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La musique dans A la Croisée des Mondes
La production du film nous a offert en avance un cd de la musique du film. Nous vous invitons ainsi à découvrir notre critique de la musique. Une fois le disque disponible à la vente, nous vous proposerons quelques extraits audios.

Critique par Min :

Cette BO est pour moi une réussite. Tout à fait nuancée, délicate ou épique, la musique est dans tous les cas soignée et travaillée. Cependant, l'appréciation de certains thèmes augmentera après plusieurs écoutes, car quelques extraits qui peuvent ne pas paraître accrocheurs à la première écoute sont travaillés tout en subtilité, recherche de timbres et mélange d'effets et de thèmes, qui se révèleront naturellement et qu'on apprendra à reconnaître une fois ceux-ci dans l'oreille.

Desplat joue avec ses thèmes de façon très organisée et bien vue. Prenons par exemple le thème de la Poussière : un motif de cinq notes, que nous retrouvons simple, épuré, puis prenant de plus en plus d'ampleur, sur le court morceau du même nom, Dust. Ce motif, orchestré de manière féerique, délicate, sibylline, est réemployé sur d'autres pistes en rapport avec celle-ci, comme celle de l'aléthiomètre, Golden Compass, ou de l'Intercision, entre autres.

Le thème principal, énoncé pour la première fois dans le flamboyant Sky Ferry - dont l'introduction rappelle celle de "What's this" de Danny Elfman - évoque à la fois l'héroïsme, les voyages et les grands espaces, comme il est de mise pour ce type de mélodie.

Dans sa BO, Desplat fait une utilisation très fréquente de la harpe, soit lors de morceaux parsemés de glissandos, comme dans Lee Scoresby's Airship Adventure, mélodie très aérienne, croissant jusqu'à un final éclatant et scintillant, soit lors d'accompagnement de premier plan, tel le thème de Iorek Byrnison, brièvement analysé plus loin.

Il y a parfois utilisation d'instruments moins courants, comme ceux qui produisent ce son si particulier en fond du thème de la Poussière, bols chantants tibétains, ou ceux utilisés pour le thème de Lord Faa et des Gitans en général, une kyrielle d'instruments exotiques variés.

Lyra a plusieurs thèmes associés à elle, dont un léger et innocent, qui est d'abord, entre autres, entendu dans Lyra, Roger and Billy. Ce morceau, accompagnant la première apparition des enfants, est une scène tout à fait guillerette et virevoltante.

Un autre thème, plus gracieux et mature, est celui que l'on peut entendre, parmi d'autres apparitions, dans toute sa splendeur à la fin de Battle with the Tartars, morceau dont la première partie est absolument différente de cette dernière, et justifie le titre, avec de martelantes percussions, des cordes bourdonnantes, des cuivres claironnants, le tout dans un crescendo de tension et d'épique.

Lyra a encore un autre thème qu'elle partage avec Iorek, que l'on entend sur Riding Iorek, au sommet de l'épique - lorsqu'on voit en plus les images, le complément des deux est à donner des frissons - et qui intervient également au cours de Iorek's Victory dans une version plus intimiste, à la flûte.

Le thème de Iorek, tel qu'il est orchestré dans Iorek Byrnison, peut surprendre, en ce qu'il est de tempo lent et de nuance modérée, soutenu quasiment tout le long par des arpèges de harpe. Le motif en lui-même est joué au cor d'harmonie, en sourdine pour ce passage, et en fortissimo héroïque au début de Iorek's Victory.

Celui de Ragnar Sturlusson est une mélodie sobrement et sombrement énoncée aux pianos, d'un dépouillement et d'une résonance angoissants.

Le thème de Mrs Coulter reprend tout à fait les deux principales caractéristiques du personnage, il est ainsi à la fois envoûtant et inquiétant. Envoûtant par ses arpèges de harpe, ses petites notes cristallines, ses violons chantant mais qui laissent tout de même un soupçon d'inquiétude ; inquiétant par ses arrière-plans et contre-chants (mélodie ajoutée en réponse derrière le thème principal) de cuivres, graves, voire menaçants.

J'ai laissé quelques pistes de côté dans cette critique, étant soit des morceaux m'ayant moins marqué, soit reprenant des thèmes déjà détaillés ci-dessus, et je finirais par l'Epilogue.

