Menu
Rendez-Vous
A la Croisée des Mondes
Philip Pullman
Cittàgazze
Partenaires

btts

  Follow Twittagazze on Twitter  Follow Instagazze on Instagram

menuAccueilForumEncyclopaediaTchatF.A.QMeetingmenuLangue en menu
 
Du temps où Stoppard était scénariste :.
Samedi 27 Novembre 2010 - 18:16:01 par Haku - Détails - article lu 2088 fois -

Read in English


Du temps où Stoppard était scénariste

Trois ans après la sortie de La Boussole d’Or et ses divers déboires, Cittàgazze s’est intéressé aux prémices du projet, afin de comprendre à quoi le film aurait pu ressembler. Si Chris Weitz a finalement assuré la réalisation et le scénario, le script avait été initialement confié à Tom Stoppard. A quoi aurait ressemblé cette version et comment le scénariste lauréat d’un Oscar a-t-il été débarqué du projet ? Petit retour en arrière...

Par Haku - www.cittagazze.com
27 NOVEMBRE 2010


En mai 2002 (1), alors que les droits d’adaptation de la trilogie A la Croisée des Mondes sont acquis par New Line depuis seulement février (2), Tom Stoppard est engagé par le studio pour écrire le script d’un premier film. Stoppard est un auteur reconnu de théâtre et de cinéma, qui a notamment signé l’adaptation à l’écran d’Empire du Soleil de JG Ballard (filmé par Spielberg en 1987) et le scénario de Shakespeare in Love, lauréat aux Oscars en 1998. Stoppard commence par aller chez le libraire : « Je connaissais la trilogie de Philip Pullman mais sans encore l’avoir lue. Quand j’ai été approché pour écrire le film, la première chose que j’ai voulu faire a évidemment été de lire les livres ; et j’ai trouvé le premier particulièrement absorbant – un livre très inventif et plein d’imagination et j’ai été aussitôt enthousiasmé à l’idée d’en écrire l’adaptation ». Quelques mois et trois versions plus tard, le script est remis à New Line (3) alors qu’aucun réalisateur n’est encore assigné au film. Mais Stoppard n’en réfléchit pas moins au second livre (4).

Le scénario remis est un pavé de 178 pages (5) fort différent de ce que le film a été (ou aurait du être). Les rares journalistes à avoir pu tenir ledit script entre leurs mains* lui reconnaissent certaines qualités indéniables : ce dernier « passe en revue l’essentiel des points principaux de l’intrigue du livre, et de ce point de vue, il aurait fait un bien meilleur film. (...) Il colle à la nature impertinente de Lyra et à celle implacable d’Asriel ; il rend limpide l’intense relation entre un être humain et son daemon dans le monde de Pullman, ce qui le film rate totalement ; et met en avant les enjeux de l’histoire. Stoppard avait déjà entamé l’atténuation des éléments envers la religion, mais son script contient de longs discours d’Asriel et d’un cadre du Magisterium au sujet de la Chute. Et il rend évidents les projets d’Asriel de mener une guerre contre l’Autorité (5)». Dans ce contexte, il semble acceptable que Pullman, aux côtés de la productrice Deborah Forte, reconnaisse (bien après l’éviction de Stoppard) qu’il « aimait bien » ce traitement originel (6). Mais le travail fourni a des défauts non négligeables et Pullman précisera en fin de compte, à la sortie du film, que Stoppard « s’intéressait aux discussions entre vieillards barbus ; des discussions qui n’importaient que dans la mesure où elles concernent Lyra » (7). Les journalistes précédemment évoqués enfoncent même le clou : « Le film aurait été pompeux, un brin ennuyeux, et bien trop long », avec «des représentations maladroites des différents mondes ainsi que des passages de prévisualisations du second livre (5) », confirmant l’arrivée anticipée de Will et la titularisation du père McPhail comme grand méchant, deux informations circulant à l’époque sur les sites de fans (3).

Sur ce sujet, Stoppard avait d’ailleurs expliqué au Guardian que sa première version du scénario était effectivement plus axée sur l’intellectuel que l’action : « Les références de Philip qui allaient de la physique des particules au Paradis Perdu m’attiraient ; elles m’attiraient même trop. (...) On m’a demandé, à juste titre, de recentrer le script sur Lyra. Le travail se compliquait à mesure que la trilogie progressait car Philip fait nombre d’ellipses spatio-temporelles. Cela ne dérange pas le lecteur qui ne remarque rien, mais c’est plus compliqué pour un film. J’ai écris un scénario qui mène l’histoire jusqu’aux prémices du second livre, et aussi une ébauche de ce que seront les second et troisième films. De ce que j’ai entendu, tout le monde semblait satisfait, mais il n’y avait à cette époque aucun réalisateur sur le projet. Depuis six mois, il y en a un et il aime écrire ses propres scénarios. Je n’en sais pas plus (8) ».

