Interview de P Pullman :. | |
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Vendredi 06 Mai 2016 - 17:38:54 par Haku - Détails - article lu 1558 fois - Interview de Philip Pullman: "J’ai toujours aimé les comics – maintenant, j’en écris un" L’histoire de Philip Pullman The Adventures of John Blake est illustrée par Fred Fordham. Crédits : Fred Fordham/David Fickling Books Par Nicolette Jones, The Telegraph 6 Mai 2016 Philip Pullman parle à Nicolette Jones de son nouveau roman graphique qui se déroule en haute mer et pourquoi il va laisser sa queue de cheval à la nation. En mai 2017, David Fickling Books publiera en un volume le nouveau roman graphique de Philip Pullman, The Adventures of John Blake : the Mystery of the Ghost Ship (Les Aventures de John Blake : le mystère du vaisseau fantôme), illustré par Fred Fordham. Mais pour ceux qui ne peuvent attendre, le roman paraîtra par bribes hebdomadaires dans le comics The Phoenix à compter du 13 mai. Pullman étant fan de comics dans son enfance. Il adorait The Eagle, qui publiait Dan Dare et “Luck of the Legion”, ainsi que les comics américains avec Superman et Batman, qu’il a découverts quand sa famille a vécu en Australie en 1956. Ces derniers avaient du mal à se frayer un chemin au Royaume-Uni, où parents et enseignants étaient encore sous le coup des assertions alarmistes du traité de Fredric Wertham, The Seduction of the Innocent, qui identifiait en 1954 les comics comme cause de la délinquance juvénile. The Eagle était, et c’était rassurant, édité par un vicaire, le Révérant Marcus Morris. A la recherche d’un essai, Pullman, qui est expert en la question, s’assit à la Bodleian Library d’Oxford pour le lire dès l’année de parution du comics (1951). “C’était extraordinaire à quel point le monde dont il provient était différent : c’était le monde du Festival of Britain, de l’optimisme social, de l’Etat Providence” m’explique Pullman tandis que nous discutons au-dessus d’un thé dans le bureau rempli de livres de son éditeur à Oxford. Le ton des sermons intermittents de Morris rappelaient à Pullman les prêches à la jeunesse de son propre grand-père, un homme d’église, sur la manière de devenir quelqu’un de bien : “ Ils disent que si tu aides les autres, t’es un nigaud. Mais mieux vaut être un nigaud qu’un goujat.” Cet amour d’enfance pour les comics a poussé Pullman a répondre positivement quand, il y a quelques années, David Fickling, l’éditeur d’A la Croisée des Mondes, a lancé un comics nommé The DFC et a demandé à Pullman d’écrire pour celui-ci. L’auteur a imaginé un vaisseau-fantôme et entamé une histoire qu’il inventait au fur et à mesure, semaine après semaine, qu’il écrivait pour le plaisir, mais qui, du fait des contraintes temporelles, lui laissait l’impression d’être un peu « enchaîné à un aviron dans une galère ». Quand le comics a fait faillite, Pullman ne pouvait se résoudre à laisser son protagoniste suivre le même chemin et a décidé de sauver cette histoire. Ileen Maisel, productrice de La Boussole d’Or, partageait cet enthousiasme et ensemble ils ont eu l’espoir de porter John Blake à l’écran. Pullman a écrit une nouvelle version sous la forme d’un script de film et tout ce qui survivait de l’original se limitait au titre et au concept. Le film ne s’est pas fait (à cette heure) mais en 2012 un nouveau comics est né des cendres du précédent, The Phoenix, qui a désormais dépassé son 200e numéro. David Fickling a de nouveau approché Pullman, qui retravaillé, complété son texte et l’a transmis à un nouveau dessinateur. Les premières histoires de Pullman dans le DFC étaient dessinées par John Aggs, qui était fan de mangas. Pullman admirait son talent, mais cela différait en ce qui concernait les mangas. Fred Fordham, qui a reçu une formation d’artiste classique, était plus proche de l’école réaliste, que Pullman considérait comme plus approprié à sa conception cinématographique. Fordham a reçu le script en guise de texte, mais a apporté sa propre version au livre. Quelques entrevues entre l’auteur et le dessinateur dans les bureaux de l’éditeur ont mené à de petits changements : “Serena pourrait être blonde”; “John pourrait être plus grand ”. Mais Pullman trouvait que les images “se rapprochaient grandement” de la façon dont il visualisait son histoire, ou même dépassaient ses espérances. Les neuf premières cases sont dépourvues du moindre texte tandis que nous zoomons sur un navire au milieu de l’océan. Après une ébauche de dialogue, l’épisode introductif démarre : une effrayante rencontre entre un cargo et un mystérieux schooner. Il s’agit de la Mary Alice, un vaisseau fantôme qui voyage dans le temps et dont l’équipage comprend le jeune John Blake, un Romain (qui s’exprime en latin) et un marin anglais Dick Merrifield, qui a été réduit en esclavage par des pirates barbaresques au XVIIe siècle. Pullman, qui se délecte des faits historiques, insiste que ce genre de choses s’est réellement produit. Il