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Philip Pullman : une nouvelle tendance d’environnementalisme :.
Samedi 19 Janvier 2008 - 02:21:43 par Haku - Détails - article lu 1800 fois -

Philip Pullman : une nouvelle tendance d’environnementalisme




Le changement climatique, selon les pessimistes, détruira notre planète. Mais dans une interview exclusive, l’auteur renommé Philip Pullman se fait le champion d’une nouvelle tendance d’environnementalisme qui nous laisse de l’espoir.



Profile: le diable en Philip Pullman

Le film de Philip Pullman vidé des thèmes religieux




La couverture de Do Good Lives Have to Cost the Earth? et Philip Pullman dans la cours du Christ Church College, à Oxford





Andrew Simms: Les environnementalistes doivent impliquer le public s’il y a un changement massif de mode de vie qui peut éviter de payer la perte de la Terre. Comment obtenez vous un équilibre entre dire aux gens la difficile vérité des problèmes environnementaux et leur faire sentir que cela vaut encore la peine de se lever le matin pour régler le problème ?


Philip Pullman : Effrayer les gens est une très bonne façon de les rendre passifs et mous. Vous pouvez très bien être terrifiés dans un abject déni de toute chose et refuser d’en entendre parler : vous fermez juste vos yeux et vos oreilles. Mais le plus utile, et le plus énergisant est de dire : "Vous pouvez le faire, et même, vous pouvez obliger votre gouvernement à le faire".


Les environnementalistes ont besoin de connaissances pour ce qui est des bases de la narration d’une histoire afin de rendre leurs mots efficaces. Samuel Johnson a apparemment dit quelque chose que trouve très utile de se rappeler : "Le vrai but de l’écriture est de permettre au lecteur de mieux profiter de la vie, ou de mieux l’endurer".

La recherche est plus simple que l’écriture, si bien que la tentation est de tout laisser dépendre de la recherche. Mais page après page les choses avancent, et, bien sûr les gens arrêtent de lire. Je suppose que la vraie histoire, l’histoire de base, l’histoire que j’aimerais entendre, voir, et lire, est la façon dont nous sommes connectés, non seulement ensemble, mais aussi avec le lieu dans lequel on vit. Et à quel point cela est presque infiniment riche, mais qu’il y a un certain danger ; et que malgré ce danger, il faut faire quelque chose pour le surmonter. Les gens sentent incapables quand ils voient les images de forêts dévastées, arrachées, et les glaciers qui fondent avec des ours suant sur leur rocher nu entouré d’eau. "Que peut-on bien faire ? Que peut-on bien faire ? "Il faut dire aux gens ce qu’ils peuvent faire. Et ils ont aussi besoin de sentir qu’une action citoyenne, que la société civile et les institutions telles que le Parlement, que les conseils municipaux et autres sont là pour une raison précise, devraient être utilisés et peuvent être influencés.


Qui vous a influencé en tant qu’écrivain ?

Milton a eu une énorme influence pour moi. Comme le disait William Blake : "La raison pour laquelle Milton a écrit en pieds quand il parlait des anges et de Dieu, et librement quand il s’agissait du Mal et de l’Enfer, est car il était un vrai poète et du rang des légions du Diable sans en avoir connaissance". Vous pouvez dire que son imagination, bien que peut-être pas esprit conscient, détestait plutôt passionnément Dieu, car tout ce qu’il donne à dire à Dieu, toutes les actions menées par Dieu, c’est geindre, critiquer, gémir, et se vanter. C’est une image très repoussante que le Dieu de Milton. Le fils, Messiah, est à peine plus attirant, et Satan totalement fascinant.


Les environnementalistes racontent aussi une histoire autour de nous, et nous-même et notre place dans l’univers. D’un certain point de vue c’est une histoire religieuse, car c’est la grande question de la religion. Pourquoi sommes-nous ici ? Qu’est-ce qu’ici, en quoi ceci consiste-t-il ? Qu’avons-nous à faire ici et maintenant ? Que nous apporte le fait d’être conscients ? Et ceci sont les questions dans lesquelles le mouvement environnementaliste s’est impliqué depuis 25 ans et sûrement depuis que le problème du réchauffement climatique a émergé. Qu’est-ce que signifie pour nous le fait d’être conscients de ce que nous faisons pour le monde ?

