Mise en scène du prochain blockbuster de fantasy

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Nef
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Mise en scène du prochain blockbuster de fantasy

Message par Nef »

Article du New-York Times : "Staging the Newt Fantasy Blockbuster"
auteur : Sarah Lyall
publié le 25 janvier 2004
source : http://www.nytimes.com/2004/01/25/arts/ ... cb&ei=5062
Traduction : Nef
Mettre en scène la prochain Blockbuster de Fantasy.

Londres

Le modeste homme au bout de la huitième rangée glisse discrètement de son siège pendant les derniers applaudissements pour la fin de "His Dark Materials" au National Theatre. Mais il n’est pas parti loin. C’était Philip Pullman, 57 ans, qui a écrit la trilogie de livres sur lesquels est basé la pièce, et il a été rapidement attaqué par une foule de jeunes lecteurs qui n’arrivaient pas à croire la chance qu’ils avaient.

"A la Croisée des Mondes", qui a commencé comme une trilogie de romans jeunesse-adulte avec des thèmes extravagants mais de modestes espérances commerciales, est devenu phénomène international et a conféré à son auteur une telle célébrité qu’il a du déménager à une adresse inconnue. Les livres, lumineuses aventures qui concernent la vie après la mort, la foi religieuse et le compliqué mélange du bien et du mal, ont été traduits dans 37 langues et plus de 7 millions d’exemplaires ont été vendus au Royaume-Uni et aux Etats-Unis.

N’importe qui à avoir vu les films "Harry Potter" ou "Le Seigneur des Anneaux", ou à avoir juste noté leur succès, peut deviner ce qui se passe maintenant : les livres sont entrain de devenir la prochaine franchise de fantasy. A Londres, le National a mis en scène une luxueuse et ambitieuse, 1.4 millions de dollars, adaptation de 6 heures en deux parties. Et New-Line Cinema, qui a sorti les « mega-films » "Le Seigneur des Anneaux", a acheté les droits de la trilogie de Mr Pullman et engagé Tom Stoppard pour écrire le scénario.

Mais "A la croisée des mondes" est une proposition beaucoup plus stimulante que ses prédécesseurs cinématographiques, et pas seulement à cause de sa toile de fond philosophique et scientifique. Ces livres ont attaqué les religion organisée et la notion de Dieu omnipotent avec une sidérante subversivement. La trilogie a été critiquée par des organisations religieuses, alarmées par ses penchants pour l'humanisme et pour son portrait d'une cruelle Eglise fictive obsédée par la pureté sexuelle des enfants, mais aveuglée par sa propre soif de pouvoir. Ces livres incluent entre autres un camp de prisonniers pour enfants kidnappés sponsorisé par l'Eglise, un couple d'anges mâles renégats amoureux de manière touchante et un dieu vieux, faible et épuisé, se languissant du soulagement miséricordieux de la mort plus que de tout autre chose.

Un réalisateur de film sera engagé le mois prochain, ainsi le tournage pourrait commencer dans environ un an. Avec un œil satirique cependant sur le pouvoir des groupes religieux aux Etats-Unis, les producteurs de New-Line disent qu’ils vont probablement insister pour que le rejet de la religion soit atténué en une méditation sur la corruption du pouvoir en général. Mark Ordersky, vice-président exécutif et chef-opérateur des productions de New-Line, a dit dans une interview que « le véritable problème n’est pas la religion ; c’est l’Autorité.»

Mr. Ordersky souligne que la figure qui représente le plus Dieu dans les livres est connue comme "L’Autorité" et dit que le cœur de l’histoire concerne « des gens qui s’efforcent d’être libre et ont la volonté d’être libre, qui sont en conflit avec les forces de l’autorité et du totalitarisme. »

Ce que le studio aime de cette trilogie, a dit Mr. Odersky, c’est la même chose qu’ils ont aimé pour "Le Seigneur des Anneaux" : l’histoire. « Gros budget, grand spectacle, les films à effets visuels eux-même ne sont pas intéressants pour le public, » dit Mr. Odersky. « ce qui plait, c’est quand vous prenez tout ça et avez une irrésistible histoire humaine derrière. »

Les chances d’un formidable effet sont très bonnes également. Les livres se situent dans de multiples mondes parallèles, incluant l’Oxford d’aujourd’hui et une sorte d’Oxford d’un passé indéterminé. Pour ceux qui s’intéressent à rechercher les réponses, les livres font allusion à Milton, Blake, Coleridge, Ruskin, la Bible, Homère, la mythologie nordique, la physique quantique et la théorie de corde, mais ils sont aussi imprégnés d’une riche intrigue irrésistible et de personnages fantastiques. Il y a deux jeunes attachants protagonistes humains, Lyra et Will, mais il y a aussi des Ours en armure, d’intrigants universitaires, de terrifiantes harpies, violence, de petits espions qui voyagent sur des libellules, des anges puissants mais physiquement faibles qui ont grandement envie d’un corps physique, des sorcières aux histoires d’amour osées, des ecclésiastiques corrompus, de gentils mammifères qui voyagent sur des roues et, le mieux de tout, les daemons, la personnification animale de l’âme d’un individu qui ne quitte les côtés d’une personne qu’à sa mort.

