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Interview exclusive avec Philip Pullman :.
Jeudi 27 Mars 2008 - 21:54:52 par Haku - Détails - article lu 2150 fois -

The Times

22 mars 2008


Interview exclusive avec Philip Pullman




L’auteur de best-sellers révèle les éléments qui ont donné forme à son nouveau roman mettant en scène les premières aventures de personnages d’A la Croisée des mondes


Rosa Silverman

PHILIP PULLMAN a une nouvelle cible dans le collimateur. Après s’en être pris à l’église catholique – en signant une victoire qui n’est pas anodine, si on se réfère aux chiffres de vente de sa trilogie A la Croisée des mondes – il se tourne désormais vers un nouvel ennemi : les corporations multinationales.


Sa dernière nouvelle, Once Upon a Time in the North, en revient au décor familier de l’action de sa trilogie, l’Arctique. Mais cette fois les rennes du pouvoir sont non pas entre les mains des hauts prêtres d’une religion organisée, mais dans celles de grandes et agressives compagnies privées.


Lee Scoresby, l’aéraunaute Texan narquois créé dans A la Croisée des mondes – et désormais sur les rayons de Toys 'R' Us, où les enfants peuvent désormais trouver des figurines de La Boussole d’Or - est le héros du dernier cadeau issu de l’univers fantastique de Pullman. Emporté jusque dans le Nord par les vents de la chance, il se retrouve malgré lui embarqué dans un combat contre des personnages politiques de l’ombre, conduits par leur appât du gain et du pétrole.


La vue d’un auteur exposant des idées marxistes tout en prenant son thé de l’après-midi dans son propre club privé d’Oxford pourrait provoquer le ridicule. Mais Philip Pullman n’est pas un socialiste d’opérette. Depuis son confortable sofa du QI Members' Club, Pullman médite sur la critique géopolitique placée dans sa nouvelle histoire. “J’essaie de regarder aux implications sociales, politiques et financières de tout ce que je fais”, dit-il. “De ce point de vue je suis un Marxiste car je vois des forces économiques dans la vie de quiconque”.


Ce n’est pas la première fois qu’il place entre les lignes du socio-politique dans ses oeuvres. Avant qu’une génération de lecteurs ne tombe amoureux de Lyra Belacqua, son personnage le plus célèbre, Pullman écrivait des thrillers historiques avec une autre héroïne, Sally Lockhart. Le troisième livre du quartet victorien de Sally Lockhart, La Vengeance du Tigre, se frotte clairement au problème de l’immigration des Juifs en Angleterre après les persécutions subies en Russie. “J’ai toujours essayé d’écrire à propos d’un monde qui existe” dit Pullman – ce qui n’est pas toujours évident pour les lecteurs perdus dans les magies de myriades d’autres mondes dans A la Croisée des mondes.


Mais s’il s’est déjà aventuré en terres politiques auparavant, dans Once Upon a Time in the North il point un malaise plus actuel. Aux côtés de son antipathie évidente pour les multinationales apparaissent ses préoccupations environnementales. Le pétrole a été inséré dans le décor fictif de Novy Odense. “Ca parle de la façon inconsidérée dont nous exploitons les ressources de la Terre”, dit-il du livre. “Jusqu’à il y a 50 de cela, il était possible d’extraire du pétrole fossile du sol et de le brûler en pensant que nous pouvions le faire sans conséquence”. Ainsi donc même dans des histories de fantasy adorées des enfants, certaines de ces conséquences peuvent être explorées – mais nous sommes encore loin des polémiques à la Orwell.


Pullman est sans ambiguïté sur le fait que la fiction qui sert uniquement à porter un message n’est pas de la très bonne littérature. A la Croisée des mondes est en premier lieu et avant tout un solide canevas qui a emballé des lecteurs de tous âges. Toutes les histoires, il insiste, apprennent quelque chose ou ont une sorte de leçon, et ce parfois malgré les intentions de l’auteur. “Les histoires qui ne cherchent pas apprendre quelque chose font la promotion du conservatisme car elles se content de la façon dont sont les choses” explique-t-il.


L’accusation n’en est pas une qui peut lui être retournée. Pullman est peut-être trop occupé à écrire son prochain livre (The Book of Dust, qui devrait se concrétiser “espérons le d’ici deux ou trois ans”) afin de devenir un agitateur à plein temps, mais ceci ne l’a pas empêché de prêter son nom à une cause chère à son cœur et son foyer : une lutte contre l’homogénéisation du paysage urbain de Grande-Bretagne dans la “Bataille de Jericho” à Oxford.


Sur le site d’un ancien chantier naval dans le quartier de Jericho au nord de la ville, des promoteurs veulent construire ce qu’il désigne amèrement comme de “très laids blocks d’appartements à une ou deux chambres, qui ne sont pas pensés pour des familles ou des gens qui contribueront à la communauté ”. Le permis a été refusé et les promoteurs font désormais appel. Pullman, et la communauté qu’il surnomme affectueusement “les gens des péniches”, croisent les doigts pour obtenir une nouvelle victoire.


