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Philip Pullman sur les 1000 causes du Brexit :.
Lundi 27 Juin 2016 - 17:37:17 par Haku - Détails - article lu 1653 fois -

Philip Pullman sur les 1000 causes du Brexit
Les persiflements du racisme de Nigel Farage et les mensonges de Boris Johnson sont la conclusion d’une tragédie qui a démarré voici 70 ans.

La catastrophe a eu un millier de raisons. En voici quelques-unes.


Il y a la répugnance postcoloniale de notre pays à abandonner l’idée que nous sommes une grande nation, combinée à notre illusion de l’après-guerre que nous étions encore une grande puissance. C’est pour cela que nous avons refusé l’opportunité de rejoindre la Communauté Européenne du Charbon et de l’Acier en 1951. Et la crise de Suez en 1956 n’ayant pas suffisamment écorné notre engouement envers notre propre grandeur, nous avons refusé de rejoindre la Communauté Economique Européenne à sa création lors du traité de Rome en 1958. Si nous nous étions impliqués dans l’Europe dès le départ, avec tous les autres, nous aurions une conception bien plus profonde de notre véritable relation au continent, à savoir que nous en faisons partie.


Puis il y a eu le double « non » du général de Gaulle en 1963 et 1967, qui nous a maintenus à l’écart quand finalement nous pensions que ce pourrait être une bonne idée de rejoindre le mouvement. Dieu seul sait quelle pouvait bien être la cause de cette hostilité, mais il ne serait pas surprenant que sa personnalité irritable cultivait toujours un vieux ressentiment quant à son traitement par ce pays pendant la guerre.


Mais si nous n’avons pas eu la chance d’être membre de manière précoce, nous aurions pu avoir une bien plus grande influence dans la façon dont le projet européen s’est développé, et nous nous y serions bien plus sentis chez nous aujourd’hui. Au lieu de cela, nous étions ensorcelés (et certains de nos leaders le sont encore) par l’élucubration de la « relation spéciale » inventée par Winston Churchill et totalement ignorée par notre vis-à-vis, les Etats-Unis. Embringués dans la fascination de ce non-sens imaginaire, flattés et bercés d’illusions, nous nous sommes tournés du mauvais côté au cours des soixante-dix dernières années.


S’ajoutant à cela, il y a la folie de permettre à un milliardaire Australien de corrompre notre presse. Une partie de celle-ci l’était déjà (on pourra citer la lettre de Zinoviev, contrefaçon publiée par le Daily Mail pour assurer une victoire des conservateurs en 1924), mais voir à quel point a sombré l’immense majorité de nos journaux et la manière dont ceux-ci sont devenus rien d’autre que les porte-paroles de crachats xénophobes (« Up Yours Delors », publié par The Sun en 1990 - autrement dit « Va te faire voir, Delors », titre en une du journal dans le cadre de la création de la monnaie unique européenne, NdT ) est un miracle du monde civilisé.


Puis il y a l’inflexibilité obstinée du parti Travailliste. Révolté par les années Thatcher, je me suis encarté dans les années 1980 et ai incité le comité local à s’allier aux Libéraux-Démocrates pour faire tomber la conservatrice en place. Mais rien ne pouvait leur retirer l’idée qu’il valait mieux perdre seul que de gagner avec l’aide d’un autre.


Quand Charter 88 (think-tank ayant publié ses conclusions dans le New Stateman en 1988, NdT) a publié sa superbe analyse de la crise constitutionnelle un peu plus tard au cours de la même décennie, à nouveau les Travaillistes ont cru qu’ils avaient mieux à faire que de marcher vers la lumière et ont refusé d’apporter leur support à, autre autres, une réforme électorale. Car dans leur complaisance sclérosée, ils n’ont jamais rien appris, et ont continué sur leur lignée jusqu’à perdre leur base en Ecosse et ensuite élire Jeremy Corbyn, dont la prestation durant le referendum été un cas d’école d’impuissance terne, moribonde, timide et faible. Vous ne pouvez pas prendre quelqu’un qui a été formé pour être un député dissident sans portefeuille et attendre de lui qu’il insuffle quelque sorte que ce soit de leadership ferme et assuré.


Puis il y a une tendance de nos medias à se laisser séduire par les fortes personnalités. Bien trop d’apparitions ont été allouées au fort en gueule et balourd Nigel Farage dans Any Questions (émission de la chaîne de radio BBC4, NdT) et Question Time (émission de la chaîne de télévision BBC One, NdT). Les producteurs semblent avoir trouvé son racisme persifleur amusément transgressif.


De façon similaire, Boris Johnson, un menteur, un lâche, un homme que l’on prétend avoir vendu un journaliste à quelqu’un d’autre pour le rouer de coups, un opportuniste décomplexé, un bouffon oisif, pour ne citer que quelques-uns de ses traits rédhibitoires pour les hautes responsabilités, a été sans cesse mis en lumière par des émissions telles que Have I Got News For You (émission de télé de la BBC, NdT). Sans l’exposition totalement inutile de ces deux-là obtenue par la générosité de la télévision et de la radio, ils auraient eu plus de mal à répandre leurs mensonges et leur racisme tout juste dissimulé durant la campagne du référendum. Ils auraient pris un tout autre départ.


Mais la cause la plus immédiate du désastre que ce pays a connu la nuit passée est la manière désinvolte, inconséquente et irresponsable avec laquelle David Cameron a tenté d’acheté l’extrême-droite de son propre camp en acceptant un référendum. Je ne crois pas que ce procédé devrait avoir sa place dans la démocratie parlementaire : cela glisse trop facilement vers le populisme rauque. Nous élisons des députés pour qu’ils aient le temps et les moyens de prendre des décisions importantes. C’est ce qu’ils devraient faire.


Mais alors, si nous avions une constitution mûrement réfléchie en lieu et place du tas pourri, malade et poussiéreux d’une carcasse puante, fuyante, rapiécée, boursoufflée et mainte fois réparée, nous n’en serions pas arrivés à ce point. Nous avons désespérément besoin d’un changement fondamental. Mais qui est en mesure de nous proposer cela désormais ?


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Lundi 27 Juin 2016 - 17:37:17
Haku
Source : The Guardian
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