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Phil Hawkins revient sur Le Papillon Tatoué :.
18 Octobre 2009 - 21:32:11 par Haku - Détails - article lu 2236 fois -

Phil Hawkins revient sur le Papillon Tatoué



Fast, Cheap Movie Thoughts : Quelle était votre place dans le cinéma avant que vous ne réalisiez Le Papillon Tatoué ?

PHIL HAWKINS: J’ai toujours pensé que j’étais l’une de ces heureuses personnes qui ont toujours su ce qu’elles voulaient faire donc j’ai pu commencer très tôt. J’ai réalisé mon premier court-métrage à 13 ans au collège. Il n’était pas très bon, mais comme aucun cours de formation ne m’était disponible, ce fut le début d’un auto apprentissage de toutes les ficelles du métier du cinéma. J’ai réalisé un tas de courts-métrages et j’ai pris part à beaucoup de ces challenges du type 48 heures pour réaliser un film. J’en ai remporté quelques unes également. C’était peut-être la meilleure « école du cinéma » que je pouvais avoir. Regarder des films, essayer de réaliser et d’écrire des films moi-même. J’étais accroc.

A 17 ans, j’ai remporté une place au projet de mentorat de la BBC, où chaque semaine, je travaillais sur des programmes divers et variés. J’ai réussi à obtenir £1000 de leur part pour réaliser un court-métrage plus ambitieux. C’était génial d’avoir enfin un peu de fond pour essayer de concrétiser à l’écran ce qui était dans ma tête. J’ai réalisé un court-métrage appelé The Dotted Line qui m’a fait remarquer auprès d’une compagnie publicitaire.

Je suis donc tombé dans la pub. Je n’avais jamais pensé – quand j’ai débuté dans la réalisation- que je dirigerais un jour des publicités mais le bénéfice était immense. Je comprends à présent pourquoi tant de grands réalisateurs proviennent (et restent) dans la publicité. Elle affine vraiment votre œil parce que chaque instant compte dans un spot de 30 secondes. L’argent n’était pas plus mal non plus – il m’a permis de continuer à réaliser de plus en plus de courts-métrages narratifs.

Il a pourtant fallu un peu de temps pour obtenir cette première exploitation commerciale. Au cours des quelques années précédant ma première expérience professionnelle en tant que réalisateur, j’ai commencé tout en bas. J’ai été courrier, opérateur cassette vidéo, assistant caméra, 3ième assistant réalisateur, second assistant réalisateur et j’ai été 1er assistant réalisateur sur les spots pendant un certain temps aussi. Cette expérience était inestimable. Il n’y a rien de mieux pour gagner le respect d’une équipe que de travailler vous-même. Les personnes qui tombent d’emblée dans la réalisation semblent toujours manquer de quelque chose. Après tout, en tant que réalisateur, comment êtes-vous supposé obtenir le meilleur de vos techniciens, de votre équipe, si vous n’avez aucune idée de ce qu’ils font?

Mon autre petit conseil pour tous ceux qui veulent entrer dans la réalisation est de jouer ! Vous ne devez pas forcément être bon à ça (ni même apprécier spécialement) mais ça vous offre une idée inestimable sur la façon dont les acteurs pensent. Ça fera de vous un meilleur réalisateur. J’ai joué dans un assez grand nombre de pièces de théâtre par le passé, et ça m’a vraiment plu. La question n’est pas de savoir si j’étais bon ou mauvais mais l’expérience n’avait pas de prix ! Les acteurs me respectent d’avantage sur scène en apprenant que j’ai joué et que je peux leur parler comme un acteur plutôt que comme une personne qui se cache derrière un moniteur, effrayé par tous ces gens qui vont faire ou défaire votre film. C’est incroyable de voir le nombre de réalisateurs que j’ai rencontrés qui ne savent pas diriger les acteurs !
Mon premier long métrage – Les Femmes de Troie - arriva quand mon ancien college a pris contact dans l’idée de réaliser une adaptation cinématographique d’une pièce de théâtre classique grecque d’Euripide, Les Troyennes. Ils avaient obtenu assez d’argent du gouvernement pour devenir la meilleure école de théâtre du pays et ont été invités à l’utiliser pour éduquer les autres collèges.

