Menu
Rendez-Vous
A la Croisée des Mondes
Philip Pullman
Cittàgazze
Partenaires

btts

  Follow Twittagazze on Twitter  Follow Instagazze on Instagram

menuAccueilForumEncyclopaediaTchatF.A.QMeetingmenuLangue en menu
  [phpBB Debug] PHP Warning: in file /var/www/vhosts/cittagazze.com/httpdocs/includes/top.php on line 154: Trying to access array offset on value of type bool
Ma Boussole d’Or sur une bonne voie :.
02 Décembre 2007 - 12:41:46 par Haku - Détails - article lu 1409 fois -

Ma Boussole d’Or sur une bonne voie




Philip Pullman, dont le best-seller Les Royaumes du Nord a été adapté en un film, se défend de la controverse religieuse qui les a tous deux visés


Le Pape Grégoire le Grand n’aurait pas fait grand cas du cinéma: “Si les livres sont pour le lecteur, les images sont pour ceux qui ne savent pas lire” dit-il à la fin du VIème siècle. Pour pouvoir lire, il vous fallait être intelligent ou adulte ou éduqué, alors que quiconque pouvait comprendre des images, si bien qu’elles étaient destinées aux personnes de plus bas rang, comme les esclaves, les enfants ou les pauvres.


Cette attitude a duré fort longtemps. C’et toujours assez courant entre les gens qui pensent, par exemple, que l’étude des médias n’est pas un sujet académique mais seulement une blague. Et pendant la plus longue partie de ma vie, ce fut une présomption confortable qu’un livre soit bien sûr meilleur que le film qui en est tiré – meilleur dans le sens où ça en vaut plus la peine, où c’est plus respectable, d’une certaine façon moins commun. Ceci à condition que le livre soit mauvais à la base, auquel cas un réalisateur intelligent pourra en faire quelque chose d’intéressant.


Dans tous les cas, on attend de l’auteur de l’original de regarder avec résignation, désespoir ou outrage l’Hollywoodisation de son roman. La seule alternative semble d’être indifférent. James M Cain, auteur du roman que Billy Wilder adapta en un film Assurance sur la Mort, dit à ce sujet : “Les gens me demandent si je me préoccupe de ce qu’ils ont fait à mon livre. Je leur répond : ‘Ils n’ont rien fait à mon livre. Il est ici-même sur son étagère. Ils m’ont payé et voilà tout”.


Je me trouve donc dans ce qui semble être une position rare : alors que le film adapté de mon roman Les Royaumes du Nord s’apprête à sortir sous le titre La Boussole d’Or, je peux dire en toute vérité que je l’apprécie. Le studio, New Line Cinema, a fait du bon travail. C’est spectaculaire, les performances du casting d’exception sont excellentes, les effets spéciaux sont magnifiquement intégrés et l’histoire est racontée avec vivacité et clarté.


Il y avait des fans du livre – beaucoup – qui m’ont fait savoir qu’ils s’attendaient à ce que je surveille le processus avec un oeil vigilant et que je bondisse à la moindre erreur, au moindre oubli ou évincement de la part de l’équipe du film. Mais cela ne m’intéressait pas. Tout d’abord, j’ai considéré que les gens chargés de faire le film étaient des hommes et des femmes intègres et intelligents et j’étais content de les laisser faire sans mon interférence. D’autre part, j’avais nombre d’autres choses à faire. Et enfin, ce n’est ni productif ni intéressant de harceler, tracasser ou médire sur quelque chose dans laquelle on n’a pas beaucoup d’influence de toute façon.


De plus, je pensais que l’histoire était assez robuste pour survivre au transfert du livre à l’écran. Cela devait être robuste : cela a déjà été raconté de nombreuses fois déjà, que ce soit dans Le Livre de La Génèse ou dans Le Paradis Perdu. Et bien que ma version en démarre comme un roman, c’était le meilleur roman que je pouvais faire, je ne l’ai jamais considéré comme étant si précis et exquis qu’il tomberait en morceaux si on se contentait de l’effleurer.


