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Une bande originale en or :.
Mercredi 21 Novembre 2007 - 17:47:12 par Haku - Détails - article lu 1879 fois -

Une bande originale en or





Introduction



Durant ces dernières années, HisDarkMaterial.org a rapporté de nombreux événements quant à la production du film La Boussole d’Or. Malgré cela, il restait un aspect qui n’avait pas été traité : la bande originale. Depuis l’annonce de la nomination d’Alexandre Desplat en tant que compositeur, pas un seul article n’a été publié afin de réellement éclairer son travail pour le film. Etant donné que la bande originale est l’un des principaux piliers d’un film, nous sentions qu’il était temps d’obtenir les réponses à nos questions auprès de celui qui les connaissait le mieux : Alexandre Desplat lui-même.



Qui est Alexandre ?



Alexandre Desplat est né à Paris, le 23 août 1961 d’une mère grecque et d’un père français. En 1985 il fait ses premiers pas dans la composition de bande son pour le film Ki lo sa ?. Plus récemment, il a composé la musique de The Queen (film pour lequel il a reçu une nomination aux Oscars), Syriana et The Painted Veil (film pour lequel il a gagné un Golden Globe).



Un compositeur original



Lorsque l’on liste les compositeurs de films, il se peut que ce ne soit pas le premier nom qui vienne à l’esprit. Les participations de Hans Zimmer (Gladiator, Pirates des Caraïbes), James Newton Howard (Blood Diamond, King Kong), Harry Gregson-Williams (Le Monde de Narnia, Shrek) ou encore Steve Jablonsky (Transformers, Desperate Housewives) sont plus courantes dans les blockbusters. La bande originale de Desplat s’approchant le plus de ces stéréotypes serait celle de Firewall, même si elle reste très éloignée de bandes originales comme celle de Transformers.



Ce fait est à la fois un avantage et un désavantage. Un désavantage parce qu’il pourrait ne pas produire la partition héroïque que tout le monde attend pour accompagner un film tel que La Boussole d’Or. Un avantage car sa manière originale de composer les bandes originales pourrait conduire à un son non seulement épique mais aussi riche et intriguant.



L’analogie avec le compositeur de la musique du Seigneur des Anneaux, Howard Shore, est évidente. Shore était sans doute un compositeur moins connu lorsqu’il a composé la musique de La Communauté de l’Anneau. Mais en dépit de cela, il a fini par composer trois des bandes originales les plus célèbres de l’histoire du cinéma et par obtenir un Oscar pour deux d’entre elles.



C’est pourquoi lorsque New Line a choisi Alexandre Desplat comme compositeur pour La Boussole d’Or, cela n’a pas surpris grand monde. Après tout, La Boussole d’Or n’est pas un film de fantasy stéréotypée, il est donc normal que la bande originale se démarque également.



Un étrange orchestre



L’histoire de La Boussole d’Or se déroule dans le monde de l’héroïne, Lyra Belacqua ; un monde comme le nôtre et néanmoins différent en bien des points. Cela ne signifie pas uniquement que le rendu visuel se doit d’être unique, mais également que style musical doit être caractéristique et original.



Alexandre s’est servi de ce qu’il appelle un ‘étrange orchestre’, un mélange des orchestres des XIXe et XXe siècles, avec de nombreuses variations d’instrumentation. Par exemple, le thème associé à Mrs Coulter contient de nombreux cuivres en sourdine, accompagnés au violon alto soutenu par un orchestre symphonique.



Il explique qu’il choisit toujours très prudemment les instruments, en essayant de les utiliser de manière originale, inhabituelle. Par exemple, le son ‘amical’ du piano est paradoxalement utilisé pour le thème de Ragnar, Desplat ayant utilisé six pianos à queue afin de restituer une énergie suffisante.



Leitmotivs



L’une des principales raisons du succès des bandes originales du VSeigneur des Anneaux est leur complexité. Comme chaque personnage possède son propre thème, ou leitmotiv, les musiques sont variées et uniques, chaque titre décrivant clairement une partie différente de l’histoire. Ecoutez juste un titre comme ‘Fort-le-Cor’, où le thème des Elfes est clairement inséré au milieu du morceau, annonçant leur arrivée.



A la Croisée des mondes se prête parfaitement à cette approche. L’histoire se déroule au moyen de moments fortement marqués, permettant à Desplat d’opter, à l’instar de Shore, pour un style wagnérien, riche en leitmotivs. Cela signifie que la musique n’aura probablement pas l’attrait si connu d’une Zimmerienne telle que celle de Batman Begins, mais produira peut-être une œuvre majeure couvrant les 1300 pages d’un des plus grands romans de nôtre temps ; bien qu’il soit plus facile de le dire que de le faire !



