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Philip Pullman : une vie d’écriture :.
Jeudi 03 Mars 2011 - 21:21:29 par Haku - Détails - article lu 2007 fois -

Philip Pullman : une vie d’écriture

Pour célébrer le lancement du site internet du Guardian consacré à la littérature jeunesse, nous avons invité des jeunes fans de l’auteur (Philip Pullman) à lui poser des questions.

The Guardian
Jeudi 3 mars 2011



Gemma, 16 ans
Pourquoi avez-vous décidé d’écrire The Good Man Jesus and the Scoundrel Christ ?

PP : j’ai toujours été fasciné par la différence entre l’homme, Jésus, le fils de Joseph et de Marie, qui, je pense, a certainement existé, et l’idée du Christ, le fils de Dieu. La majorité de ce que les gens disent au sujet du Christ me semble absurde, impossible. Tandis qu’avec Jésus, d’autre part, on peut dire beaucoup de choses intéressantes.

Avez-vous été surpris du fait que les gens considèrent le livre si choquant ?
PP : je n’étais pas surpris que les gens soient scandalisés par le titre. Beaucoup de gens m’ont écrit pour m’avertir que j’irai en enfer. Mais c’était avant même qu’il soit publié. Je pense que s’ils ont lu le livre depuis, au lieu de s’arrêter au titre, ils l’ont trouvé moins choquant que ce qu’ils imaginaient.

Vous avez été proclamé « l’homme le plus ouvertement athée du monde » par le passé. Pensez-vous que c’est vrai ?
PP : je ne le pense pas du tout. Les gens méritants ce titre sont plutôt Richard Dawkins, Christopher Hitchens, Sam Harris, Daniel Dennett…

Avez-vous déjà craint d’heurter les gens ?
PP : je pense qu’il y a une différence entre d’une part (1) - heurter les gens pour heurter, ce que je n’ai pas forcément envie de faire, parce que certaines personnes sont droites et honnêtes, et il serait cruel de les heurter pour assouvir ma seule importance, et d’autre part (2) – bouleverser leurs préjugés, leurs idées préconçues, ou ce qu’ils veulent croire. Là, je suis très heureux de heurter. Mais il faut rester sur ses gardes quand les gens se disent offensés. Personne n’a le droit de vivre sans être choqué. Certains pensent avoir le droit de dire « ça et ça, ça m’offense » et donc il faut interdire les mots ou les comportements « offensants », et forcer « l’offenseur » à présenter ses excuses. Je m’insurge contre cette stratégie. Personne ne devrait être en mesure d’arrêter la discussion en faisant passer ses sentiments avant la quête de vérité.

Sophie, 11 ans
Il y a-t-il quelque chose que vous avez lu, ou une peinture, un évènement particulier de votre vie qui vous a amené à écrire À la Croisée des Mondes ?

PP : Eh bien, en premier lieu vient Le Paradis Perdu, un poème de John Milton. Je ne pense pas que tu le verras en classe avant un an ou deux. Je l’ai vu en sixième, et je l’ai tout de suite aimé, surtout pour la merveilleuse sonorité des mots lorsqu’on le lit à voix haute. Je ne l’ai pas compris avant beaucoup plus tard. Tu n’as pas besoin de « comprendre » la poésie pour l’aimer. Beaucoup d’adultes pensent que c’est obligatoire, et ils se lancent à travers tout cela, expliquant les parties « compliquées » (ou pire encore, ils vous font les expliquer), qui ne sont pourtant pas du tout difficiles si vous n’en faites pas toute une histoire.

L’année dernière, nous avons étudié les Métamorphoses d’Ovide à l’école, et votre livre J’étais un rat ! était recommandé parmi nos livres scolaires en tant qu’excellent livre à lire par la suite. Votre livre était-il inspiré par les Métamorphoses ?
PP : c’est intéressant. Je ne savais pas que j’étais présenté dans les manuels scolaires classiques ! Au risque d’en être éjecté, je dois dire que Ovide n’a rien à voir avec « J’étais un Rat ! » (et le point d’exclamations ainsi que les guillemets font partie du titre). La véritable source pour cette histoire était Cendrillon.

Joanna, 14 ans
Dans À la Croisée des Mondes, la forme animale que prend le daemon de quelqu’un représente finalement sa personnalité ou bien l’opposé de sa personnalité ? Comment ça marche ?

PP : il symbolise un aspect de leur personnalité. Mais nos personnalités ont beaucoup d’aspects, et il peut s’agir d’un plus inattendu. (Je dois avouer que je ne sais pas tout ce qu’il faut savoir sur les daemons. J’ai encore beaucoup à découvrir.

