L'aventure fantastique de Michael Fink
Mikael Fink a passé 22 mois à Londres pour superviser les 1400 artistes de neuf compagnies d’effets spéciaux à travers le monde travaillant pour l’épopée de fantasy "La Boussole d’Or". Sa mission : créer une ménagerie fantastique d’animaux parlant réalistes. La partie ardue : Fink ne devait pas voir ses créatures numériques voler la vedette à Nicole Kidman, Daniel Craig et les autres stars en chair et en os du film.
"Le challenge était de ne pas uniquement faire un film rempli de créatures à fourrure" a-t-il expliqué. "Mon but était de rendre ces daemons essentiels à l’histoire sans qu’ils ne dominent les scènes. Nous les avons considéré comme des seconds rôles".
Dans l’adaptation par Chris Weitz du roman de Philip Pullman, un "daemon" représente l’esprit créatif de chaque personnage en même temps qu’un compagnon perpétuel de chaque humain. Kidman a son singe doré. Dakota Blue Richards a un furet. Un tigre rôde aux côtés de Craig. Mais la création à quatre pattes la plus formidable du film est un gigantesque ours polaire portant une armure, doublé par Ian McKellen, et qui aide l’héroïne Lyra (Richards) dans son voyage visant à retrouver des enfants enlevés.
Fink s’est assuré que son ours guerrier ne semble pas mignon.
"Généralement, dans les films où des animaux parlent, ils films des acteurs enregistrant leurs répliques et plaquent les émotions humaines sur le visage des ours" dit-il. "Ce qu’on en tire, à la base, c’est un humain avec un masque d’ours. Au pire, on se retrouve avec Garfield ou Scooby Doo. On se retrouve avec un cartoon. Et nous ne voulions pas de cartoon. Nous voulions un ours".
Pour se rendre compte de la manière dont parlerait un ours polaire, s’il le pouvait, Fink a consulté un vétérinaire du Royal College de Londres.
"Il m’a montré les muscles qu’ont les ours et comment il fallait exactement les utiliser. Si les ours étaient constitués différemment, m’a-t-il dit, ils pourraient émettre des paroles. J’ai donc pris la décision de recréer la musculature d’un ours et de ne pas essayer de lui donner d’apparence humaine".
Cette recherche a résulté sur un ours à l’expression limitée.
"A chaque fois que l’ours parle, ça ressemble presque toujours à un grognement. Sa lèvre, pourrait-on dire, se soulève d’un côté et donne une certaine expression, mais ceci fait appel à des muscles que les ours ont. Ce ne sont pas muscles humains. Je trouve que nous avons une performance qui est vraiment fidèle à la façon dont les ours pourraient parler, et non pas à celle d’un ours parlant comme un humain".
Fink a terminé "La Boussole d’Or" seulement cinq jours avant sa première projection publique il y a quelques semaines, du fait des changements de script, des scènes supplémentaires, des nouvelles scènes et des décors inhabituellement compliqués. Par exemple, cela a pris huit mois pour boucler une séquence de 45 secondes montrant un singe passant ses doigts dans les cheveux de Kidman. Mais Fink, qui avait précédemment travaillé sur "X-Men" et "Constantine", est content du résultat.
"C’est le film le plus complexe que je n’ai jamais fait. Cela m’a demandé trente ans pour savoir comment le faire. La chose la plus importante était de capter l’émotion, car ces personnages devait aussi bien jouer que des acteurs humains".