Inspiration



Lorsqu’Alexandre m’a parlé de son approche, j’ai fait la remarque que les adaptations [du roman, NdT"> en pièce de théâtre et pour la radio utilisaient également des leitmotivs, et je lui ai demandé s’il avait entendu l’un ou l’autre. Il a répondu qu’il n’avait jamais entendu ces musiques, mais qu’il avait subi quelques autres fortes influences. L’une d’entre elle est Pierre et le Loup, qui n’est pas seulement un œuvre de Prokofiev basée sur le leitmotiv, mais aussi une l’histoire du voyage d’un enfant. John Williams exerce une influence évidente puisqu’il est l’un des premiers compositeurs à avoir composé d’aussi imposants morceaux à la Wagner.



D’autres grands noms ayant inspirés Desplat sont Maurice Jarre, compositeur des bandes originales de Lawrence d’Arabie et Docteur Jivago et Bernard Hermann, compositeurs de Citizen Kane et de Jason et les Argonautes. Ce sont là deux des plus grandes influences d’Alexandre Desplat ; comme il le rappelle, ils faisaient de ces ‘étranges, énormes, originales partitions’. Deux autres musiciens plus traditionnels l’ont également influencé : Jean Sibelius et Gustav Mahler, qu’Alexandre apprécie notamment grâce à sa ‘très large vision de l’orchestre’.



Thèmes



Alexandre Desplat et Philip Pullman se sont rencontrés en mai, à Cannes. Il se souvient que « la bande originale était encore très floue, il n’y avait pas encore de thèmes qui me satisfaisait vraiment. Les daemons devaient-ils avoir leur propre thème ? Fallait-il un contre-thème à chaque thème ? Finalement… non, d’une manière ou d’une autre chaque thème doit avoir un contre thème. Les daemons sont là. Les lignes mélodiques sont modelées pendant que, en arrière fond, beaucoup de choses se passent au sein de l’orchestre. C’est ainsi que l’on peut complexifier n’importe quel thème, en ajoutant des contrepoints. »



Il est difficile d’appréhender les grandes lignes de l’histoire puisque tous les acteurs ne sont pas physiquement présents. Probablement que l’acteur le plus important est la Poussière, mais nous n’avons connaissance d’Elle qu’indirectement. Cela n’a pas empêché Alexandre d’utiliser les cinq notes du thème de la Poussière comme base pour la bande originale : d’après lui, cela reflète la nature de la Poussière : c’est profond, pur, mystique, rayonnant d’une puissance bienveillante. L’instrumentation se fait dans cette idée : l’orchestre joue par-dessus des gongs et des bols chantants tibétains [bol en bronze ou en cuivre dans lequel le musicien fait tourner un maillet afin de le faire vibrer, NdT">. Même si le thème n’est pas asiatique, l’influence est notable. Il résonne doucement, spirituellement ; conduisant l’auditeur dans une sorte de transe.



Lyra a une myriade de thèmes qui lui sont associés. Elle n’a pas seulement son propre thème, mais son courage a un thème et elle partage également un thème avec Roger. Les différents groupes ont tous leur propre thème, il y a donc un thème des Enfourneurs, un thème des Samoyèdes, etc.… Celui de Iorek contient du Cor d'harmonie - peut-être la cavalerie arrive-t-elle ?



Composer ces thèmes était en quelque sorte un ‘voyage pour trouver la bonne couleur’. Ce n’était pas simplement un problème de notes ou d’instruments. Alexandre explique qu’il ne voulait pas simplement d’un « accordéon à Paris » ; il faut que ce soit plus subtil, comme le poignard. Il faut différentes facettes, comme lorsque l’on mélange les couleurs. Et cela conduit à un thème des Gitans composé d’une kyrielle d’instruments, de la Darbouka arabe [percussion en terre cuite ou en métal, recouvert d’une peau de bête, NdT"> et du Taiko [tambour, NdT"> japonais jusqu’aux clarinettes des gitans roumains et aux mandolines italiennes.



Comme les Gitans sont semblables aux Hollandais, je demande s’il existe quelques éléments hollandais au sein de leur thème. Il rigole et me dit que les Hollandais n’ont que des tulipes et du fromage, pas d’instruments de musique. Je m’enquiers alors d’une possible utilisation de sabots ou de pièces de bois. Malheureusement l’idée ne fait pas mouche et Alexandre m’explique patiemment que ses Gitans sont plutôt construits sur le modèle des nomades dans le désert. C’est pourquoi la plupart des instruments utilisés pour leur thème reflètent plutôt la vie de nomade et de guerrier.