Combien de temps avez-vous pris pour écrire la trilogie ?
En tout, sept ans. Mais j’avais les idées en tête déjà bien avant ça, il me manquait l’histoire pour leur donner vie.

Comment faites-vous pour trouver le nom de vos personnages ? Imaginez-vous d’abord le prénom en basant le personnage dessus ou l’inverse ?
PP : ça dépend. Mais il est rare qu’un personnage important m’arrive en tête sans avoir auparavant un nom.

Oliver, 17 ans.
Pour À la Croisée des Mondes, vous avez reçu des éloges de Christopher Hitchens, célèbres pour ses vues négatives de la religion, et vous vous êtes aussi opposé à la visite d’Etat du Pape. Votre opinion sur la religion, en particulier le christianisme, imprègne-t-elle toujours vos romans ?

PP : Pas toujours. Le thème d’A la Croisée des Mondes était la lutte contre la tyrannie dogmatique, donc il était logique de faire apparaître la religion dans l’histoire. Mais ce thème n’est pas du tout présent dans la série Sally Lockhart, du moins pas volontairement.


Vous avez terminé A la Croisée des Mondes et prévoyez The Book of Dust (un livre compagnon à la trilogie). Après celui-ci, sera-ce la fin de la franchise?
PP : Avant tout, il ne s’agit pas d’une franchise – c’est une histoire. Une franchise c’est différent. Je ne saurais dire si c’est la fin de l’histoire, car je n’en suis pas encore là. J’ai cela dit un tas d’autres histoires à raconter, et j’espère avoir le temps de les écrire avant de casser ma pipe.

Avez-vous des projets dans le tuyau?
PP : J’en ai un tas. J’écris le script d’un film basé sur mon comic "John Blake", par exemple, en parallèle de l’ajout d’élément à The Book of Dust.

Luke, 13 ans
Pourquoi considérez-vous aussi important que les jeunes lisent?

PP : Pour la même raison que je trouve qu’il est important qu’ils respirent, mangent, boivent, dorment, courent, se marrent et aient des gens qui les aiment et les protègent. C’est un élément de ce qui fait de nous des êtres humains à part entière. Il y a des gens qui s’en sortent sans lire un livre, mais si j’avais dû en passer par là, je sais qu’une immense part de moi-même, de mon âme si vous préférez, serait manquante. Personne ne devrait laisser passer la chance de s’ouvrir l’esprit.

Ciara, 15 ans
Changeriez vous des parties de vos précédents livres si vous le pouviez?

PP : Oui, car il y a toujours des choses dans vos livres dont vous vous rendez comptes après leur sortie. Mais je pourrais passer ma vie à faire une seule chose parfaite. Je préfère en faire autant que possible, sachant qu’aucune ne sera exactement telle que j’aurai voulu la voir.

Si vous pouviez diner avec quelqu’un de vivant ou mort, qui serait-ce?
PP : J’ai passé un paquet de temps ces dernières années à penser à Jésus. Si je pouvais prendre un repas avec lui, je pourrais lui poser un tas de questions que le Nouveau Testament laisse sans réponse. Je prendrais aussi mon appareil photo et lui demanderais à prendre une photo de lui. Ca ferait la une de tous les journaux de la planète.
Que lisez-vous en ce moment?
PP : De nombreux livres, comme d’habitude. Parmi lesquels The Reluctant Fundamentalist de Mohsin Hamid, The Phantom Tollbooth de Norton Juster, et un livre sur le cerveau nommé The Master and His Emissary, de Iain McGilchrist.

Hanna, 15 ans
Comment choisissez-vous vos thèmes et trames narratives?

PP : Je ne les choisis pas vraiment, j’abdique plutôt devant eux. Je ne pourrais pas écrire si j’avais à choisir, de sang-froid, entre telle ou telle idée. Si deux idées m’excitent, j’écrirai sur chacune d’elles.

Vous servez-vous dans vos livres de votre propre expérience ou des gens que vous rencontrez?
PP : Oui, je suppose que je le fais ; mais tout ceci est modifié. Les gens oublient souvent qu’il existe quelque chose nommé imagination. Ce que fait l’imagination c’est prendre les choses que l’on connait pour jouer avec et les rendre méconnaissables.

