent à son secours, que ce soit le peuple des Gitans, le grand ours blanc, ou encore une belle sorcière qui semble tout droit sortie du Seigneur des Anneaux (Eva Green, la dernière James Bond Girl). Mais qu'ils soient bons ou méchants, ces personnages se présentent ici comme de pures conventions. Aucun effort n'est fait pour leur donner une quelconque épaisseur, une dimension un tant soit peu attachante.
Dans la dernière scène, Lyra explique au jeune Roger, qu'elle vient de sauver, qu'il leur reste encore du pain sur la planche, et égrène par le menu le programme du prochain épisode. Cette idée si peu délicate d'intégrer un teaser à l'intérieur même du scénario est sans doute le moment le plus drôle du film.