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D’un Oxford à l’autre His Dark Materials sur les planches d’Oxford :.
Vendredi 08 Mai 2009 - 17:32:07 par Haku - Détails - article lu 40412 fois -

D’un Oxford à l’Autre



D’un Oxford à l’autre
His Dark Materials sur les planches d’Oxford




”affiche
OXFORD. L’Oxford de Lyra. L’Oxford de Will. Si proches et si loin, mais qui se confondent si facilement en se promenant au détour de colleges centenaires, de tours crénelées, et de chapelles aux piques élancées vers le ciel ! S’il y a bien un endroit symbolique de la trilogie A la Croisée des Mondes, c’est cette cité. Aussi, quand il m’a fallu choisir dans laquelle des sept villes anglaises j’irais assister à la production du Birmingham REP adaptée de l’œuvre de Philip Pullman, Oxford a été un choix immédiat complètement évident…

Mine de rien, se trouver dans une salle de théâtre, à l’étranger, et patienter en scrutant une scène où, seul, un banc occupe les planches en l’attente des acteurs, ça a quelque chose d’étrange. Et c’est d’autant plus excitant lorsqu’on a attendu ce moment-là pendant plusieurs années. Autant donc le dire d’emblée, mon point de vue est forcément biaisé ; aucun espoir d’appréhender pour moi cette pièce avec les yeux d’un néophyte.
Est-ce que j’ai aimé ? Bien sûr !


”Will Cette adaptation de la trilogie est une vraie réussite dans la mesure où elle réussit à renouveler une nouvelle fois une longue et complexe histoire pour la faire tenir sur une scène de quelques mètres carrés, en la narrant de bout en bout, certes différemment des livres et éventuellement de façon déroutante, mais en en gardant l’essence, la dimension, le foisonnement et l’intérêt.

Alors évidemment, lorsque dans l’enceinte de l’Oxford Playhouse une cloche se met à sonner les douze coups de minuit à Magdalen College, que les lumières s’éteignent et que Will et Lyra, âgés de 20 ans et assis sur un même banc mais dans deux mondes différents se mettent à se parler de leurs souvenirs… c’est tout un tas de frissons qui surviennent : un univers connu renaît sous nos yeux. La fin survient dès le début, on nous l’annonce d’emblée : on sait les deux jeunes séparés. Will introduit subtilement le concept de daemon, mais Lyra évoque déjà Mrs Lonsdale… La gouvernante débarque alors sur scène, rudoyant Lyra qui rajeunit en un clin d’œil pour redevenir l’enfant de douze ans sauvageonne. Elle nous emporte ainsi avec elle quelques années plus tôt, au début de l’histoire tandis que Will s’éclipse de la scène : nous sommes alors partis pour les six heures que durera la pièce, en deux parties séparées par un intervalle de deux heures.

Si l’histoire reste la même, les nuances y sont multiples et parfois assez conséquentes. Mary Malone et les Mulefas ne font pas même l’ombre d’une apparition, Lee Scoresby a un rôle assez restreint, Fra Pavel et Frère Jasper (équivalent globalement à Gomez) prennent des dimensions plus conséquentes, Fra Pavel (encore) et le Maître payent de leur vie leurs faiblesses, l’arrivée à Trollesund passe par une ellipse relativement brutale, etc. Pourtant, l’histoire se tient bien et les éléments importants sont là pour que le cours des évènements reste cohérent. L’Eglise n’est pas épargnée. Pas de Magisterium dans cette pièce, les choses sont appelées par leur nom : ainsi, Marisa Coulter n’hésite pas à accuser les ecclésiastes de pensées impures en faisant référence à leur "obsession fiévreuse envers le sexe"…

”ALes personnages sont hauts en couleurs, globalement plus caricaturaux que dans les romans (les contraintes de temps obligent) mais portés par d’excellents acteurs. Asriel est un infect personnage sans une once d’amour et uniquement guidé par son ambition (John Hodgkinson est grisonnant, sa stature renforcée par un blouson militaire le rendant encore plus dominateur dans la seconde partie de l’œuvre). Marisa Coulter est plus autoritaire que glamour mais là encore, l’image colle. Blonde (n’en déplaise aux vigoureux défenseur des cheveux noirs…) et impétueuse, n’hésitant pas à se mettre en sous-vêtements pour arriver à ses fins. Manipulatrice, conspiratrice, faisant ce qu’elle veut de qui elle veut, c’est tout à fait l’insaisissable personnage des livres. Lyra et Will sont eux aussi à la hauteur de leurs rôles tandis que Lee tout autant qu’Hester brillent dans leur prestation.