Celui-ci, condensé de plusieurs thèmes, débute après de délicats accords de harpes, par le thème principal exposé doucement, puis est suivi par celui de la Poussière, pour enchaîner ensuite avec un cours passage du thème du Magisterium (doucement sinistre) et de celui de Lee Scoresby, et arriver enfin sur le gracieux et héroïque thème de Lyra, prenant de plus en plus d'ampleur jusqu'au final.

Pour conclure, voici là une bande originale soignée, diversifiée, travaillée, et qui gagnera en compréhension et en saveur au fur et à mesure des écoutes. Desplat, avec celle-ci, nous charme, nous transporte, et a brillamment su recréer en musique l'univers de Pullman, dans toute sa variété, sa profondeur et sa subtilité. Car s'il y'a quelques thèmes épiques, la partition sait aussi se faire douce, paisible, féerique. Transposer cet univers en musique demandait de l'originalité, un savant dosage entre délicatesse et héroïsme, avec cette BO, c'est chose faite.




Critique par Anne-Emmanuelle

La Bande Originale du film A la Croisée des Mondes : La Boussole d'Or est tout à fait adaptée au genre Fantasy. La formation symphonique avec piano et choeur (qui cependant n'a aucune parole et ne sert que pour l'harmonie et le timbre) permet en effet de traiter sans difficulté autant le registre épique que les passages plus calmes et posés.

Alexandre Desplat nous a offert une musique que je qualifierais de conventionnelle, sans que le terme soit pour autant péjoratif. En effet, lorsqu'on compare cette Bande Originale avec les différents films du même genre sortis ses dernières années, on constate que la musique est tout autant descriptive et que l'on peut sans problème deviner, en écoutant, ce qu'il s'y passe.

Quant aux procédés musicaux mis en oeuvres, Alexandre Desplat a fait une grande utilisation de la harpe au cours des passages calmes, des percussions, des cuivres ou de l'orchestre symphonique au grand complet au cours des passages épiques.

 

Avant de décrire plus précisément les différents titres composés par Alexandre Desplat, je voudrais revenir sur la dernière piste de la Bande Originale : la chanson Lyra, composée et interprétée par Kate Bush. Personnellement, elle n'est absolument pas dans mes goûts musicaux et il m'est donc difficile de juger objectivement. En essayant de faire abstraction de mes goûts, je trouve cependant qu'elle ne va pas du tout avec le reste du film, qu'elle n'est pas dans l'ambiance d'un film de fantasy, qu'elle est plate et ne rend pas bien hommage au caractère bien trempé de Lyra.

 

Mais revenons à la composition d'Alexandre Desplat. Certains thèmes musicaux reviennent régulièrement au cours de la bande originale. Ainsi, le thème de la Poussière est constitué de 5 notes qui, sur différentes tonalités, reviennent tout au long des morceaux concernant la Poussière. Ainsi, on trouve tout d'abord le thème au début de la piste The Golden Compass, puis tout au long du morceau Dust (dont la traduction française du mot est Poussière), dans Intercision, et enfin dans Mother, qui intervient juste après Intercision, et doit donc correspondre au moment où Lyra est sauvée par sa mère à Bolvangar.

On découvre ainsi avec ce thème les sons aériens des bols chantants tibétains.

 

Un second thème composé de quelques notes également revient dans les titres Mrs Coulter, Lord Asriel et Ragnar Sturlusson. Cette fois, ce thème est joué au piano, avec les violoncelles et contrebasses jouant dans les graves en dessous, pour renforcer le côté grave de ces personnages. Puis il est repris en variations par les instruments de l'orchestre. Ce thème inquiétant peut représenterla puissance et la gravité du personnage.

 

Autre comparaison fort intéressante, et tout à fait logique, nous pouvons noter le thème commun des arpèges ascendants à la harpe pour Mrs Coulter et The Golden Monkey (traduction : Le Singe Doré)

Par ailleurs, Mrs Coulter est une musique à double tranchant, reflétant bien les deux facettes du personnage : de calme et légère au début, avec un thème insouciant, elle devient de plus en plus sombre, en reprenant le thème au piano décrit précédemment. Il y a une tension perceptible, on a l'impression que cela va sans cesse exploser. Et effectivement, une brusque explosion surprend, puis se calme en quelques secondes, après un roulement de tonnerre des contrebasses. La double personnalité de Mrs Coulter est ainsi, je trouve, très bien décrite par Alexandre Desplat.