Certaines personnes tentent de maintenir le déni : "Ceci n’est pas en train de se produire" ou "Ceci arrive bien, mais c’est naturel et nous n’avons rien à voir avec" ou "Ceci est bien en train d’arriver mais on peut résoudre cela avec la technologie". Tout ceci sont des tentatives d’en refuser la responsabilité; de refuser tout ce qu’ils pourraient avoir fait. Ainsi les questions, les histoires que les prophètes du réchauffement climatique nous racontent (appelons-les ainsi, pour les différencier des sceptiques) ont leur place en plein milieu des traditions prophétiques, aux côtés des prophètes de l’Ancien Testament.

Mais les prophètes de l’Ancien Testament n’ont pas eu beaucoup de succès car ils étaient en général chassés de la cité et à la dérive sur les flots. Les gens n’aiment pas entendre les prophètes leur parler : c’est généralement assez inconfortable. C’est très sombre ; plein d’avertissements; pleins de dénonciations et de menaces pour revoir leurs habitudes ou de souffrir à cause d’elles.

Ce n’est pas un message populaire. Et la confrontation que les prophètes du changement climatique ont à entreprendre pour faire entendre leur message est, je suppose, similaire. Mais j’ai vu un réel changement dans l’année passée.



Y a t-il une allusion au changement climatique caché dans votre trilogie, A la Croisée des mondes ?

La chose qui m’a réellement fait voir le sérieux du problème fut un matin, peu avant une conférence à Oxford sur le changement climatique, quand j’ai du me lever très tôt. Les conditions météorologiques étaient telles que le ciel était clair et les traînées d’avions étaient fort distinctes sur le ciel bleu. J’en ai compté 17 dans le ciel au-dessus de ma maison - 17, et il s’agissait de la campagne de l’Oxfordshire. Je me suis dit : tout ce bazar a lieu tout le temps, c’est tout simplement intenable, cela ne peut continuer. Ca a été une révélation. Mais il y a des choses à faire – non pas dire que nous sommes définitivement condamnés, mais dire que c’est perdu si nous ne prenons pas soin de nous, et ça on peut le faire.

Dans A la Croisée des mondes, les personnages découvres une façon de passer d’un univers à un autre, et à la fin du premier livre, une explosion ouvre le ciel. Ce n’était pas un écho complètement inconscient. J’ai été conscient des termes "réchauffement climatique" et "changement climatique" depuis aussi longtemps qu’on les utilise. Malheureusement, contrairement aux personnages de mon histoire, on n’a qu’un univers avec lequel jouer. On ne peut pas sauter dans un autre au travers d’un trou.

Autre chose de proéminant et de lié, du fait de la façon dont on répartit notre temps et les conséquences qui en découlent, est la fragmentation de la vie de famille. Et plus particulièrement quand chacun des membres de la famille a son propre iPod avalant de l’énergie, son ordinateur, sa console de jeu et télévision, ils n’existent pas comme un tout, si ce n’est par le fait de vivre dans la même maison. Ils sortent tous et vaquent à leurs propres occupations, ils ne parlent pas. L’essentiel de leur attention n’est pas attribué à l’unité, au maintient du bonheur de l’unité, du groupe ; il est dédié à leur seule propre gratification. Et je trouve ça terrible.


Qu’est-ce qui vous donne l’impression de bien-être ?

Ma première réponse devrait être une bonne journée de travail. Si j’ai écrit mes mille mots, mes trois pages, et que ça s’est bien passé, rien d’autre ne compte, je suis satisfait. Si je l’ai fait et que ça s’est mal déroulé, et bien, je peux corriger le lendemain, c’est tout. Si je combine cela avec un peu d’exercice, un peu de distraction, ce qui pour moi implique en général de travailler du bois, ou jouer de la musique, et si ma famille est en bonne santé et heureuse, et que j’ai quelque chose de bon à manger – ce serait une bonne journée pour moi.

Je suis très chanceux. Et je suis prudent quant à prêcher comment on devrait vivre, car je sais à quel point je suis chanceux : très peu de gens ont la chance de faire ce qu’ils souhaitent et l’arrêter quand ils en ont envie, et c’est mon cas. Rendez-vous compte, pendant trente ans je ne l’ai pu. Je devais écrire pendant mon temps livre pendant que je faisais d’autres boulots.

