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Pullman : :.
Lundi 06 Mai 2013 - 19:05:17 par Haku - Détails - article lu 2727 fois -

Philip Pullman : "On éprouve tous de la sympathie pour quelqu’un qui détonne dans son environnement"
Par ELLA WALKER, Cambridge News

Dans une interview exclusive, Ella Walker parle avec l’auteur des Royaumes du Nord de la version théâtrale de son roman jeunesse, J’étais un rat, en préambule à sa représentation au Cambridge Arts Theatre, et le questionne sur les comtes de fées, la sculpture du bois et The Book of Dust, attendu de longue date.

“Je sais quelle forme a mon daemon, explique Pullman avec sérieux. Elle a la forme d’un de ces oiseaux qui ressemblent à une pie ou une corneille, un corbeau, lorsqu’elle est de mauvaise humeur ; un de ces volatiles qui chapardent vos affaires, de la famille des corbeaux. Car c’est ce que font les conteurs, on trouve des choses qui brillent et on s’en saisit, on les emporte et on écrit à leur sujet.”

Parler avec Philip Pullman, l’auteur de littérature jeunesse qui parle sans détour et qui a amené une génération à s’intéresser à la poussière et aux ours polaires géants, cela vous donne l’impression d’être lové dans l’un de ses contes. Répondant mélodiquement à vos questions d’une voix qui a le même ton réconfortant que David Attenborough, ses phrases se boivent comme du petit lait ; c’est fascinant.

Cela n’empêche pas que cela rend terriblement nerveux d’interroger un homme aussi connu pour ses talents d’écrivain que ses vues sans détour d’athée – il reçoit régulièrement des lettres le menaçant de “damnation par les flammes” et “d’enfer éternel”. Merci mon dieu, il ne s’offusque pas de la question “Quel serait votre daemon ?”.

Si vous avez passé une grande partie de votre vie à dévorer joyeusement sa série des Sally Lockhart ou à lire et relire Les Royaumes du Nord, ce géant de la littérature jeunesse né à Norwich est un poids lourd littéraire. Depuis les débuts de sa carrière littéraire, d’abord en à-côté, au début des années soixante-dix, il a remporté la Médaille Carnegie, le prix du Whitbread Book of the Year, le Guardian Children’s Book Award et la Carnegie des Carnegies, mais toutes ces récompenses ne sont pas ses plus belles réussites. Ce dont Pullman est le plus fier, c’est d’être encore imprimé: “C’est quelque chose dont je suis très content, car les livres cessent très rapidement d’être imprimés et la vie d’un livre peut être très, très courte. Mais je suis très fier que la plupart de mes livres soient encore sur l’étagère.”

Une bonne illustration de ceci réside dans le fait que nous parlons de la production d’une fantastique version théâtrale de son conte de fées pour enfant de 1999, J’étais Un Rat ! au Cambridge Arts Theatre – il a été adapté pour la scène par Teresa Ludovico, le directeur artistique de la compagnie théâtrale italienne et renommée Teatro Kismet. C’est l’histoire d’un petit garçon déguenillé qui se présente sur le pas de la porte d’un couple de personnes âgées par un soir d’hiver, en annonçant qu’il était un rat. Philip, ancien professeur d’anglais, explique comment le livre, et désormais la pièce, délecte le lecteur autant que le spectateur car ils font échos à la petite voix qui serine dans notre tête que nous sommes différents : “Je pense qu’on éprouve tous de la sympathie pour quelqu’un qui détonne dans son environnement, dit-il après réflexion. Quelqu’un qui n’a pas l’impression d’être à sa place dans le monde, quelqu’un qui ne sait pas ce que tous les autres savent, et ne sait pas quelle position adopter, et qui pour cela s’attire un tas d’ennuis.”