Encore plus inquiétant, la pièce The Magisterium est très sombre, et on a une note redondante dans l'extrème grave du piano. Et quand le piano n'est pas présente, les dissonances entre instruments crée un malaise

 

A l'inverse, Lyra, Roger and Billy est un thème très rafraichissant, avec des intervalles typiquement orientaux. On sent le jeu et les rires à travers le rythme piqué et léger, les pizzicatos des instruments à cordes, les broderies des vents. C'est un plaisir que d'écouter ce morceau, on se demande ce qu'on verra sur l'écran pour cette musique !

 

Considérons à présent les morceaux épiques. Bataille, fuite éperdue, vol en ballon, voilà de quoi avoir de jolies musiques rythmées et descrivant ce qu'il se passe ! Ainsi, Lyra Escapes décrit fort bien l'urgence, la course, par des rythmes rapides et aigus au violon, de grands éclats aux cimbales, pour ensuite revenir à un calme plus relatif. Lyra est donc hors de danger et peut reprendre son souffle. La fin de Lee Scoresby's Airship est également très rythmée. Riding Iorek (Chevaucher Iorek) est également très imagée. Tout d'abord, le plaisir de la vitesse, de la chevauchée, puis le vent terriblement froid qui souffle dans le Grand Nord, une attente tendue, puis le calme. Mais c'est surtout dans Ice Bear Combat que l'orchestre symphonique au grand complet se déchaine dans un grand fortissimo. L'action est décrite par un grand nombre de notes rapides, exprimant les mouvements et l'enjeu de ce combat à mort. La mort de Ragnar Sturlusson est d'ailleurs très bien décrite, dans une rapide envolée aigue, rappelant le moyen employé par Mozart dans Don Giovanni pour faire mourir le Commandeur d'un coup d'épée. La victoire obtenue, dans Iorek's Victory, est grandiose. Roulement de tambour, puis musique profondément digne, on sent la royauté, la puissance.

 

Autres combats, Samoyed Attack et Battle with Tartars. De nouveau, comme dans Ice Bear Combat, on retrouve une description en musique d'un champ de bataille par la présence des mêmes moyens musicaux. On entendrait presque les coups, portés par les percussions et les cordes.

 

Avant de conclure, j'ajouterais un mot sur quelques unes des pistes encore non décrites.

Serafina Pekkala est aussi aérien que la sorcière. Sur un tapis discret, un thème doux et lent reprenant une variation du thème de la Poussière présenté dans Dust, le reste est fait à la harpe et à la flûte.

Iorek Byrnison, contrairement à ce que l'on pourrait penser, est dans la continuité de Serafina Pekkala, excepté sur la fin. Très calme, posé, on en oublierai presque qu'Iorek est un ours puissant. C'est sans doute l'ours déchu qui prédomine. Les dernières secondes sont en revanche bien plus sonores, rythmées. L'ours montre toute sa force !

Lord Faa, King Of The Gyptians, tout en restant dans le même esprit que les précédentes, est plus étrange. L'ensemble est tout de même calme, posé, noble. Comme il sied à un roi.

 

Les autres musiques sont moins caractéristiques d'une action particulière, sans pour autant être moins belles. Simplement elles parlent moins à un auditeur qui n'a pas vu le film.

 

L'Epilogue referme cette Bande Originale en reprenant différents thèmes déjà employés, et notamment celui de la Poussière. Ce dernier titre est à l'image de tous les précédents et comprend de nombreuses références au reste du film. L'orchestre laisse parfois la place au piano, et on trouve également quelques discrètes percussions et de la harpe, instruments dominants tout au long du film. C'est un excellent résumé des moyens musicaux mis en oeuvre, tout en restant calme et sans éclat.

 

En conclusion, cette Bande Originale est très diversifiée, et chaque titre s'accorde parfaitement avec le sujet traité. Les moyens musicaux employés sont toujours justes, et après plusieurs écoutes, on parvient à faire le lien entre les différents thèmes employés, les personnages correspondants à ces thèmes souvent épurés et repris en variations.

Alexandre Desplat a donc parfaitement réussi le challenge de mettre en musique l'univers créé par Philip Pullman, traitant tout aussi bien les passages épiques que ceux nécessitant plus de profondeur et de délicatesse.


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