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Pullman pour le NaNoWriMo :.
Lundi 17 Novembre 2008 - 11:46:03 par Haku - Détails - article lu 2136 fois -

6 novembre 2008


Cher auteur de NaNoWriMo,


Vous avez commencé un long voyage. Bravo pour votre résolution et votre ambition! Et la première chose dont vous devez vous souvenir est qu’un long voyage ne peut pas être pris comme un sprint. Prenez votre temps.


La seconde chose dont il faut se rappeler est que si vous voulez finir le voyage que vous avez entrepris, il vous faut ne pas vous arrêter sans cesse. L’une des choses les plus dures avec un roman est d’arrêter d’écrire pour un temps, accomplir une autre tâche, remplir ses engagements ou quoique ce soit d’autre, pour reprendre exactement là où vous l’avez laissé afin de le continuer comme rien n’était arrivé. Vous aurez changé ; l’histoire aura dévié comme un bateau dont les moteurs seraient à l’arrêt et qu’aucune ancre ne maintiendrait en place ; quand vous revenez à bord, il vous faut faire chauffer le moteur, remettre en mouvement l’immense masse dans l’eau, rectifier votre position, vérifier les indications de la boussole, et virer précautionneusement pour se remettre sur la bonne route… Toute cette énergie gaspillée pour faire quelque chose qui n’aurait pas été nécessaire si vous ne vous étiez pas arrêtés !


Mais une fois que vous avez établi un rythme de travail quotidien, vous le trouverez énergisant et suffisant en lui-même. Même quand ça ira mal. C’est un phénomène étrange, mais je l’ai remarqué à de nombreuses reprises : une mauvaise journée de travail est bien meilleure qu’une journée sans le moindre travail. Au moins, si vous avez écrit 500 mots, ou 1000, ou quelque soit le taux quotidien qui vous va au mieux, ce sont déjà des mots sur lesquels vous aurez matière à travailler plus tard. Et quand vous les reprendrez un mois plus tard, ou à n’importe quel autre moment, vous les trouverez souvent pas si mal que ça.


La question que l’on pose plus que toute autre aux auteurs est de savoir d’où ils tirent leurs idées. Et l’on trouve tous une façon de répondre que nous espérons être ni arrogante, ni décourageante. Ce que je réponds en général, c’est « Je ne sais pas d’où elles viennent, mais je sais où elles vont : elles vont sur mon bureau, et si je n’y suis pas, elles s’en vont ». C’est juste un moyen de mettre en valeur l’importance du travail régulier.


Savez-vous quelle est la page la plus difficile à écrire dans un roman ? C’est la page 70. La première page est simple : c’est excitant, c’est nouveau, c’est un monde entier qui se présente devant vous. La dernière page est facile : vous y êtes enfin, vous savez ce qui va se passer, tout ce que vous avez à faire est de trouver une phrase qui ait une résonance de conclusion. Mais la page 70 est là où ça fait mal. Toute l’excitation initiale s’est évaporée, vous commencez à découvrir tous les horribles problèmes que vous vous êtes imposés, vous êtes terriblement conscient de l’infime taille de votre talent comparée à la monumentale ampleur de la tâche que vous avez entreprise, c’est là que vous avez envie d’abandonner. Lorsque j’ai atteint la page 70 de mon tout premier roman, j’ai pensé : je ne vais jamais le finir, je ne le ferai jamais. Mais l’entêtement a pointé, et je me suis dit : si j’arrive à la page 100, ce sera un pas de fait. Si j’y arrive, je pense que je peux mener les choses au bout, peut importe ce que cela signifie. Et 100 pages, ce n’est que 30 pages de plus, et si j’écris trois pages chaque jour, je peux y parvenir en dix jours… Alors pourquoi n’essaierais-je donc pas de faire ça ? Et je l’ai fait. C’était un roman médiocre, mais je l’ai fini.


La dernière chose que j’aurais à dire à quelqu’un qui souhaite écrire un roman n’est en fait pas un conseil, mais une question. Et elle est : êtes-vous un lecteur ? Chaque romancier que je connais – tout romancier dont j’ai entendu parler – est, ou a été, un lecteur acharné. Je ne doute pas que quelqu’un avec de la détermination et de l’énergie, mais qui ne lit pas pour le plaisir, qui ne lit que des informations, pourrait écrire un roman si il s’y mettait et suivait quelques règles et instructions ; mais serait-ce digne d’être lu ? Donnerait-il du plaisir derrière un canevas calculé mécaniquement ? J’en doute. Les romans qui perdurent et qui plaisent aux lecteurs sont écrits car le romancier est gorgé du plaisir et de la joie sans fin venant quand on se frotte à des personnages imaginaires – avec une histoire ; et ce phénomène commence toujours par la lecture ; et si il vous attrape, il ne vous lâche plus. Ecrivez un roman si vous voulez gagner un concours, si vous voulez impressionner vos amis ou éventuellement vous faire de l’argent – faites-le par tous les moyens. Mais si vous n’êtes pas un amoureux des histoires, un lecteur passionné et dévoué, ne vous attendez pas à ce que votre roman plaise à nombre de lecteurs.


D’un autre côté, si vous aimez lire, si vous ne pouvez pas vous imaginer aller en voyage sans un livre en poche, si vous geignez, trépignez et vous sentez mal à l’aise dès lors que vous êtes sans lecture pendant trop longtemps, si votre pire cauchemar est d’être laissé sur une île déserte sans un livre – alors prenez votre courage à deux mains : nous sommes nombreux comme vous. Et si vous racontez une histoire dans laquelle vous vous impliquez réellement, nous sommes tous de potentiels lecteurs.


Bonne chance


Philip Pullman


Philip Pullman est l’auteur acclamé de la trilogie A la croisée des mondes. Pour plus d'informations sur l'auteur et son oeuvre : http://www.philip-pullman.com/



Détails
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Lundi 17 Novembre 2008 - 11:46:03
Haku
Source : nanowrimo.com
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