Il est arrivé un moment ou ces livres pour jeunes, avec leur solide récit et leur enthousiaste suspens d’incrédulité imaginative, ont été avidement repris par les adultes, le travail de Mr Pullman, dont la base rappelle "Le paradis perdu" de Milton, ressort par son inexcusable niveau de perfectionnement. En 2002, "Le Miroir d’Ambre," le roman final de la trilogie, devient le premier livre jeunesse à gagner les 45 milles dollars du prix Whitbread du meilleur livre de l’année en Grande-Bretagne. (Le premier volume de la série, "Northern Lights" - appelé "The Golden Compass" aux Etats-Unis – a été publié en 1995. Le second, "The Subtle Knife", publié en 1997 et "The Amber Spyglass" en 2000.) Si les aventures d’Harry Potter ont séduit les adultes (et pas seulement les lecteur de fantastique) et intéressés à la possibilité de mondes sans fin, "A la Croisée des Mondes" leur a rappelé que les meilleurs livres jeunesse sont de la littérature de haute qualité.

« Peu de travaux récents ont réussi plus abondamment que la trilogie de Philip Pullman en accomplissant la première chose que nous demandons d’une œuvre d’art, » a écrit Alastair Macauley dans le Financial Times. Dans le Daily Telegraph, le critique Charles Spencer a dit que les livres de Mr Pullman surpassent l’évidente comparaison avec la série Harry Potter. « Tandis que les livres de J.K. Rowling à propos d’un garçon sorcier semblent de plus en plus dérivés et ridiculement longs, la magnifique trilogie de Philip Pullman "A la Croisée des Mondes" offre des heures de merveille subjuguée et des soudains moments de profonde émotion qui nous coupent le cœur comme le plus subtil des poignards, » a écrit Mr. Spencer.

Mr Pullman, ancien professeur d’école, a longtemps eu une impressionnante réputation littéraire, mais aucune de ses précédents œuvres n’a eue de succès semblable à "la Croisée des Mondes". Les idées bien arrêtées et très franc, il a défendu la littérature jeunesse comme un moyen d’exprimer des thèmes et idées qui, il argumente méchamment, sont trop grandes pour êtres dépeintes dans les fictions pour adulte. Il a également été un énergique partisan de ce qu’il appelle la République des Cieux, dans laquelle la vie est vécue pleinement car il n’y a rien de mieux – aucun espoir de s’attendre à une vie après la mort. Du même coup, il a critiqué "les chroniques de Narnia" de C.S. Lewis pour ce qu’il a dit qui créé les dissensions dans le message chrétien, dans lequel ceux qui s'accrochent avec trop d’enthousiasme au monde physique sont destinés à l'enfer. (Mr Pullman a de la chance de ne pouvoir faire face, d’une certaine manière, à Lewis, qui est mort en 1963 : l’année prochaine, la BBC commencera à tourner le premier de cinq films basés sur "les chroniques de narnia", avec Andrew Adamson ("Shreck") comme réalisateur.)

Les livres de Mr Pullman, à leur tour, ont déjà été condamné ici par des chœurs de groupes religieux : le Catholic Herald les décris comme étant « vraiment la substance des cauchemars » ; l’Association des Enseignants Chrétiens a récemment dit que les adultes devraient réfléchir soigneusement avant de laisser les enfants les lires.

« Nous ne voulons pas de ce livre sur les étagères des écoles primaires, » a dit Rupert Kaye, le chef de ce groupe, dans une interview. « C’est une chose de dire ‘L’Eglise a fait des choses terriblement mauvaises et je vais les dévoiler à la lumière du jour,’ et c’en est une autre d’avoir un livre dans lequel chaque personnage chrétien est mauvais ou égoïste ou affamé de pouvoir. »

Mr Pullman a dit dans une interview que malgré qu’il ait de forts sentiments concernant la religion, les lecteurs devraient tirer leurs propres conclusions de ses livres. « Si j’avais dit, ‘C’est la seule façon de le lire,’ je serai moi-même dans la même position que les évangélistes – c’est à dire, dire aux gens comment lire et que penser, » dit-il. « la dernière chose possible que je voudrais être sur terre – à l’unique exception de pédophile – c’est Gourou. Je ne travaille pas pour faire ça. Ce que je fais c’est raconter une histoire. »

Nicholas Hytner, directeur artistique du National Theatre, a connu « A la Croisée des Mondes » sur les recommandations d’un collègue. Impatient avec les pièces de théâtre standard pour enfants comme "The Wind in the Willow" (une production qu’il avait dirigé il y a quelques années), Mr Hytner cherchait des projets basés sur des livres contemporains pour jeunes adultes.