Quels conseils donneriez-vous à quiconque souhaite devenir écrivain ?
PP : Certains disent "Ecrivez toujours sur ce que vous connaissez ". Je ne trouve pas qu’il s’agisse là d’un bon conseil. Pas plus qu’il ne faille écrire sur ce que l’on pense que les gens aimeront. Je trouve cela stupide. On ne devrait pas s’inquiéter des autres en écrivant. Ce n’est pas de leur ressort ce que nous écrivons. Avons-nous entendu des gens dire, en 1996 ou par là "Nous aimerions quelqu’un pour écrire le premier Harry Potter. Personne n’a écrit sur lui à ce jour. Nous sommes impatients"? L’une des raisons du succès de JK Rowling est qu’elle n’a pas eu le moindre égard pour ce que les gens voulaient. Ils ne savaient pas qu’ils voulaient Harry Potter avant qu’elle ne l’écrive. C’est la bonne façon de faire.

Molly, 10 ans
J’ai pleuré en lisant Le Miroir d’Ambre. Cela vous est-il arrivé de pleurer en lisant ou écrivant un livre ?

PP : Oh oui. Si j’écris quelque chose de triste, je pleure. Si j’écris quelque chose de drôle, je ris. Si j’écris un truc ennuyeux... que fais-je ? Je le barre et le recommence.

Claudia, 12 ans
Y a t-il eu des passages de A la Croisée des Mondes dont l’écriture ne vous a pas enthousiasmé ?

PP : Non, vraiment. C’est une question très intéressante. Il y a des séquences dans un livre qui semblent être une corvée quand vous les écrivez, pas un plaisir ; mais quand vous avez fini et prenez du recul, (comme les alpinistes, j’imagine) vous appréciez d’autant plus que l’ascension fut rude. Il y a aussi le fait clair que si vous n’écrivez que lorsque vous le désirez ou en avez envie, quand vous serez toujours un amateur.

Maud, 13 ans
En écrivant Les Royaumes du Nord aviez vous déjà la trame des deux autres livres ?

PP : Non – du moins, pas en détails. J’avais une idée assez générale de où j’allais, et savais les quelques étapes à faire en chemin. Je savais que cela se finirait dans un jardin ; je voulais passer sous les charmes de Sunderland Avenue à Oxford, où j’habite ; je pensais que j’aurais à aller dans le monde des morts. C’est tout. J’ai découvert tout le reste en chemin.

Francesca, 9 ans
Quand avez-vous commencé à écrire des histoires, enfant ?

PP : Je crois avoir écris ma première histoire vers huit ou neuf ans. J’aime à pense que j’ai un peu appris depuis, mais c’est réellement le même procédé.

Qu’entendez-vous réellement en disant que vous écrivez sur "la Poussière" ?
PP : Il vous faudra attendre The Book of Dust pour avoir une réponse à cette question.

Si jamais vous avez lu du Tolkien, qu’aimez-vous dans sa façon d’écrire ? Cela vous a-t-il inspiré pour vos livres ?
PP : J’ai lu Le Seigneur des Anneaux quand j’avais 18 ans – je l’ai lu avec avidité, l’ai dévoré, en redemandant. Mais je ne l’ai pas relu depuis, mais ce n’est pas faute d’avoir essayé. Cela ne me contente plus, et je pense que c’est dû au fait que Tolkien, qui a créé ce merveilleux véhicule, ne va nulle part avec. Il reste assis dedans. Ce que je veux dire est qu’il donne toujours la sensation de regarder en arrière, vers un passé plus glorieux et plus réjouissant : et par ailleurs il ne donne pas la chance aux femmes de prendre un rôle majeur quelconque dans l’histoire. La vie est plus intéressante que Le Seigneur des Anneaux la dépeint.

Lyra est-elle une invention ou est-elle basée sur une proche ou une fillette que vous connaissez ?
PP : Lyra n’est personne en particulier. Mais j’ai enseigné autrefois à nombre de filles comme Lyra. Lyra n’est pas une fillette spéciale, elle est très ordinaire.

Charlie, 11 ans
J’aimerais vraiment, vraiment avoir un dæmon, et si j’en avais un ce serait un singe. Quel serait le vôtre ?

PP : Je pense que mon dæmon sera probablement un corbeau, un freux ou une pie – un oiseau de cette famille – parce qu’ils volent des choses, comme des idées pour les histoires, des images, des phrases. Malheureusement, on ne choisit pas la forme de son dæmon. Vous devez vous faire à ce que il ou elle devient.

Une chose que j’apprécie dans A la Croisée des Mondes consiste en ces différences subtiles entre vos mondes et le nôtre – les différents types de lumière et les changements de noms pour des choses telles que le chocolatl ou les smokeleaf. Comment vous sont venues les idées de ces différences ? J’aimerais savoir pour écrire aussi bien que vous !
PP : Dans certains cas (comme le chocolatl) je me suis tourné vers les vieilles langues anglais, et dans ce cas c’était les anciens langages du Mexique. Dans d’autres tels que smokeleaf j’ai inventé un terme anglais pour... pour expliquer ce que c’était, voilà tout. On peut vraiment s’amuser avec l’anglais.

