Rey, je suis preneuse de l'avis de Nico sur Les furtifs, s'il veut bien le partager avec nous et si tu veux bien faire le relais !
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Les furtifs, Alain Damasio : Comme Haku, j'attendais avec impatience de découvrir un nouveau roman de Damasio, et d'ailleurs je vous recommande d'aller (re)lire son avis sur la page précédente pour avoir un résumé, et puis je le rejoins en partie sur ce qu'il a ressenti

Sinon, c'était un grand plaisir de pouvoir s'immerger dans une nouvelle histoire proposée par Damasio, de retrouver son style, sa vitalité, son humour et également ses réflexions, politiques certes, mais également philosophiques et scientifiques.
Je vais commencer par les points négatifs, et je vais procéder sous forme de liste parce que c'est plus simple pour moi. Et je vais entrer dans le détail (et donc des balises spoils pour éviter de divulgâcher) :
* J'ai trouvé le début (je dirais les cent premières pages) plutôt fastidieux à lire, et j'ai eu une grande difficulté à entrer dans l'histoire. J'avais la sensation de lire Damasio jouant à être Damasio, comme si sa façon d'écrire n'était plus son style, mais une caricature de son style. Pour une autre raison, j'ai également trouvé la fin assez décevante : longuette, on sent que l'auteur ne veut pas quitter ses personnages et...ça épilogue longuement, sur 30/40 pages.
Après la mort de Lorca, en fait.
* Le personnage de Toni-Tout Fou était trop caricatural pour être crédible, j'avais l'impression de lire une caricature.
* Il y a un très gros problème de cohérence sur un détail, mais un détail important, et ça m'a beaucoup énervé :
Le fait que Sahar refuse de mettre l'anneau, dernière phrase du chapitre après tout un débat tendu entre les personnages, et pouf, chapitre suivant, 3 mois se sont écoulés, ils sont entrés en contact avec Louise et elle porte l'anneau. WHAAAAAAT ?! J'ai attendu en vain une explication qui n'est jamais arrivée.
. Ceci m'amène à un autre regret, les ellipses, nombreuses et nécessaires, certes, mais parfois j'aurais aimé avoir le détail de certains événements simplement évoqués mais jamais racontés car un saut de 3 mois vient d'être fait. Franchement, parfois, c'était frustrant !
* Autre détail qui m'a agacé :
Tout le chantage de Lorca en mode "si on veut retrouver notre fille il faut qu'on se remette ensemble" et le fait qu'en plus, la suite de l'histoire lui donne raison, ça m'a bien saoulé -_- Même si je comprends la crédibilité de cette hypothèse étant donné que Tishka, en tant qu'enfant, souhaite que ses parents se remettent ensemble, vraiment, j'ai trouvé ça pénible.
* Pour finir, concernant le phénomène des furtifs,
je n'ai pas trop aimé le fait que tous les phénomènes considérés comme "poétiques" [je cite le bouquin] comme le vent sur l'eau, la neige se retrouvent en fait être des furtifs, et non de simples phénomènes météorologiques/physiques. Je regrette vraiment ce choix d'étendre à ce point ce que recoupe les furtifs, parce que ça fait un peu comme si tout ce qui n'était ni humain, ni animal, ni végétal, serait finalement furtif...dommage, dommage, ça gâche un peu cette invention pourtant vraiment stylée.
Et du côté des points positifs, je tiens à dire que :
* Le concept des furtifs est une super bonne idée, et toutes les réflexions abordées au travers de cette bestiole sont passionnantes.
* J'ai adoré suivre Lorca et la meute dans leurs hypothèses, leurs tâtonnements, leurs recherches...ça m'a donné l'impression de suivre dès le début une nouvelle découverte scientifique, et tout ce qu'elle implique ensuite de recherche, d'erreurs, de réajustement, d'hypothèses, etc. C'est vraiment très bien fait dans le bouquin, et c'est un chouette rappelle de comment la science fonctionne.
* Hormis Toni, j'ai trouvé l'ensemble des personnages principaux et secondaires-mais-pas-si-secondaires attachants, et, de façon général, tout ce monde alternatif dépeint au fil du livre donne envie de tout plaquer pour aller construire une ZAG

