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Interview: Philip Pullman et les contes de Grimm :.
Jeudi 18 Octobre 2012 - 22:17:27 par Haku - Détails - article lu 1995 fois -

Interview: Philip Pullman et les contes de Grimm

Philip Pullman propose une reprise radicale des contes de Grimm pour tous les âges. Il parle avec Nicolette Jones.

Par Nicolette Jones
03 octobre 2012


Assis aux abords de la cheminée de pierre de sa maison, une ancienne et confortable ferme d’un village de l’Oxfordshire, Philip Pullman parle de sa reprise des contes des frères Grimm. Il pleut des cordes à l’extérieur, mais il le temps n’est pas encore assez hivernal pour allumer un feu dans l’âtre. Ces récits au coin du feu ont une longue histoire dans la vie de Pullman. Il les aimait étant enfant, mais en a forgé leur connaissance quand il enseignait l’art narratif à des enseignants au Westminster College. Quand Penguin l’a contacté pour profiter de son expertise et donner sa propre version des contes, il a “sauté sur l’occasion ”.

Pullman a réduit les 200 contes originellement recensés par les deux frères Jacob et Wilhelm Grimm à 50, dans un recueil encore épais de 400 pages. “Je suis sûr que j’ai les cinquante meilleurs“ dit-il. Reprendre l’ensemble des contes aurait été répétitif, car certains d’entre eux étaient de moindre qualité ou inaboutis. “Certains s’excluaient d’eux-mêmes : il y avait ainsi parmi eux quelques sombres contes antisémites.”

Pullman a travaillé avec la version allemande de 1857 devant lui, bien qu’il parle du livre final comme d’une “version” plutôt que d’une traduction : “mon allemand n’est pas aussi riche, ni si bon ”. Il s’est aidé d’un bon nombre de traduction, la plus ancienne datant de l’époque victorienne, et a décortiqué et annotés chacun des contes avant de faire ses choix. De manière inévitable on retrouve au nombre de ceux-ci les plus connus: Blanche Neige, Hansel et Gretel, Cendrillon, La Belle au Bois dormant, Rapunzel, Nain Tracassin… Mais on découvre aussi des contes oubliés de notre époque, à l’image du château de la belle au bois dormant. Pullman a ainsi débroussaillé le macabre Conte de celui qui s'en alla pour connaître la peur, le délicieusement barré Henri-le-paresseux, et son préféré, un récit à la fois violent et lyrique, Le Conte du Genévrier.

Comme il l’explique dans son introduction, il considère que les contes de fées ne sont pas des textes comme le sont les œuvres littéraires originales, si bien qu’il se sentait libre de prendre certaines libertés>. “Je pensais qu’il n’y avait aucune raison d’être à cheval sur le texte original – ce n’est pas ainsi que se perpétue la tradition orale. Chaque conte est l’instantané d’une chose en mouvement. D’une histoire qui a été racontée à Jacob ou Wilhelm un matin ou après-midi de 1811… Ils l’ont écrit, l’ont un peu bricolé, et modifié plus conséquemment dans les éditions suivantes.” La comparaison que fait alors Pullman se réfère au jazz – “les accords sont bien placés, et ils transposent le tout”.

Ce qu’il a évité de faire est une réécriture qui devient le vecteur de ses propres convictions. Il a essayé d’éviter les “filtres” de l’interprétation théorique : freudienne par exemple, ou bien féministe, ce qui implique de “montrer certains aspects de l’histoire en en retenant certains autres, comme un filtre jaune dans un film en noir et blanc”. L’objectif était de rendre les histoires “claires comme de l’eau” et le fil conducteur était “comment raconterais-je ceci si je devais le faire oralement ”. Pour cela il a fallu corriger les maladresses de la trame narrative, et l’ajout de touches de modernité, comme pour le Géant qui au moment de s’adresser au vaillant petit tailleur dit “salut.” Sur de tels détails, Pullman confesse : “je me suis amusé.”

Ce qui est surprenant est que la version de Pullman révèle que certains des détails que nous croyons les mieux connaître des contes de fée – comme la chaussure de vair de Cendrillon ou bien le baiser du prince-crapaud – ne sont pas dans les contes originaux de Grimm. Dans ces derniers, le crapaud est jeté contre un mur et, comme le dit Pullman : “il retombe sous la forme d’un prince en lieu et place d’un crapaud écrabouillé ”. Les notes de Pullman sur les contes relèvent des similarités avec d’autres sources postérieures, bien qu’il n’ait jamais trouvé quand le coup du baiser s’est introduit dans cette histoire.

L’un des intérêts de la chose pour Pullman est la manière dont ces histoires utilisent des archétypes plutôt que des personnages : “ce sont des masques, comme dans la commedia dell’arte.” Il n’y a pas d’histoire de second-plan, pas de motivations complexes, pas de vie intime. Au lieu de tout cela, de l’action qui évolue à chaque paragraphe. Et cela a eu une certaine influence sur Pullman pour ce qu’il écrit à cette heure : “J’utilise moins d’adverbes – de façon générale je crois que les adverbes sont une erreur– et moins de description qui ne servent pas l’histoire.” Il est toujours attelé à son roman The Book of Dust, basé sur l’univers d’A la Croisée des Mondes; il a démarré ce roman il y a 12 ans mais l’a interrompu pour d’autres fictions, Lyra et les Oiseaux, Il était une fois dans le Nord, L’Epouvantail et son valet, et enfin Jésus le bon et Christ le vaurien (inclus à la série des mythes de Canongate) avant d’aborder enfin sa réécriture des Grimm.

Pullman pense que les contes de fée nous parlent “de situations basiques dans la vie humaine – des quelques très rares manières d’établir des relations de l’un à l’autre”. Ils parlent d’hommes et de femmes qui se marient ou se trahissent ; de mères remplacées par d’horribles belles-mères, ce qui est une façon de permettre aux enfants de ressentir toute la rage qu’ils éprouvent envers leur propre mère. “Et on a tous ressenti le fait que Cendrillon pense que ‘c’est une famille détestable, je n’y appartiens pas, je vaux bien plus que cela et je deviendrais une princesse…’”

Les grands thèmes universels jouent un rôle dans l’attirance qu’ils exercent sur les publics de tous âges. Pour reprendre les mots de Pullman, “je les aimais étant petit, et les enfants les aiment encore; et je les apprécie encore aujourd’hui – mais les adultes les lisent sous une lumière différente et avec un autre point de vue.”
Il n’est pas même sûr qu’l veuille les délaisser désormais. “Je pourrais bien revenir à certains d’eux et en faire d’autres choses. Peut-être vais-je m’autoriser des fioritures pour le plaisir avec eux.”


Grimm Tales: For Young and Old est publié au Royaume-Uni par Penguin au prix de 20£. Philip Pullman rencontrera Neil Gaiman pour une discussion conjointe au Cambridge Theatre le 29 octobre à 19h30.


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Jeudi 18 Octobre 2012 - 22:17:27
Haku
Source : The Telegraph
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