Cette histoire constituait l’un de ses premiers forfaits dans le monde des contes de fées, et Pullman a une préoccupation très sérieuse à l’égard de ces contes. “Ce n’est pas pareil que d’écrire un romain, explique-t-il. Quand vous écrivez un roman, vous pouvez faire tout un tas de choses avec la caméra, si vous voyez ce que je veux dire. Vous faites des gros plans et allez dans la tête des gens, vous reculez et les contemplez à distance pour aller dans la tête d’une autre personne, et vous pouvez en fait faire tout ce genre de choses que permet le cinéma. Mais dans un conte de fée, vous êtes plutôt à une sorte de distance fixe entre vous et les personnages. Vous ne les voyez que de l’extérieur d’une certaine façon.”

Il admet que c’est difficile d’arriver à se résultat, même lorsque vous aimez cela autant que lui, d’où sa récente anthologie revisitée des contes des frères Grimm, Grimm Tales: For Young and Old. Lire, distiller et réécrire les histoires – et il y en a plus de deux cents – a du être un challenge. “Le grand truc, c’est que les histoires existent déjà, et je n’avais pas à les créer, déclare Pullman avec ironie. Nombre des histoires des Grimm sont merveilleuses, et un tas d’autres pourraient l’être si elles étaient légèrement modifiées ou si le final était un peu meilleur ou le début n’était pas aussi abrupt. Aussi, j’ai eu l’impression d’avoir le droit de les modifier ici et là pour les rendre lisibles avec plus de fluidité et adapter un peu plus leur style à ma plume.” Si vous n’avez pas lu cette anthologie, Pullman l’a réduite à cinquante titres, sinistres, agréables, sombres ou drôles à la fois. “Ce qui est intéressant, c’est que quand vous demandez aux gens de quelles histoires des frères Grimm ils se souviennent, on pense qu’il y en a un paquet, mais il n’y a pas plus d’une demi douzaine qui viennent à l’esprit. Cendrillon, Le Petit Chaperon Rouge, Hansel et Gretel, Le Nain Tracassin, égrène-t-il. Mais outre ceux-ci, (j’ai choisi) des histoires que je trouvais intéressantes ou étranges, inhabituelles, des histoires dont j’avais l’impression de pouvoir tirer quelque chose. L’histoire que je trouvais la plus réussie, pas ma préférée car ce concept est un peu différent, se nommait Le Conte du Genévrier. C’est l’histoire la plus belle, la plus horrifique et la plus parfaite de tout le recueil. La plus extraordinaire. Mais l’histoire que j’aime le plus, c’est une histoire très simple et très vieille nommée Les Musiciens de Brême. Ca parle d’un âne, d’un chien, d’un coquelet et d’un chat qui sont si vieux qu’ils vont être jetés hors de la ferme. Ils s’unissent et décident d’aller à Brême pour devenir musiciens. Au final, ils ne vont pas à Brême mais ils se trouvent un bon et doux foyer. C’est une petite histoire très simple et je l’aime vraiment beaucoup.”

Connu pour ses histoires complexes et pour aborder des sujets difficiles et parfois terrifiants, contes de fées ou pas, il n’a définitivement pas peur d’effrayer. “Il y a une différence entre avoir peur et être horrifié, ceci dit” dit-il après que je lui aie révélé que Les Royaumes du Nord me donnaient toujours la frousse. “Je crois que ce que vous devriez faire avec une histoire que des enfants vont lire est de leur laisser une lueur d’espoir à la fin, une lueur de rédemption. Vous ne devriez pas laisser les enfants avec un final si pessimiste et empli de misère qu’ils se sentiront eux-mêmes miséreux et dépourvus d’espoir. C’est je crois une chose triste et cruelle que de faire cela. Et bien que le final d’A la Croisée des Mondes est triste, il y a dans celui-ci de la force et également de l’espoir.”

La version filmée en 2007, La Boussole d’Or, semblait aller trop loin dans le sens inverse, effaçant les aspects controversés et arrondissant les éléments plus difficiles à lire. Ce qu’il a pensé du film ? J’en ai trouvé des éléments très bons. Nicole Kidman était fabuleuse et la petite fille qui jouait Lyra, Dakota Blue Richards, elle était parfaite. Mais j’aurais aimé qu’ils racontent l’ensemble de l’histoire plutôt que de s’arrêter avant la fin du livre. Ils l’ont filmée, elle existe quelque part” soupire Philip. Bien que la trilogie ne sera pas achevée, du moins pas avec les mêmes acteurs puisque Dakota a grandi et que Daniel Craig est “beaucoup trop cher” il garde espoir que cela puisse trouver son chemin à la télévision: “Comme Game of Thrones,” bourdonne-t-il. “J’en serais ravi si cela arrivait.”