Contrairement à Haku, je n'ai pas trouvé si lourd que ça le côté réflexion politique, il n'est pas plus important que dans la
Zone du Dehors. Par contre, j'ai regretté le fait qu'on se trouve rarement au cœur des discours (ce qui était le cas dans la Zone où on avait droit à des pages de discours enflammés), mais qu'on se retrouve plutôt face à des infos de seconde main (résumés médiatiques, punchlines sur les réseaux sociaux...), même si cela aussi fait partie de la critique. Tiens, truc amusant puisque je parle de la Zone, on voit vraiment l'évolution entre les deux ouvrages, c'est dingue...
Les furtifs montre vraiment le chemin parcouru par l'auteur après toutes ces années, poursuit les réflexions commencées, corrigent certaines choses aussi, c'est, dans un sens, une sorte de prolongation/suite (même si en vrai pas du tout, hein). Par exemple, alors que dans la Zone on avait l'impression que les personnages ne vivaient que pour la politique, et le reste de leur existence n'était que rarement abordé, là on sent que les personnages sont plus réalistes, car leurs convictions politiques ne prennent pas le pas sur tout, elles s'imbriquent avec le reste de leur existence, qui nous est présenté. D'ailleurs, c'est un problème personnel qui amène Lorca à commencer cette quête (la recherche de sa fille disparue).
* La plume de Damasio, quand il ne donne pas l'impression de jouer à être lui-même, est toujours aussi plaisante à lire, d'une qualité exceptionnelle, pleine de vie, de jeux de mots, de réflexions denses et prenantes, de travail sur la langue. Il y a également des scènes d'une intensité émotionnelle très très élevée
comme la mort de Lorca.
Bref, morale de l'histoire, malgré un début difficile, et quelques trucs pénibles au fil de ma lecture, j'ai éprouvé un réel plaisir à lire ce Damasio. Pas la révélation de La horde ou de La Zone, c'est sûr, mais il restera gravé dans mon souvenir, c'était un travail de très grande qualité et je vous le recommande beaucoup

Et je ne vais pas me relire parce que j'écris déjà cette critique depuis trente minutes, j'espère quand même que c'est clair !
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Chien du heaume, Justine Niogret : Mon premier Justine Niogret, enfin ! =D Eh bien je suis fascinée. L'histoire se déroule à l'époque médiévale et nous suivons Chien du heaume, une femme mercenaire qui cherche à découvrir son identité et son passé, dont elle ne se souvient plus. J'ai bien apprécié la plume de l'autrice, très agréable, le petit lexique très amusant à la fin du livre, et surtout, l'ambiance. Ce livre repose principalement sur l'ambiance tissée au fil des pages, presque angoissante parfois, toujours à mi-chemin entre le réel et le surnaturel. C'était une belle plongée, et j'espère avoir vite l'occasion de lire les autres romans de cette autrice
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L'Amour est une région bien intéressante, Anton Tchékov : Il s'agit d'un carnet de voyage retraçant la traversée de la Sibérie que Tchekov a effectuée pour se rendre au bagne de Sakhaline (pas en tant que prisonnier, mais en tant que visiteur/observateur). Le livre est donc composé de lettres qu'il envoyait à ses proches pendant le trajet, et de plusieurs articles destinés à être publiés dans une revue.
Alors, les carnets de voyage c'est pas trop mon truc à la base, mais c'était quand même intéressant car on découvre la façon dont il fallait voyager à l'époque. Même de nos jours, la Sibérie ne doit pas être un endroit très simple pour voyager, mais lorsque Tchékov s'y rend, ça l'est encore moins, et ça fait prendre conscience du grand confort dont on jouit de nos jours lorsque l'on voyage xD
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Le sel de nos larmes, Ruta Sepetys : Roman ado' autour du naufrage du Wilhelm Gustloff (plus de mort que le Titanic), un navire de réfugiés allemands/prussiens coulé en 1945 par l'armée soviétique. Roman historique donc, dans lequel nous suivons quatre adolescents (deux filles, deux garçons) dont les chemins vont être liés, trois jeunes réfugiés qui veulent embarquer sur un des navires pour fuir suite à l'arrivée de l'armée soviétique en Prusse Orientale et un ado' recruté par la marine nazie et chargé de préparer le Wilhelm Gustloff.
C'est le second roman que je lis de cette autrice américaine d'origine lituanienne et, encore une fois, c'est un travail de qualité, bon dosage entre fiction et apport historique, qui nous apprend plein de choses sur un événement dramatique méconnu dans l'histoire de la seconde guerre mondiale. Le roman est simple à lire et prenant. Deux reproches cependant, le premier concernant les deux personnages principaux masculins : autant les filles sont plutôt travaillées, autant les garçons sont des archétypes ennuyeux au possible (le jeune héros ténébreux et le sociopathe de base qui fait pitié). Le second concerne le suspens concernant le devenir de nos quatre protagonistes, et le fait qu'on devine assez vite, en analysant comment l'autrice parle d'eux, qui va mourir et qui va survivre.
Sinon, pour finir sur une note positive, à la fin l'autrice explique un peu sa démarche pour écrire ce bouquin (3 ans de travail préparatoire, avec des voyages, des rencontres avec des survivants et des chercheurs, etc.) et indique les documents sur lesquels elle s'est appuyée. Appréciable
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La joueuse de go, Shan Sa : C'est marrant, c'est un livre que j'ai lu il y a quelques années, adolescente je crois, et dont je ne me souvenais plus beaucoup. Mais, dixit mon compte SC, je l'avais beaucoup aimé. Eh bien, ça a quelque peu changé depuis :/ En terme d'écriture, j'ai trouvé ça assez basique, des phrases très courtes qui cassent un peu l'émotion de certaines scènes. Les personnages ne sont pas attachants. Le contexte historique est très intéressant, par contre. Mais toute l'intrigue autour des personnages m'a laissé plutôt indifférente, et puis, il n'y a pas tant de scènes de go que ça, et c'est pour cela que je le relisais T_T