Ainsi peut-être suis-je dévolu à prêcher un peu. Je dois dire cela afin de faire ce que vous avez envie de faire quand vous le voulez, peu importe si vous avez ou non le temps. Si cela implique de rater une quelconque série, alors vous la raterez. Il vous faut vous demander ce qui vous est le plus important au final.

J’aime aussi utiliser des outils et créer des choses à partir du bois. A cette heure je travaille un cheval à bascule, et j’y travaille depuis bien deux ans désormais. C’en est à son étape finale, je dois juste diminuer un peu sa croupe. J’ai utilisé du bois de peuplier pour la tête et le coup. C’est assez doux est simple à sculpter. Les pattes sont faites de frêne, car elles vont devoir résister à beaucoup d’effort et que le frêne est un bois résistant et élastique. Et prochainement je le peindrai et le mettrai sur un support. Ce devrait être assez facile à faire car c’est juste des jointures, ça ne nécessite pas de sculpter. Et ce sera prêt pour mes petits-enfants, qui m’ont dit avec impatience : "Grandpa, fait d’autres chevaux !"


Avez-vous fait quoi que ce soit pour réduire votre propre impact environnemental ?

Dans la maison, tous nos plafonniers mis à part ceux de la cuisine, sont des lampes basse consommation. Dans la cuisine, il y a ces foutus tubes halogènes. Quand on a fait faire la cuisine il y a trois ou quatre ans, j’ai dit, "on veut des lampes basse consommation" et l’aménageur a dit "Oh, celles-ci en sont". Et bien, ce n’est pas le cas, en fait. Ce sont des 50 chacune d’elles. Ce qu’il disait, c’est qu’elles étaient basse tension, ce qui n’est pas pareil.

Nous utilisons rarement le chauffage centralisé fortement, car aucun de nous n’aime avoir spécialement chaud. Par principe, je devrais tout avoir : je couvrirais la maison de cellules photovoltaïques et aurais des éoliennes à chaque pignon.

J’ai réduit les voyages à l’international au maximum. Ce n’a pas été dur car je détester prendre l’avion. Mais il me fallait aller en Amérique pour les livres et le film. Je dis que je devais mais je suppose que j’aurais pu dire non.

Je ne me sens pas trop coupable au sujet de l’électricité car nous l’achetons à Good Energy, qui nous la propose à partir de sources renouvelables. Je ne me sens donc pas trop mal quand je joue à ma guitare électrique.


Vous avez dit qu’en tant qu’écrivain, vous êtes intéressés par la forme des choses. Quelle est selon vous la forme d’une bonne vie ?

Qu’entendez vous par "bonne vie"? Est-ce une vie plaisante et satisfaisante, ce qui est ce qu’on dénomme habituellement par bonne vie ou est-ce une vie pleine de dessins moraux ? Une vie peut être très satisfaisante de l’intérieur, mais paraître assez fastidieuse de l’extérieur.
Ou alternativement, elle peut paraître pleine d’ennui du dedans mais provoquer l’inspiration de l’extérieur. Ainsi donc les vies et la forme des vies, les histoires de la vie et leurs structures dépendent vraiment du point de vue que l’on en a.

Le challenge d’avoir à changer son comportement pour qu’une bonne vie ne se fasse pas aux dépends de la planète va plus loin que d’être un modèle d’inspiration. Je pense que nous avons beaucoup évolués depuis la savane il y a 500.000 ans, où le mode de vie était fait de gain, de territoires et de combats. Le point auquel le processus de civilisation ou de socialisation peut surmonter cela dépend de l’échelle de temps. Au long terme j’en reviens à l’évolution – si on survit à cette crise c’est que c’est bon. J’ai récemment lu le livre de James Martin, The Meaning of the 21st Century. Son idée est que l’on s’approche d’une crise. C’est comme descendre une rivière, à l’approche de rapides, et au milieu du siècle on va être dans les rapides, et ce sera terriblement dur pour nous tous. Mais on peut survivre, et si on passe cela, dit-il, ce sera merveilleux ensuite.


Quel est votre sentiment vis-à-vis de la vie actuellement ?