Desplat explique qu’il est amusant de remarquer que les thèmes ne sont pas statiques mais qu’il est possible de les fusionner afin d’indiquer les relations entre les protagonistes. Par exemple, lorsque Iorek et Ragnar combattent, le thème de Iorek monte d’une octave alors que celui de Ragnar en descend d’une. Cela indique clairement qui des deux combattants est le bon et qui est le mauvais.



Evidemment que ce n’est que le premier film des trois. Il n’y a qu’une petite fin et tous les personnages de La Boussole d’Or doivent être jugés dans ce contexte. Comme Alexandre l’explique, il faut se demander « Quel est le cheminement du personnage ? Est-ce qu’il change ? Que devient-il ? »



Dans les faits, cela signifie qu’un personnage comme Lee Scoresby ne peut pas se voir assigné un thème une fois pour toutes. Il n’a pas une présence récurrente dans le film, son thème n’est donc pas encore réellement là. Il prendra sa place et sa maturation dans certaines scènes de La Tour des anges. Desplat me confie prendre un grand plaisir à « imaginer comment la musique résonnera ».



Préférences



Certaines des scènes sur lesquelles il a travaillé ont particulièrement plues à Alexandre Desplat ; il s’agit notamment des scènes avec Lyra puisqu’il a pris un grand plaisir à travailler avec Dakota. « Cette jeune fille, affrontant tant de dangers ». Ses scènes avec Iorek sont d’autres sources de plaisir et les deux scènes qu’elle joue avec Mrs Coulter sont peut-être ses préférées. Premièrement la scène de l’arrivée de Coulter au dîner du College et deuxièmement la scène ou Lyra et Coulter se trouvent dans le Zeppelin. « [Ces scènes"> sont visuellement exceptionnelles, avec une dimension artistique à mourir… Kidman n’a jamais été aussi belle.» Il rigole : « Vous verrez quand vous entendrez la musique. »



Eureka



Je questionne ensuite Alexandre au sujet des scènes supplémentaires, par exemple celle où Asriel se fait capturer, et la manière de composer leur musique. Il m’explique que c’est comme un puzzle avec une pièce manquante : « La musique doit être en accord avec tout le reste du film et il suffit juste de trouver des liens. Il faut être lié émotionnellement et rythmiquement à la bande originale, il faut être en place »



Doutes



La Boussole d’Or est devenu un projet d’une telle ampleur qu’il a tendance à submerger ceux qui travaillent dessus. Je demande si il n’y a pas eu un moment où Alexandre a ressenti l’envie d’abandonner. Il me confie qu’il a bien sûr connu de tels moments ; après tout c’est la première fois qu’il participe à un si grand projet : « Il y’a une peur constante… Est-il possible de trouver toutes les grandes idées auquel tu rêves ? Peux-tu créer ce son épique Hollywoodien ? Tu as des doutes ; des jours sans aucune inspiration. »



Bien sûr, avec le projet toute la pression est dix fois plus forte. Je lui demande s’il pourrait décrire ça comme un Iceberg – tu peux le voir venir mais il y a encore 90% que tu ne peux pas voir. Tu ne peux pas savoir ce qui va émerger. Il me demande si ce n’est pas 66% que tu ne peux voir. Quoiqu’il en soit, il approuve la métaphore.



A portée de main



De nombreux scripts ont été réécris dans le film, certains pour le rendre plus accessible au public. Je lui demande s’il a été tenté de faire la même chose avec la bande originale. Desplat répond que le film a un haut niveau artistique et qu’il ne voulait pas composer une musique de bande annonce, car généralement on ne regarde la bande annonce qu’une seule fois ; son but est « d’offrir ce que l’audience désire ». Une fois qu’ils auront vraiment vu le film, ce sera quelque chose de totalement différent. « C’est un voyage très spirituel. En premier plan il y’a de l’action et des émotions ; on peut montrer ça dans une bande annonce. Mais derrière tout ça… l’histoire, tout comme la musique, est ésotérique et intrigante. »



Alexandre se demande si Star Wars ne fonctionne pas sur la même idée. Je note que A la Croisée des mondes ne tombe pas dans une simple histoire de bien et de mal. C’est quelque chose de nouveau, d’envergure et de sage. Il acquiesce en ajoutant : « Ce film ne donne pas de réponses, il pose juste des questions. Il laisse les gens en pleine réflexion au lieu de leur dire quoi penser. Ce n’est pas un film mannequin. Qui est complètement bon ? Es-tu toujours bon parce que tu es chrétien, musulman ou bouddhiste ? A chacun de trouver sa propre voie spirituelle.




Détails
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Mercredi 21 Novembre 2007 - 17:47:12
Haku
Source : HisDarkMaterials.org
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