Par chance, les fans de la trilogie seront ravis d’entendre que The Book of Dust, une sorte de livre compagnon à la trilogie, prend petit à petit forme. “Il se passe dans le monde de Lyra et Lyra en est l’un des personnages, mais ce n’est pas situé à la même époque qu’A la Croisée des Mondes, c’est à la fois avant et après” dit mystérieusement Philip, avant d’ajouter “C’est tout ce que je peux vous dire, mais à cette heure il pèse déjà 200 pages et j’écris constamment chaque jour. Cela va probablement me prendre cette année et la suivante également, pour boucler la boucle.” Le compte à rebours jusqu’en 2015 démarre donc…

Et ensuite, que prévoit-il ? “J’aimerais faire un autre conte de fée, mais il y a un tas de choses que j’aimerais faire. Quand j’ai un peu de temps libre, j’aimerais faire un fauteuil”, dit-il, expliquant comment il est devenu d’une certaine façon charpentier, ayant déjà achevé un cheval à bascule et un tabouret pour s’asseoir au coin du feu. Il apparaît que les livres et le bois vont “très bien” ensemble.

“Quand vous écrivez un livre, c’est très mental, en dehors de l’action de déplacer votre main au-dessus de la page, toute l’activité est cérébrale. Mais quand vous faites quelque chose liée à de la création manuelle, de quelque sorte que ce soit, qu’il s’agisse de dessin ou de sculpture sur bois comme je le fais, vous faites quelque chose de physique avec un matériau physique. Vous êtes au contact de la matière bois, et il vous faut l’éprouver, la sentir, et ressentir la manière dont elle va se comporter si vous la découpez ou l’aplanissez. C’est quelque chose de très physique et je l’apprécie énormément, c’est un excellent moyen de se reposer et très différent d’écrire.” Du moment qu’il n’arrête pas d’écrire...

Philip Pullman à propos de…
...ne jamais avoir appris à jouer d’un instrument de musique
: “Je regrette de ne pas avoir plus accordé d’attention à la musique étant plus jeune. Nous bougions beaucoup quand j’étais petit et n’avions pas de piano, aussi je n’aurais pas pu apprendre. Mais c’est ce que j’aime le plus. Bien évidemment, personne n’irait dire qu’il aimerait ne jamais avoir appris à jouer du piano.”

...susciter des controverses à caractère religieux: “Je pense que ce que dire ce que je pensais était juste, ce que je considère toujours comme juste, et si des gens s’en offusquent, ils ont tort. Je ne cherche pas à les énerver.”

...écrire pour les adultes autant que pour les enfants: “Ce n’est pas simple d’écrire pour un type de public en particulier, mais mon public préféré n’est pas exclusivement les enfants. Quand j’écrivais des pièces de théâtre pour l’école, j’aimais toujours voir enfants et adultes rire simultanément et s’avancer sur le rebord de leur siège, mus par le suspense, au même moment.”

...les iPads, Kindles et le bon vieux livre: “Mes deux petits-enfants les plus âgés ont des iPads et tout un tas de trucs, mais restent accrochés aux livres, toujours à lire, et je ne crois pas que l’un soit incompatible avec l’autre. Je pense que si vous êtes intéressé par la lecture, vous lirez dès que possible, que ce soit avec un livre, un iPad, une Kindle ou quoi que ce soit d’autre.”

...ses lectures du moment: “Je lis des tas et des tas de livres, de folles quantités. J’en prends un, je le lis un peu et le repose, mais cela ne veut pas dire que j’en reste là pour son compte ; je m’arrête juste temporairement, maintenant et en ce lieu donné.”


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Lundi 06 Mai 2013 - 19:05:17
Haku
Source : Cambridge News
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