Avec Euripide et Femmes de Troie – que chaque jeune comédien a dû étudier — il n’y avait pas beaucoup de supports pour permettre aux gens de se familiariser avec la langue difficile et le texte. Si vous étudiez Shakespeare, vous pouvez toujours regarder l’un des nombreux films qui existent pour comprendre l’histoire. Avec Femmes de Troie il n’y avait qu’un seul film des années 70 disponible… alors nous avons décidé d’en faire un. Tourné en DV avec une échéance de fou d’à peine quatre jours, le film est sorti en DVD et s’est vendu comme des petits pains aux écoles, collèges et universités du monde entier. Il a été jusqu’à remporter la meilleure Direction au Festival du Film Indépendant et de la Vidéo de New York en 2006, ce qui était incroyable. Je n’imaginais jamais que j’irais au festival, et encore moins pour y gagner quelque chose !

Quelle est la meilleure chose que vous avez tirée de votre expérience à On the Lot (émission de téléréalité américaine mettant en scène des réalisateurs, NdT) ?

PHIL: Ah, On the Lot. C’était une expérience à la fois surréaliste et bizarre. Vous savez, avant que j’aille au Show je n’avais jamais imaginé terminer parmi ces gens sur un plateau de téléréalité, mais quand c’est Steven Spielberg qui appelle, vous n’allez pas refuser.

La meilleure chose que j’ai apprise relevait plutôt d’une leçon personnelle. Être à l’émission m’a fait réaliser tout ce que je connaissais de la réalisation. Oui, j’ai réalisé un film à faible budget et des courts métrages, mais sous des contraintes de temps extrêmes. Dans cet environnement j’étais beaucoup plus capable de résister que la plupart des autres participants.

Le problème était qu’être bon a causé ma perte. Je ne me battais pas avec les autres réalisateurs, je les respectais. Je ne manifestais pas de pression ou de stress parce que je crois qu’un directeur doit toujours être calme sous la pression. Ça ne correspondait pas à de la grande téléréalité donc je n’ai pas récolté un temps d’écran massif pour permettre à l’audience de me connaître et de voter pour moi. J’étais aussi le seul réalisateur britannique du plateau et comme ce n’était pas diffusé dans mon pays, je n’avais pas une base automatique de fans votant pour moi, composée d’amis, de la famille.

Cependant, je me suis fait certains bons amis sur le plateau. Il y avait certains réalisateurs vraiment doués sur scène et des gens qui réaliseront de grandes choses. C’est aussi une expérience à raconter à mes petits-enfants !

Comment en êtes-vous arrivé à vous impliquer dans The Butterfly Tattoo ?

Phil: J’ai été approché par les producteurs qui on demandé à voir une copie de ma bande démo via mon site (www.philm.co.uk – un autre outil indispensable du réalisateur !) mais ils étaient au départ très cachottiers quant au projet.

Je reçois beaucoup de demandes de bande démo par l’intermédiaire du site et il est parfois difficile de déterminer celles qui mèneront véritablement à un emploi. Ils étaient mystérieux quant au projet réel parce qu’ils étaient encore dans le processus d’obtention de la signature de l’auteur sur les contrats et des droits pour faire le film. Après avoir vu ma bande démo qu’ils ont vraiment appréciée, l’un des producteurs – Rik Visser de Dynamic Entertainment – m’a envoyé un courriel m’avisant qu’il s’agissait de l’adaptation d’un livre et demandant si j’avais « entendu parler de Philip Pullman » ?

Sur le coup j’ai pensé « Waouh, je dirige La Boussole d’Or ! » mais il s’avérait plutôt être l’un de ses premiers livres, Le Papillon Tatoué (également appelé The White Mercedes). Je l’ai acheté, lu et ADORE ! C’était l’idéal pour moi. Il y avait de la romance, du drame, du suspense, de l’action – tout d’une grande tragédie Shakespearienne inspirée de Roméo et Juliette. C’était l’occasion idéale pour me permettre de montrer ce que je pouvais faire avec un plus gros budget et pour faire un film qui était vraiment moi. Ça ne doit pas paraître égoïste, tous les réalisateurs ont besoin de se placer dans un film, pour lui offrir leur spin émotionnel et intellectuel afin de lui donner du cœur. Je savais que si j’obtenais ce job, ce serait le début de ma carrière pour les long-métrages.