Ce n’est pas que de l’opposition pour le plaisir de s’opposer. “C’est un petit microcosme représentant tout se qui se passe au Royaume-Uni”, dit-il. “Ca se passe à Heathrow. On sait que le Gouvernement va renvoyer brutalement les gens de là-bas”. On doit donc s’attendre à trouver des sous-entendus politiques dans ses prochains livres, ainsi donc ? “Oh oui !” Mais clairement, le côté politique ne sera jamais qu’un aspect de ce qui le fait écrire. Ce qui vient en premier lieu est ce qu’il nomme “tout le truc sensuel ”.


Il revient à la vie quand il fait la liste de tous ces petites choses de la vie quotidienne qu’on considère comme acquis mais que la littérature peut rendre vivants et nous aider à apprécier : la sensation d’enfiler des habits humides, le goût du thé, les lumières visibles en haute altitude, le contact d’un tissu sur un autre, la vue de quelqu’un dessinant une magnifique ligne incurvée, - il dessine un arc dans l’air d’un crayon invisible. Ce sont des choses qu’il cherche à capturer quand il pose un crayon sur le papier. “Je révèle tout cela, la vivacité des choses”, dit-il avec une joie communicative.


“C’est toujours un combat que de transposer ces choses sur le papier et le langage n’est pas toujours le meilleur moyen pour les capturer” dit-il. “Mais les mots peuvent évoquer des sons et des bruits. Prenez par exemple Daffodils, de Wordsworth.” Qu’en est-il ceci dit quand il s’agit de relayer à l’écran ce qu’il nomme “la sensation du livre” ? La Boussole d’Or, le film tiré du premier volume de la trilogie, est sorti dans les cinémas britanniques en décembre, avec un casting bourré de stars. Il y a une ambivalence dans la voix de Pullman à cette évocation.


“Un tas de choses étaient très bien dedans” dit-il, menant à l’évidente question de savoir ce qui ne l’était pas. “Rien n’est parfait. Rien ne peut retranscrire tout ce qu’il y a dans le livre. Il y a toujours des compromis,” répond-t-il avec précaution.


D’ailleurs, Chris Weitz, le réalisateur, a eu à faire le film sans savoir si les second et troisième suivraient. L’adaptation n’a pas aussi bien marché que prévu aux Etats-Unis, notamment du fait d’un boycott par les membres de la droite chrétienne, qui pointaient du doigt l’aspect athée des livres.
Mais Pullman reste confiant sur le fait que les second et troisième volume fassent leur chemin jusqu’au grand écran, souhaite voir les mêmes acteurs revenir dans leurs rôles et, tout comme pour le premier film, a de façon présumée quelques suggestions à faire sur la façon dont ils devraient être filmés.


De son propre aveux fan de films (il a donné des critiques pithy de nombreux récentes sorties), il rend hommage à l’un de ses genres favoris dans Once Upon a Time. Une scène dans laquelle Lee Scoresby et le mauvais McConville se rencontre dans un échange prolongé bec et ongles est tendrement empruntée aux Sept Mercenaires. Il s’anime soudainement, se redressant dans son sofa quand il raconte la scène du western qui l’a inspiré.


Mais malgré tout son mélange de genre reconnu (le nouveau livre mélange western, conte de fée et aventures), et malgré toute la conscience géo-politique qui se trouve dans l’histoire, Pullman est aussi préoccupé par quelque chose de plus prosaïque : ses entrées et sorties bancaires.
Sa surprenante candeur à ce sujet gâche la notion que le succès ait pu le rendre complaisant. “Je veux un large public, car plus de lecteurs vous avez, plus d’argent vous avez. Et si vous souhaitez avoir un large public, il vous faut écrire distinctement et raconteur une histoire qui intéresse les gens”. Avec ceci à l’esprit, il est resté attaché à sa méthode préférée de narration dans son dernier roman : le narrateur omniscient.


Il admire le plus “les grands romanciers du XIXe”, a peu de temps à consacrer aux petites subversions pratiquées par les intellectuels modernistes et nie le fait qu’il y a beaucoup à picorer à explorer “les infinies façons de dire les choses”. Mais même pour quelqu’un restant attaché aux outils traditionnels de narration, cela devient plus difficile. “Vous comptez sur les doigts de la main le nombre de personnes qui reçoivent des critiques élogieuses en écrivant des best-sellers de nos jours" dit-il. Le seul qu’il compte sur son index levé est, c’était prévisible, Ian McEwan. “Il a beaucoup de chance” ajoute-t-il, humble.


Ses légions de fans feraient une objection. Alors qu’on quitte le club, un jeune homme apparaît et en s’excusant tend une carte de voeux vers l’homme de 61 ans habillé comme un professeur qu’il fut à une époque. Le fan expliques en bafouillant qu’un ami vient juste de nommer son bébé Lyra et demande un autographe. Le créateur de Lyra s’exécute de bonne humeur. Après tout, l’homonyme de son héroïne pourrait bien un jour participer à ses revenus basés sur le commerce qu’il aime tant.



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Jeudi 27 Mars 2008 - 21:54:52
Haku
Source : Times Online
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