
@Haku : Le royaume de Kensuké a été un grand coup de cœur quand j'étais collégienne. Je me souviens avoir noté scrupuleusement dans un cahier tous les mots de japonais présents dans le bouquin, car ma passion Japon existait déjà à l'époque. Et je garde également un beau souvenir de l'histoire. Les bouquins qui m'ont marqué au collège au point que je m'en souvienne encore sont plutôt rares, et celui-ci en fait partie !
- Le chant d'Achille, Madeline Miller : Il y a quelques mois je vous ai parlé avec enthousiasme de Circé, autre roman de l'autrice, racontant la vie de Circé du point de vue de cette dernière, un savoureux roman qui nous plonge dans la mythologie grecque. Eh bien j'ai lu récemment cet autre roman de l'autrice autour de la mythologie grecque, et cette fois-ci autour du mythe d'Achille. C'est par les yeux de Patrocle que nous voyons son histoire, et c'est donc l'histoire d'Achille mais aussi et surtout celle de Patrocle. J'ai retrouvé avec plaisir les qualités de l'auteur : style d'écriture agréable, aspect poétique et contemplatif, univers bien construit, décalage du point de vue par rapport à notre façon habituelle de considérer ces mythes, envie de me replonger frénétiquement dans la mythologie grecque. Néanmoins, même si j'ai éprouvé un vif plaisir en lisant ce roman, il ne m'a pas autant passionné que le premier, pour deux raisons. Déjà, je trouve que le rythme est géré d'une façon étrange, avec des passages très rapides (la guerre de Troie ne représente finalement pas tant de pages que ça dans le bouquin, au regard des dix années de vie qu'elle lui a pourtant coûté), d'autres extrêmement lent, au point d'être parfois légèrement ennuyeux. Le rythme très lent se comprenait dans l'histoire de Circé, qui s'étire sur des siècles, mais difficilement pour Achille et Patrocle, qui ne dépasse pas 30 ans. Ensuite, je trouve qu'on a des difficultés à comprendre le changement de personnalité d'Achille vers la fin, et certaines scènes sont vraiment, étranges, comme celle du duel avec Hector. Mais dans l'ensemble, ça reste un beau moment de littérature.
- Tamango, Mérimée : Nouvelle autour de l'esclavage, c'est simple et efficace, et en même temps on sent que des siècles ont passé car certains propos ne passeraient vraiment pas aujourd'hui, surtout dans une nouvelle se veut critique de l'esclavage.
- Mateo Falcone, Mérimée : Autre nouvelle vraiment chouette de Mérimée, ça se passe en Corse, c'est sur l'honneur et les bandits corses. C'est efficace et direct, et bien plaisant.
- Faites vous-même votre malheur, Paul Watzlawick : Un essai présenté comme une parodie des livres de "développement personnel", l'objectif étant dans celui-ci de développer non pas son bonheur, mais son malheur. A travers une approche humoristique et parodique, l'auteur livre donc un petit livre de vulgarisation autour des mécanismes du malheur, et donc du bonheur. C'est pas mal, distrayant et en même temps ça permet de prendre du recul sur certains de nos comportements.
- L'Alchimiste de Khaim, Paolo Bacigalupi : Chouette roman très court de fantasy, qui raconte l'histoire d'un monde où, dès qu'on utilise la magie, un roncier mortel et indestructible se développe. Des villes entières ont été englouties, les réfugiés arrivent par milliers dans la cité de Khaim, où se déroule l'histoire. Ici, la magie est interdite et réservée à la municipalité, mais tout le monde la pratique discrètement. Nous suivons un alchimiste qui tente de trouver une solution pour détruire le rosier, ce qui permettrait alors à tout le monde de pratiquer la magie sans tuer le monde. C'est un roman très court, dans lequel on retrouve le talent de Bacigalupi pour planter un décor et une intrigue. Intrigue qui, d'ailleurs, ressemble fort à une métaphore de l'écologie.
- La place, Annie Ernaux : Mon premier roman de cette autrice =D Elle y raconte, suite au décès de son père, la vie de ce dernier et leur éloignement progressif, au fur et à mesure qu'elle grandissait et qu'elle entrait dans le monde bourgeois, si différent de celui de son enfance. Le style est volontairement simple, sans tournure littéraire, pour respecter son père, et pourtant il se dégage de ce livre une puissance, la capacité de faire ressentir toute la barrière sociale, les différentes pressions pesant sur chacun, et de remettre en contexte une époque pas si éloignées mais que l'on peine à imaginer de nos jours, tant l'évolution de la société - notamment du point de vue technique - a été rapide.
- N'oublie pas de penser à demain, Siobhan Curham : Joli roman ado où nous suivons tour à tour deux lycéens. Stevie, pas très bien intégrée dans sa classe, qui doit gérer une mère dépressive (et un père décédé), et Hafiz, jeune réfugié syrien venant d'arriver, vivant chez son oncle et sa tante et sympathisant avec Stevie. C'est le genre de livre ados-ayant-de-gros-soucis-mais-l'amitié-va-leur-permettre-de-surmonter-les-épreuves, un genre de livre que j'apprécie moyennement parce que c'est souvent un peu la même chose, mais dans le cas présent ça fonctionne vraiment bien. On croit en l'histoire de ces deux ados, elle nous touche, on rit avec eux, on comprend leur ressenti, c'est entraînant, bref, c'était une bonne surprise !