Je pense qu’ils avaient aussi d’autres réalisateurs en vue, les producteurs m’ont demandé d’écrire un court traitement détaillant comment j’imaginais le script et le type d’adaptation que j’envisageais. Après tout, nous ne partions de rien. Aucun script n’avait jamais été écrit. J’étais inspiré et obsédé. J’ai rédigé un document de pro sur ma façon d’envisager le développement de l’histoire, les images, les références cinématographiques, le panneau d’humeurs – tout ce qui me passait par la tête afin de coucher toutes mes idées sur le papier. Il y avait plus de 50 pages ! Je pense qu’ils étaient vraiment emballés par mon intérêt pour l’histoire, pour les personnages et, heureusement, nous étions tous – pardonnez-moi le calembour - à la même page du film que nous voulions faire. Le document devint ce que nous appelions ‘le projet zéro’ et nous l’avons utilisé tout au long de la pré-production, afin d’engager le scénariste – l’excellent Stephen Potts et son premier scénario – puis de développer ce script et d’autres éléments.

Dans quelle mesure étiez-vous impliqué dans l’obtention des droits d’auteurs de Philip Pullman ?

PHIL: L’obtention des droits de Philip et de ses éditeurs était déjà en cours alors que je venais d’arriver à bord. Là je n’ai aucun mérite, ce fut toute la tâche difficile du producteur. Rik Visser envisageait de faire une adaptation du Papillon Tatoué des années avant une quelconque implication de ma part. Les droits ont été acquis après que les producteurs ont présenté une façon très pédagogique de faire le film qui intéressa Pullman. Le film a servi à initier les gens au monde du cinéma et à offrir une plateforme aux nouveaux talents pour qu’ils montrent ce qu’ils peuvent faire. Guidés par des professionnels du département, la majorité de l’équipe étaient des stagiaires ou des gens qui caressaient la chance d’entrer au cœur de l’industrie et aucun d’entre eux n’était là pour servir le thé. Ils avaient une quantité énorme de responsabilités et un apprentissage rapide à assimiler, mais ils étaient tous brillants. Les acteurs aussi.

Aucun des acteurs de ce film, et particulièrement les rôles principaux Duncan Stuart et Jessica Blake, n’avaient encore eu l’opportunité d’interpréter des rôles pareils dans un long-métrage auparavant. Même s’ils étaient des nouveaux venus (je n’aime pas vraiment le terme « inconnus ») ils ont vraiment enfilé des rôles peu évidents du point de vue émotionnel.

Comment avez-vous financé le film et qu’avez-vous retenu du processus ?

PHIL : le film a été financé de façon tout-à-fait intéressante. En gros, n’importe qui avec 50€ pouvait devenir un investisseur et acheter une part dans le film. Il a été intégralement financé via internet. Les producteurs ont imaginé cette manière astucieuse de financer le film et, possédant un grand sens des affaires, sont venus avec toute la paperasse et le système de parts à l’appui.

Étonnamment, nous avons récolté tout l’argent en seulement deux jours par le biais du site en ligne. Le Financial Times a tiré un petit article en première page sur le film et son processus de financement, qui a vraiment poussé beaucoup de sociétés et de particuliers à investir dans le film.

Il y a beaucoup plus de détails sur le processus de financement sur le site où n’importe quel réalisateur intéressé peut télécharger la brochure d’investissement (www.thebutterflytattoo.co.uk – cliquez sur tbt project) pour en savoir plus. J’étais très occupé par les éléments créatifs du film de sorte que je n’ai pas vraiment été impliqué dans le processus de financement.

Vous portiez une double casquette sur le film – réalisateur et monteur. Quels en sont les avantages ? Et les inconvénients ?

