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Préface au Paradis Perdu, par Philip Pullman :.
Samedi 19 Janvier 2008 - 18:37:07 par Haku - Détails - article lu 1544 fois -

Préface au Paradis Perdu, de John Milton, par Philip Pullman








Quatre cents ans après la naissance de John Milton, il vit encore, son exemple inspire toujours, ses mots ont toujours de l’écho. Le Paradis Perdu est joué au théâtre, est chanté en musique, est chorégraphié pour un ballet ; c’est un audiobook, c’est le sujet de nombre de thèses et de dissertations, et au matin même où j'écris ces lignes, je reçois une invitation à une présentation privée d’une exposition de peintures et gravures nommée La Chute des anges rebelles, dont la représentation est immanquable.


Le Paradis Perdu est une oeuvre centrale formidable, bien sûr, mais la vie de Milton le fut bien plus que Le Paradis Perdu. Il est important de se souvenir à quel point sa vie fut engagée du point de vue politique – engagée au point d’être personnellement en danger considérable : après la Restauration en 1660 il fut arrêté et emprisonné, et aurait pu craindre bien pire. Mais jamais il n’est revenu sur son attachement à la république, malgré les humeurs changeantes de l’époque, malgré la réintroduction de la censure et de la persécution des auteurs et imprimeurs connus comme ayant soutenu la cause républicaine.


IL n’était pas sans supporters. Quand il fut ordonné de brûler ses livres, la Bodleian Library à Oxford réussi à cacher ses copies de pamphlets inflammatoires tels que The Tenure of Kings and Magistrates. John Rouse, le libraire de la Bodleian, avait anticipé cet ordre des années à l’avance et s’était arrangé pour que leurs titres soient oubliés du catalogue. Une pareille dissimulation a de nouveau eu lieu plus tard en 1683, quand une panique concernant un complot visant à assassiner le Roi ébranla la Convocation, l’organisme régissant l’Université d’Oxford, la menant à interdire “tous les membres de l’Université de lire les livres concernés” et demandant à les voir brûlés dans les cours des Ecoles. Ce ne fut pas la plus belle heure de cette université, peut-être, mais ce fut peut-être l’une de celles de la Bodleian Library.


Et ce fut quand ses chances personnelles et politiques furent au plus bas – quand il était aveugle, et pauvre, sans aucune faveur officielle, veuf avec trois filles à ses dépends – qu’il commença à travailler pour ce dont on se souvient le plus aujourd’hui, et se mit à poursuivre ‘des choses jamais encore tentées à ce jour, en rimes ou en prose’ et ‘justifier les liens de Dieu envers les hommes’.


Il avait la cinquantaine et avait déjà publié de nombreux poèmes dont certains (Lycidas, L’Allegro, Il Penseroso, Comus) sont les plus savoureux des vers anglais. On se serait souvenu de lui comme un poète si il avait été exécuté sous la Restauration, et il n’aurait jamais commencé Le Paradis Perdu. Mais dans ce poème formidable, il trouva un thème et une mesure qui correspondait à la moindre fibre de son génie. Depuis la magnifique ouverture présentant les anges rebelles battus enchaînés au lac de feu, en passant par leur plan visant à traverser la terre nouvellement créée et à séduire la ‘nouvelle race nommée Homme’ ou par le superbe drame psychologique de la tentation de Satan sur Eve et ses conséquences, pour finir sur la musique triste mais résolue des lignes de conclusion, Le Paradis Perdu reste inégalé. C’est le plus formidable des poèmes anglais par le plus grand poète public d’Angleterre.


Eventuellement, si le Commonwealth avait été un succès, si la Restauration n’avait jamais eu lieu, si la république anglaise avait été stable, juste et durable, Milton n’aurait jamais écrit Le Paradis Perdu ; il aurait été employé pour les travaux d’état, pour de la diplomatie, un serviteur civil âgé trop occupé et talentueux pour se consacrer à des vers personnels. Auquel cas il peut être dit que la monarchie est le prix que l’Angleterre a payé pour qu’existe Le Paradis Perdu. Sans aucun doute, cela a été un prix dur à avaler, mais sans aucun doute il en valait la peine.




Paradise Lost préfacé par Philip Pullman, a été publié en septembre 2005 aux éditions Oxford University Press en anglais.

Numéro ISBN-10: 019280619X

Disponible sur Amazon.fr - 21.35€.





Détails
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Samedi 19 Janvier 2008 - 18:37:07
Haku
Source : blog.oup.com
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