Mon attitude envers toute proposition d’adaptation n’était pas de la bercer tendrement, et de tressaillir à chaque coupe, mais plutôt de dire : oui, pourquoi pas ? Voyons donc ce que ça va rendre sur les planches du théâtre, ou en version sonore à la radio, ou encore à l’écran. Et le temps que vous y êtes, vous pourriez couper ceci qui n’a jamais bien fonctionné, ou combiner ces personnages qui ont relativement la même fonction, et gagner plein de temps en liant ces deux éléments.


J’ai pris du plaisir à observer Nicholas Wright, l’auteur de la pièce et Nicholas Hytner, le metteur en scène, le désassembler et le reconstruire pour l’adaptation au National Theatre, et j’ai apprécié la déconstruction et reconstruction nécessaire pour faire le film.


Un exemple d’un tel travail est le final. Quand il a été annoncé que le film se finissait trois chapitres plus tôt que le livre, le réalisateur Chris Weitz a été attaqué par des fans qui ont déclaré (sans avoir vu le film) que cela ruinerait le film et qu’ils n’iraient pas le voir. Mon attitude était : quelle bonne idée que le film se finisse ainsi. C’est le meilleur endroit pour s’arrêter. Le livre est bien comme il est, mais le début du second film serait une bien meilleure place pour le drame complexe et ambigu du dernier chapitre; et il était bien plus sûr que le second film se ferait si le premier se terminait sur une note claire, forte et immédiatement compréhensible.


L’équipe du film a donc gagné ma confiance en réussissant ce qu’ils faisaient. Ils ont aussi gagné à ne pas changer de ligne malgré le non-sens qu’on a nommé “controverse”. Un petit groupe américain nommé la Catholic League, qui semble être un organisme essentiellement dédié à l’auto-promotion de son président, a essayé de lancer un boycott du film sur la base que quand bien même le film soit sans objection, il mènerait les enfants à lire mes livres, qui (selon les mots d’un athée) sont naturellement trop dangereux pour être mis à proximité des jeunes.


Cela n’aura pris que onze ans pour découvrir cela; Les Royaumes du Nord sont en librairies aux USA depuis leur première publication en 1996.


Les activités de cette ligue ont un effet habituel, qui est que bien plus de gens iront voir désormais le film et lire les livres que c’aurait été autrement le cas. Mais ce qui m’a impressionné dans la réaction de New Line a été son engagement clair pour les valeurs démocratiques d’ouverture et de libre d’expression.


Le studio sait très bien (il a acheté les droits et lu les livres) que la tendance de l’histoire est de célébrer ces quelques même qualités, ainsi que d’autres telles que l’humanité, la bonté, la curiosité intellectuelle et le sens de l’émerveillement et de la beauté de l’univers physique, et n’a pas peur de raconter une histoire qui critique l’intolérance religieuse ou l’hypocrisie.


Ainsi donc, je me trouve dans une heureuse position, content du traitement réservé à mon histoire à l’écran ainsi que l’artisanat et l’intégrité de l’équipe du film. Le film n’est pas parfait, mais le livre ne l’est pas non plus : si vous recherchez la perfection, allez lire un haïku. Ma satisfaction est peut-être rare. Je suis en désaccord avec le pape Grégoire au sujet des écrits et des images car (sans rapport avec la question de savoir à qui ils sont destinés) je ne pense pas qu’ils fonctionnent de la même manière de toute façon; mais à chaque jour son argumentation.



Détails
[phpBB Debug] PHP Warning: in file /var/www/vhosts/cittagazze.com/httpdocs/article.php on line 78: Undefined array key "type"
02 Décembre 2007 - 12:41:46
Haku
Source : Times Online
Ce document a été écrit ou traduit par son auteur pour Cittàgazze. Si vous souhaitez utiliser ce document sur votre site, intégralement ou non, veuillez s'il vous plait en faire la demande à l'auteur et placer un lien vers Cittàgazze.
Ce document est mis à disposition sous un contrat Creative Commons.

publicit?  

Le Papillon Tatoué

  publicit?