Pensant au bien-être actuellement je me sens assez bien. Ma santé est bonne ; ma famille va bien ; mon travail se passe assez bien. Tout n’est jamais parfait, car il y a toujours plein de choses qui peuvent aller de travers, mais ensuite on sait qu’on peut en venir à bout. C’est un défi continu et un intérêt constant et, aussi, un plaisir occasionnel. Je me retrouve à l’âge de 60 ans riche de façon assez inattendue. Mon esprit foisonne, car j’ai été vraiment pauvre une grande partie de ma vie. Mon enfance a eu lieu pendant les années d’austérité après la guerre. Je me sens toujours influencé par cela. C’est curieux n’est-ce pas, de voir comme nous étions en bien meilleure santé quand la nation sortait de la guerre et connaissait les rationnements ? Dans un sens c’était plus simple car tout le monde savait qu’il y avait la guerre ; vous n’aviez pas des gens comme Melanie Phillips ou Dominic Lawson (journalistes anglais) pour dire : "La guerre ? Bien sûr qu’il n’y en a pas. C’est juste une conspiration pour nous soutirer de l’argent. Toutes les preuves scientifiques sont fondées. Les vrais scientifiques savent qu’il n’y a rien de tel qu’une guerre".


Parlez-moi des ours polaires. Leur périlleux destin est devenu symbolique du réchauffement climatique, mais vous leur faites subir de difficiles moments dans vos propres livres.

Les ours en armure de ma trilogie survivent. Je leur ai réservé une bonne issue. Je pense que beaucoup d’entre nous l’ont aussi faire – tous ceux qui n’ont pas été dévoré par un. C’est au zoo d’Edinburgh que j’ai été pour la première fois affecté émotionnellement par des ours polaires. C’était une chaude journée et les ours étaient étendus sur le béton, dans un petit enclos pas plus grand que cette pièce. J’ai pensé : "C’est absolument monstrueux !" Un animal comme celui-ci a besoin de la banquise et de 50,000 miles carrés pour vagabonder. C’est pire que l’esclavage, c’est absolument consternant que de garder un animal dans ces conditions. Celui-ci était là à regarder comme s’il aurait voulu être mort. Désormais, ils vont tous disparaître si aucune banquise ne subsiste, sauf s’ils les mettent tous dans des zoos ou s’ils les réunissent et mettent une barrière autour d’eux en y jetant un morse de temps à autre. Mais ce n’est pas une vie. Si les ours polaires sortaient des pages de mon roman dans la réalité et voyaient ce qui s’y passe, ils nous mangeraient.. Ils mangeraient autant d’entre nous aussi vite qu’ils pourraient. Et bonne chance à eux.


Pensez-vous qu’il pourrait y avoir une solution moins carnivore ?

Une solution moins drastique dont on entend parler est un rationnement négociable du carbone. Si vous avez une réserve non utilisée vous pouvez la vendre à quelqu’un d’autre. Je trouve ça mauvais. On devrait avoir une limite fixée, point barre. C’est une crise aussi conséquente qu’une guerre et vous ne pourriez pas vendre votre quota de ration pendant une guerre. On vous autorisait à 80g de beurre par semaine, ou dans ces eaux-là, et c’était tout. Et il devrait en être ainsi avec le carbone. Pas de négociations autour des émissions de carbone. On devrait avoir une limite fixée et si tout est utilisé en octobre, et bien, vous grelottez pour le reste de l’année. C’est ce que je pense, mais ceci n’aura pas lieu car les gouvernements sont trop frileux. Les gouvernements sont frileux car tous les gouvernements occidentaux ont donné dans le cliché selon lequel le marché sait toujours mieux. Et le foutu marché ne sait pas mieux que les autres, le marché est ce qui nous a mis dans cette situation. Chaque lien social, tout ce que nous croyions fixe et établi est dilapidé. Dilapidé par l’argent, par la puissante force, cet acide universel qu’est le système commercial. Magnifique.




Philip Pullman était interrogé par Andrew Simms, responsable décisionnel à la New Economics Foundation. Ceci est un extrait remanié de Do Good Lives Have to Cost the Earth? (Constable & Robinson), publié par Andrew Simms et Joe Smith. Le livre, paraissant mardi, comprend également des contributions de David Cameron, Kevin McLeod, Hugh Fearnley-Whittingstall, Oliver James, A C Grayling, John Bird, Anita Roddick, Rosie Boycott et Tom Hodgkinson. Pour commander un exemplaire à 7.99£, (+ 99p p&p) appelez Telegraph Books au 0870 428 4112 (+ indicatif national) ou visitez www.books.telegraph.co.uk



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Samedi 19 Janvier 2008 - 02:21:43
Haku
Source : The Telegraph
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