« Ce qui m’a semblé immédiatement adaptable ce sont les séries archétype, hautement émotives de conflits familiaux, que j’ai pensé être puissantes et spectaculaire et qui tiendrais en haleine un théâtre plein de monde, » a dit Mr Hytner de la trilogie.

Cela a pris 18 mois d’atelier et de réécriture pour le metteur en scène, Nicholas Wright, pour réduire les 1 300 pages d’à "la Croisée des Mondes" en un scénario faisable. L’un des principaux problèmes de la pièce est comment représenter les daemons des personnages ; la solution était d’engager le concepteur de marionnettes Michael Curry, qui a collaboré avec Julie Taymor sur "The Lion King". Les marionnettes daemon – un singe doré traître pour la mère de Lyra ; un léopard des neiges hautain pour son père ; une collection d’oiseaux pour les professeurs d’Oxford ; des reptiles pour les membres de la hiérarchie de l’Eglise – sont manipulées, sur le modèle Bunraku, par des acteurs habillés en noir. La pièce, réalisée par Mr Hytner, emploie 30 acteurs et comporte 110 vertigineux changements de décors bien utilisés sur la scène tournante du National’s Olivier Theatre.

La production sera de retour au National en décembre prochain pour une nouvelle course de quatre mois ; la complexité de la mise en scène rend fortement improbable que "His Mark Materials" soit transféré dans un autre théâtre, a dit Mr Hytner. Mais quand elle reviendra, elle sera légèrement modifiée. Les critiques ont été mélangées, avec plusieurs critiques félicitant l’ambition de Mr Hytner mais concluant que la pièce échoue à capturer la magie des romans. En général, il apparaît que les critiques n’ont pas réussies à refroidir la passion soutenue de l’actuel public. Malgré sa longueur, la production a attirée un grand nombre d’enfants qui pouvaient être vus entrain d’expliquer les points cruciaux du récit à leur parent pendant les entractes.

En attendant, Mr Pullman travaille sur un livre pour enfants sans aucun rapport, "The Scarecrow and his servant" [NDLT: L’épouvantail et son domestique], qu’il compte finir pour la fin de l’année. Mais il n’a pas quitté "His Dark Materials" - cette phrase provient du "Paradis Perdu" - pour autant. (il a recemment publié "Lyra’s Oxford", un petit livre contenant une courte histoire à propos de l’héroïne de la trilogie, et il travaille sur "the Book of the Dust".) il reçoit tellement de courrier maintenant que lui et son épouse, travaillant ensembles dans leur maison d’Oxford, consacrent deux journées par semaine pour répondre à tous.

Plus tôt ce mois-ci, Mr Pullman a été interviewé – devant un théâtre complet pour une nouvelle représentation – avant le levé de rideau sur la seconde partie de "His Dark Materials." Il a répondu aux habituelles questions à propos d’où il tire ses idées et quelle sorte de daemon il aimerait avoir (une pie ou un choucas, répond-il, « un de ces oiseaux qui volent les choses brillantes »).

Il n’a pas évoqué la mort, bien que ce soit un principal aspect de sa formidable œuvre. En effet, tous les critiques qui n’ont pas aimé la pièce ont adoré les scènes qui se passaient dans le Monde-prison des Morts, où les défunts opprimés et souffrants sont doucement libérés dans le monde extérieur, où ils ont ressenti un moment d’indescriptible extase avant de se dissoudre avec reconnaissance dans la terre et l’air.

« C’est stupéfiant comme il intransigeant en présentant aux enfants une mythologie de la mort alternative, » a dit Mr Hytner, « comment il a trouvé une sévère consolation dans la notion que la mort est la mort et que la plus horrible chose possible, la plus désespérante, est qu’il y a une sorte de vie après la mort. C’est excitant de voir des enfants de 9 ou 10 ans rivés à leur fauteuil et se sentant probablement soulagés par la notion d’oubli. »
Cet article a été traduit par Cittàgazze.com. Si vous souhaitez utiliser l'article sur votre site, intégralement ou non, veuillez s'il vous plait faire un lien vers Cittàgazze.
Nef :)
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Message par Zeff »

Félicitation Nef :-D ! Quel travail! J'essaierais d'en faire plus la prochaine fois ^^!
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Arabella
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Message par Arabella »

Excellent article, on apprend pas mal de choses :)
Voici plus de mille ans que la triste Ophélie
Passe, fantôme blanc, sur le long fleuve noir.
Voici plus de mille ans que sa douce folie
Murmure sa romance à la brise du soir.
Sally
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Message par Sally »

Oui, c'est intéressant ! :)
Au fait, il me semble qu'il y a des ressemblances entre le passage dans le monde des morts et le mythe d'Er le pamphylien, à la fin de la République de Platon, mais je puis me tromper... :pensif:
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