Quel est le personnage de votre livre est le plus proche de vous ?
PP : Hm! Je ne sais pas. J’aimerais être Lee Scoresby, mais je pense que je suis probablement l’un de ces vieux érudits titubant.

Holly, 12 ans
Avez-vous vu le film qu’ils ont fait à partir des Royaumes du Nord ? Pensez-vous que quelqu’un devrait faire un film La Tour des Anges ?

PP : J’ai aimé le film La Boussole d’Or, mais je l’aurais encore plus aimé s’ils y avaient gardé toutes les scènes qu’ils ont filmé. Ils ont tout filmé jusqu’à la fin du livre, et certaines étaient très réussies. Je pense que le film aurait été plus fort s’ils les y avaient mises. Quand à un film La Tour des Anges, ma foi, j’aimerais beaucoup.

Morag, 12 ans
Pourquoi avez-vous écrit une fin si triste à la trilogie ?

PP : Oh mon grand, je sais que c’est triste, mais je ne pouvais pas faire autrement. Honnêtement, je crois que tout autre final aurait été moins puissant.

Luke, 13 ans
Lee Scoresby tire-t-il son nom du pêcheur et auteur de l’Arctique William Scoresby ?

PP : Oui. Bien vu !

Naomi, 10 ans
Comment se situe Lyra vis-à-vis de Lucy dans Les Chroniques de Narnia ?

PP : Bon, ce n’est pas vraiment à moi de le dire. C’est aux lecteurs d’en parler s’ils le désirent. Mais je vais répéter ce que j’ai dis ailleurs : Lyra est une fillette très ordinaire. Le monde est plein de Lyra. Je ne peux susciter de véritable intérêt dans une histoire où le héros ou l’héroïne est “spécial” par certains aspects. Je sais que les sorcières disent que Lyra a une destinée spéciale, mais ceci est hors de son monde. Elle n’a aucun talent spécifique, ni don, ni pouvoirs.

Adam, 16 ans
Etes-vous particulièrement attaché à certains personnages ?

PP : Oui, je suppose. Ce serait une mauvaise idée de dire lesquels, cela dit : demanderiez-vous à une mère: "Maintenant dites-moi, Mme Perkins, lequel de tous ces beaux enfants aimez-vous le plus?"

Comment vous y prenez-vous pour écrire ? Avez-vous des conditions particulières pour votre environnement de travail ou pouvez-vous écrire n’importe où à toute heure ?
PP : Je le peux s’il le faut. Mais mes lieu et horaires idéaux sont mon bureau, le matin et en début de soirée. Les après-midi, c’est plus dur. Ça l’a toujours été.

Quels sont vos conseils pour les aspirants écrivains ?
PP : Il y a plusieurs choses que je pense importantes à savoir pour les aspirants écrivains. Quand j’étais jeune je lisais toutes sortes de conseils de ce genre et je pensais que c’était des bêtises. Plus tard, j’ai compris comme certaines choses étaient importantes, et je vais en donner trois.
D’un : travaillez chaque jour. Prenez l’habitude. Ecrivez quand vous n’en avez pas envie, quand vous venez de rompre avec votre copine ou copain, quand vous êtes patraque, quand vous avez du travail à faire. Le travail en premier. L’habitude est votre plus grande alliée. Prenez l’habitude d’écrire quand vous êtes jeunes et cela vous restera. Seize ans est un très bon âge pour s’y mettre.
De deux: trouvez-vous une manière pour écrire (lieu, heure, l’outil pour écrire, une lampe de bureau, etc) qui vous convienne, et insistez pour vous y tenir.
De trois : n’écoutez personne vous dire que vous devriez étudier ce que le public veut pour le lui donner. Il ne sait pas ce qu’il veut, sinon il l’écrirait lui-même. Ce n’est pas son boulot de vous dire quoi écrire. C’est le vôtre d’écrire quelque chose à laquelle il n’aurait jamais pensé et de le lui offrir. Bonne chance !


Merci à Soldat Bleu pour son aide précieuse dans la traduction.

Détails
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Jeudi 03 Mars 2011 - 21:21:29
Haku
Source : The Guardian
Ce document a été écrit ou traduit par son auteur pour Cittàgazze. Si vous souhaitez utiliser ce document sur votre site, intégralement ou non, veuillez s'il vous plait en faire la demande à l'auteur et placer un lien vers Cittàgazze.
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