PHIL : Je suis très perfectionniste et, à tort ou à raison, je ne sais pas en démordre ! Sur l’ensemble de mes précédents courts métrages, de mes clips et même sur beaucoup de mes spots publicitaires, j’ai été le monteur principal de sorte que la progression apparaissait naturelle. J’ai aussi monté Femmes de Troie (mais parce que nous n’avions pas de sous pour un monteur !).
J’aime vraiment le processus de montage et tremper mes mains dans les rushes. J’aime m’amuser avec les interprétations, les séquences et la structure dans le montage… Le film prend vraiment vie. Je ne tourne pas de plans additionnels quand je filme. Bien que j’aie l’œil ouvert à différentes interprétations ou idées sur scène, mes story-boards sont très précis. J’ai acquis cette mentalité de monteur avec tous mes autres films, cela signifie que je ne tourne jamais quelque chose que je sais que je n’utiliserai pas. Ça permet d’accélérer les choses sur scène pour consacrer plus de temps aux plans que j’utiliserai vraiment.
Le processus de montage est à mon goût l’ultime pièce du puzzle, pour ainsi dire. J’arrange les séquences ensemble telles qu’elles étaient déjà assemblées dans ma tête lors du story-board.

Cela dit, j’ai énormément appris du montage du Papillon Tatoué. J’avais un monteur extrêmement doué – Daniel Greenway – effectuant un sévère découpage du film pendant que je filmais et il a apporté quelques grandes idées qui persistent dans le découpage final. Ce sont des idées auxquelles je n’aurais jamais songé parce que je ne me détachais pas de la façon dont j’avais tourné la scène pour y couper quoi que ce soit.

Même si je n’ai pas tourné de plans additionnels, Daniel s’est arrangé avec les rushes de manière à apporter une nouvelle lecture. Cependant, je crois qu’en tant que réalisateur/monteur, votre relation avec les scènes planifiées et tournées doit toujours être très intime. Je pense être capable d’ôter ma casquette de réalisateur pour enfiler celle de monteur, afin de prendre les bonnes décisions pour l’histoire et non pas pour le cinéaste, et avoir vu ce que Daniel a réalisé m’a appris à travailler avec des monteurs et a permis une nouvelle conception lors du montage. Ce sera une expérience frustrante lors de mon prochain long-métrage mais je pense que je m’y ferai pour le bien du film.

Et finalement, qu’avez-vous retenu de la réalisation du film à exploiter dans des projets à venir ?

PHIL : Je sais que je suis un meilleur réalisateur à bien des égards depuis Le Papillon Tatoué. Je pense que chaque réalisateur devrait apprendre quelque chose des films qu’il fait. J’apprends constamment. C’est ce que j’aime dans ce travail. Le jour où je ferai un film en étant convaincu que je ne pourrai jamais faire mieux, j’arrêterai.

Le Papillon Tatoué était un véritable défi pour moi, mais je n’avais pas peur. J’étais plus excité par la perspective d’avoir enfin la chance de montrer ce que je savais faire, et d’obtenir mes galons de réalisateur. Je pense que ce que j’ai mentionné quant à travailler avec des monteurs est quelque chose que je vais sûrement intégrer lors de mon prochain film.

Je crois que j’ai aussi prouvé que la persévérance paie finalement! J’ai vraiment rendu ce film aussi cinématographique que possible malgré son modeste budget en portant chaque centime à l’écran. Je pense qu’il semble beaucoup plus cher qu’il ne l’a été ! Le film est allé remporter deux prix du meilleur film, un prix de Meilleure Adaptation et j’ai encore gagné le prix du Meilleur Réalisateur au Festival du Film Indépendant et de la Video de New York en 2008 – la même récompense que j’avais eue pour Femmes de Troie en 2006.

J’ai également passé plus de neuf mois à tenter de faire projeter le film dans les salles de cinéma du Royaume-Uni et finalement, après BEAUCOUP de persévérance, je me suis directement adressé aux exposants et le film aura enfin la sortie qu’il mérite !


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Traduit pour Cittàgazze par Soldat Bleu.

Détails
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18 Octobre 2009 - 21:32:11
Haku
Source : Fast, Cheap Movie Thoughts
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