apprécie également la précision des images de Fordham et apprécie la méticulosité de ses recherches. Le canevas présente plusieurs épaisseurs qui vont “se mêler les unes aux autres”. L’une d’elles concerne Roger Blake de l’Amirauté, inspiré par l’enthousiasme de Pullman pour James Bond (et incarné, selon son imagination, sous les traits de Dominic West). Ses Bonds préférés sont Sean Connery et Daniel Craig (qui jouait Lord Asriel dans La Boussole d’Or. Le prénom de Roger n’est pas un hommage à Roger Moore – que Pullman réduit à un “salonnard”. “Je suis un peu synesthésique. La lettre O, à mon sens, est associée au noir profond. Donc Roger est un nom qui colle à quelqu’un de sombre. Et Blake est un bon vieux nom britannique de marin.” Le John Blake du titre de Pullman emprunte quant à lui son nom à un camarade d’école. The Adventures of John Blake est un cocktail d’action se tenant dans le Londres de nos jours, ainsi qu’à San Francisco et dans le sud-Pacifique, ainsi qu’à d’autres périodes de l’histoire. “Cela parle de la manière dont on définit où se trouve notre foyer, et comment il arrive parfois que votre chez-vous ne soit pas situé là d’où vous venez mais auprès des gens avec qui vous vous trouvez. L’équipage de la Mary Alice, c’est la maison de John. Ce sont de bonnes personnes. J’étais très attaché à l’envie d’avoir Kevin Bacon pour jouer le capitaine, car il endosse habituellement des rôles sinistres ou glauques, et car je pense qu’il aurait été extrêmement bon en tant que bon et brave homme.” Bien que les romans graphiques arrivent parfois à motiver de faibles lecteurs et que Pullman serait ravi si celui-ci y parvenait également, il n’a pas choisi ce médium pour cette raison “Je voulais faire ça, dit-il, car j’aime la forme des comics. Vous pouvez par ce biais faire des choses avec une grande économie, avec fluidité, force et effet, et j’avais juste envie d’utiliser ce champ de possibilités.” Il est aussi intéressé par la connexion entre les romans graphiques et le cinéma, et par le fait que les deux aient été inventés au cours de la même décennie, celle des années 1890s. Il n’y a aucune raison quant au fait que les histoires imprimées racontées par des imagées n’aient pas été créées plus tôt, mais le vocabulaire de la planche de bande dessinée et les films ont évolué simultanément. “Vous n’aviez pas de gros plan dans les comics jusqu’à ce qu’on y pense pour le cinéma.” Les romans graphiques renvoient aussi à la manière dont pense Pullman. Quand il écrit, Pullman le reconnait, son imagination est visuelle. “J’ai ma petite check-list pour écrire une scène. Où sommes-nous ? D’où vient la lumière ? Quel temps fait-il ? Qui est présent ? Où se trouvent-ils les uns par rapport aux autres ? Ce sont les choses que j’aimerais savoir. Les livres qui me disent ce genre de choses sont ceux que je prends plaisir à lire car je peux me les représenter clairement”. Il ne souhaite pas avoir tous les détails, dit-il, mais juste ce qui importe, et ce même dans les illustrations. “Le bon comics est économe, il vous fournit ce que vous avez besoin de savoir, avec l’arrière-plan suffisant pour donner l’atmosphère requise, mais rien de ce qui vous est inutile.” Le script a été une diversion de son projet en cours, The Book of Dust, un “roman compagnon” à A la Croisée des Mondes, “ni un préquel, ni une suite ”, avec beaucoup des mêmes personnages et quelques nouveaux. Il “se rapproche du point que j’envisage être sa fin. Je vais être ravi de l’atteindre afin de pouvoir couper mes cheveux.” Il a promis de ne plus les couper avant d’avoir achevé le livre. “Quand je couperai ma queue de cheval, je la mettrai dans un sac à fermeture et la donnerai à la Bodleian,” dit-il en souriant. Avec un ton de fausse auto-importance, il ajoute : “Montrez-la à la nation.” “Le livre s’allonge. Mais il se remplit de choses qui sont proches de ce que devient l’histoire. Certains des thèmes que j’ai développé dans A la Croisée des Mondes seront centraux”. L’un d’eux a à voir avec les idées de William Blake sur la manière dont nous voyons les choses et exprimées dans une lettre qu’il écrivit à un ami. Pullman souhaite utiliser l’idée de Blake selon laquelle nous devrions avoir une vision double pour voir à la fois avec des sentiments et de la compréhension plutôt qu’avec une vision unique et réductrice qui s’intéresse uniquement aux faits. Il voit aussi le fanatisme religieux comme un type de vision unique – tout comme la vision réductrice des directives sur l’éducation du Gouvernement. “C’est anti-humain, c’est mortifère.” Le thème de The Book of Dust sera “la nécessité de l’imagination. Autoriser l’imagination dans nos vie dans la manière dont nous interagissons les uns avec les autres et dont nous pensons les autres.” John Blake sera publié sur une base hebdomadaire à compter du 13 mai dans The Phoenix. Plus d’infos sur thephoenixcomic.co.uk/telegraph |
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