”Lyra A l’inverse les anges ont des manières très franchement marquées rendant chacune de leurs apparitions plus comiques que ne le laissait envisager le texte de la pièce. C’est le même souci qui touche les Gallivespiens, représentés par de petites statuettes de bois d’une vingtaine de centimètres tenues à bout de bras un acteur arrivant sur scène à grand renforts de postillons (couverts par les rires du public) imitant le bruit du vol de la libellule en bois soutenant les petits personnages, puis donnant à ces derniers (Lord Roke, surtout !) une voix au potentiel comique indescriptible et presque déplacé. Ce portrait assez risible de personnages vantards (déjà présent au National Theater) risque de coller durablement dans le subconscient… Cela dit, ces apparitions surréalistes permettent de donner à une seconde partie de la pièce une touche d’humour malgré tout bienvenue dans le rythme infernal des évènements…

Mais il ne faudrait pas à côté de cela oublier les daemons et les ours polaires. Marionnettes pour les uns, costumes à structure pour les seconds. Les daemons, manipulés par un acteur sur scène, ondulent, se déplacent et s’expriment avec grâce, avec une impressionnante capacité d’expression. Pan, même s'il ne prend qu’une seule forme pendant la pièce (il est parfois prétendument caché dans une poche de Lyra), en est un bel exemple : la scène où il vient réconforter Will en léchant sa main blessée prend au travers du jeu de cette marionnette une dimension hautement symbolique… voire tendancieuse. Hester reste fidèle à elle-même, terriblement classe ; Stelmaria et le singe doré bien que partiellement représentés, n’en restent pas moins fortement présent. Iorek, enfin, représenté d’un masque d’ours auquel s’additionnent une structure montée autour d’un acteur en manteau de fourrure blanche et à la voix n’ayant rien à envier à celle de Ian McKellen, est lui aussi d’une présence imposante. On rira aux premiers instants devant la simplicité du costume, mais l’imagination prend très vite le relais et cet accoutrement bizarre devient bien un immense ours polaire sachant être terrifiant et attendrissant…

”En Ceci n’est qu’une illustration parmi d’autres de la simplicité à double tranchant de la mise en scène. On peut adhérer ou au contraire rester perplexe à plus d’une reprise. Les moyens mis en jeu se voulant plus modestes qu’au National Theater de Londres, ceci entraîne des trésors d’imagination pour représenter ce qui doit l’être. Une fenêtre entre deux mondes se voit représentée par un mur de lumière dont une portion carrée s’éteint soudain sous les coups de couteau pour laisser passer Will et Lyra ; les sorcières volent sur les barreaux des échelles qui traversent la scène, tout comme les harpies dans leurs étonnants costumes ; le ballon de Lee se devine avec des draps, la station de Bolvangar se symbolise par des rideaux industriels en plastique, Jordan College se limite à quelques tables et banc autour desquels gravitent des Érudits en costume ; les abysses du monde des morts sont délimités par des caisses sombres ; les cascades de Poussière sont des guirlandes lumineuses ; et enfin les espions mécaniques volants se limitent au seul bruit de leur vrombissement… La scène s’articule sinon sur deux niveaux ; celui des planches et celui d’une passerelle métallique noire qui en traverse toute la longueur. Des panneaux noirs viennent tantôt cacher un niveau ou l’autre, obstruer d’une porte une moitié de la scène ou dessiner des obstacles à la progression des personnages. Dit comme ça, tous ces détails peuvent faire sourciller. C’est somme toute un univers théâtral assez épuré mais qui fonctionne pourtant très bien, en se limitant juste à ce qui est nécessaire à l’histoire. L’imagination complète tout simplement le reste.

De la musique vient enfin relever le tout par moment, donnant un peu plus de puissance aux ambiances et actions sur scène. Je ne peux non plus oublier de mentionner un autre détail surprenant, à savoir la chanson des gitans, une sorte de refrain entonné avant que ces derniers ne se mettent en route (lisez ‘faire semblant de marcher en restant sur place, en groupe, face au public) vers les étendues glacées du Nord.

”Lyra Au final, le temps passe vite et on nous livre en six heures les 1300 pages de la trilogie sur un plateau. Ce n’est pas l’œuvre au pied de la lettre ; ce n’est pas le film non plus – la pièce a l’immense avantage de traiter l’œuvre dans son intégralité ce qui change absolument tout – mais c’est pourtant une nouvelle fois la même histoire qui nous est racontée, d’un autre point de vue, avec une sensibilité différente mais une richesse indéniable. Racontez-leur des histoires, se voyait dire Mary Malone dans Le Miroir d’Ambre. C’est ce qui se passe sur les planches : on nous raconte une histoire que l’on connaît, mais peu importe, c’est un vrai plaisir de la réentendre, de la redécouvrir et de la digérer différemment à nouveau. Alors est-ce que ces six heures valaient de traverser la Manche quitte à manquer quelques répliques du fait de ponctuelles résistances à la barrière linguistique?
Oui, définitivement.

”L’Oxford

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Vendredi 08 Mai 2009 - 17:32:07
Haku
Source : Cittagazze.com
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