En effet, l’inconnu Chris Weitz envoie contre toute attente à New Line un mémo de 40 pages présentant sa vision de l’œuvre. Nous sommes en mai 2004 et le studio enthousiasmé lui offre alors le fauteuil de réalisateur. Mais cette arrivée inattendue se télescope avec le script de Stoppard car New Line, impressionnée par le traitement fourni par Weitz, suggère à ce dernier de produire son propre scénario. Le réalisateur d’American Pie, diplômé de littérature à Cambridge, se met au travail, mais refuse de lire le texte de Stoppard afin de ne pas en «pomper inconsciemment les éléments» (9).

De son côté, un an après avoir rendu sa copie, Stoppard n’est donc pas plus avancé. « Ils m’ont appelé pour dire 'Nous travaillons désormais avec Chris Weitz et pensons faire un accord avec lui. Nous vous demandons de ne plus travailler sur le script jusqu’à ce que nous reprenions contact'. Et je n’ai reçu ni mot, ni carte postale ni e-mail depuis ce temps » (10). En d’autres termes, « je pense que c’est une façon polie de dire tchao » expliquera Stoppard (11). Des craintes d’autant plus justifiées que dès fin juin 2004, la rumeur annonçait son débarquement du projet (12).

La situation finit par s’enliser et le flou règne quant au scénario finalement retenu. New Line décide de temporiser. Toby Emmerich déclare bientôt : «Si nous avions engagé Robert Zemeckis ou Steven Spielberg, cela aurait été différent. La question ne dépend pas de la qualité du script de Stoppard, elle dépend de la vision générale de Chris Weitz sur le livre ». Les fans se montrant dubitatifs devant l’explication sibylline, la compagnie envoie à BridgeToTheStars.net et HisDarkMaterials.org (deux sites anglophones majeurs sur la trilogie) un communiqué d’apparence limpide : « Nous avons un respect absolu pour Tom Stoppard et ses contributions au projet. Toutefois, car Chris Weitz est un réalisateur et un scénariste à la fois, nous trouvons important de lui offrir l’opportunité de donner vie à sa propre vision. Après avoir rencontré Chris, l’auteur de la trilogie Philip Pullman a convenu avec nous que Chris était l’homme de la situation. Il a été nommé à l’Oscar et a une excellente prise en main sur l’œuvre ; aussi nous sommes confiants en sa capacité à rendre justice à l’œuvre à l’écran» (13). Une jolie formulation pour dire que Weitz est le nouveau scénariste.

Les raisons du choix s’avèrent en fait plus cruelles quand un cadre européen de New Line avoue sans langue de bois à HisDarkMaterials.org que Tom Stoppard «allait dans une direction que nous ne souhaitions pas prendre. C’est aussi simple que cela. Il s’intéressait à la science, à la physique, et au Magisterium. Et tout comme Philip, nous pensions qu’il s’agissait d’une histoire tournant autour de Lyra » (13).

New Line retient donc la version de Weitz et Stoppard reste sur le quai sans qu’on pense vraiment à l’en prévenir ni même à le créditer au générique du film. Un scénario rejeté qui l’a «convaincu de ne plus (s)’impliquer sur des films où aucun réalisateur n’est attaché » (14). Pour l’histoire, Weitz a ensuite rédigé un scénario de 156 pages (5) et tourné le film comme il l’entendait. Puis New Line a débarqué avec ses grands souliers, a brusquement sorti un rouleau de scotch et un sécateur un mois avant la sortie pour un résultat tronqué et dénaturé. Les suites seront « mises en suspens », et si un scénariste est engagé pour travailler à leur script, c’est Hossein Amini (15) et non pas Stoppard, démontrant la capacité de New Line à tenir ses promesses...




________________________________________
* le fichier du scénario en lui-même n’a toutefois pas filtré sur le web à notre connaissance.

Références
(1) Communiqué de presse original, 11 février 2002.
(2) The Guardian, 17 mai 2002.
(3) BridgeToTheStars.net
(4) Times Online, 15 décembre 2003.
(5) NYMag.com, 7 décembre 2007.
(6) HisDarkMaterials.org, 24 mars 2007.
(7) The Atlantic, décembre 2007.
(8) The Guardian, 24 novembre 2004.
(9) Empire, decembre 2007, via Wapedia
(10) New York Times, 23 novembre 2004.
(11) Times Online, 12 novembre 2004.
(12) Cittagazze.com, 4 juillet 2004.
(13) HisDarkMaterials.org, 28 janvier 2007
(14) The Independent, 24 mars 2008.
(15) ComingSoon.net, 5 janvier 2007.

     Discutez-en sur le forum :)   Discutez-en sur le forum :)     
Détails
[phpBB Debug] PHP Warning: in file /var/www/vhosts/cittagazze.com/httpdocs/article.php on line 78: Undefined array key "type"
Samedi 27 Novembre 2010 - 18:16:01
Haku
Source : Cittàgazze
Ce document a été écrit ou traduit par son auteur pour Cittàgazze. Si vous souhaitez utiliser ce document sur votre site, intégralement ou non, veuillez s'il vous plait en faire la demande à l'auteur et placer un lien vers Cittàgazze.
Ce document est mis à disposition sous un contrat Creative Commons.

publicit?  

Le Papillon Tatoué

  publicit?