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De Harry Potter à Narnia : la pression sur les franchises de films pour qu'elles cartonnent :.
Samedi 18 Décembre 2010 - 18:25:16 par Haku - Détails - article lu 1790 fois -

De Harry Potter à Narnia : la pression sur les franchises de films pour qu'elles cartonnent.

Par Cath Clarke
The Guardian, jeudi 9 décembre 2010


Dans le monde des franchises, c'est milliards ou au revoir – il suffit qu'une série rapporte moins que Harry Potter pour être éliminée de la course. Cath Clarke enquête sur les déboires de Narnia.

On peut présager une fin heureuse en ce qui concerne la saga de la franchise Narnia. La semaine dernière, la neige tombait - comme si Aslan lui-même l'avait ordonné – alors que L'Odyssée du Passeur d'Aurore, le troisième film de la série des Chroniques de Narnia, était présenté en avant-première à l'occasion de la Royal Film Performance (soirée de bienfaisance consistant en la projection d'un film britannique à laquelle assistent des membres de la famille royale britannique, NdT). La rumeur veut que la Reine ait versé une larme ou deux ; peut-être par soulagement – l'année dernière elle avait dû supporter Lovely Bones. Mais en 2008 l'histoire était différente : tout semblait annoncer la fin de Narnia après l'abandon sans cérémonie de la série par Disney, déçu par la performance du second film, Le prince Caspian. La production du Passeur d'Aurore fut réduite, puis retardée ; pendant un moment, on aurait pu croire que le film ne se ferait jamais, et que la série de sept films prévue serait avortée.

Ce n'était pas la première franchise très en vue à être délaissée par son studio. Un an auparavant, À la Croisée des Mondes, la trilogie de Philip Pullman, était mise en suspens après l'échec au box-office US du premier film, La Boussole d'Or. Pour l'observateur lambda, ni Caspian ni la Boussole n'ont l'air d'un échec : les deux ont rapporté des centaines de millions de dollars. Mais il n'y a pas de marge d'erreur dans la nouvelle génération des multi-films, des franchises formatées – avec leurs énormes factures en images de synthèse et leurs budgets à faire pâlir des despotes militaires. Faites bien les choses, comme Harry Potter (6 milliards de dollars à ce jour) ou Twilight (1,7 milliards de dollars), et c'est le jackpot. Mais les films doivent avoir au moins ces recettes pour que les choses soient bien faites. Tout ce qui est en dessous est un échec.


Les franchises existaient bien avant que Bond embête des blondes ou que Dracula suce du sang. Ce qui a changé c'est que maintenant, les studios d'Hollywood cherchent désespérément des titres auxquelles clouer leurs voiles, et engagent un tas d'argent en prévision de toute une série de films- en théorie du moins.


Mike Goodridge, rédacteur du journal de l'industrie cinématographique Screen International, compare les franchises nouvelle-formule comme Harry Potter et Twilight aux feuilletons du samedi matin, avec des intrigues qui servent de fils conducteurs entre les films : « C'est une situation de rêve pour les studios que d'avoir un public captif, qui reviendra inévitablement pour l'opus suivant. » Alors que Harry Potter et Twilight touchent à leur fin, les yeux sont braqués sur le prochain prix, qui pourrait être la trilogie post-apocalyptique de Suzanne Collins, Hunger Games ; Kaya Scodelario et Chloe Moretz sont en discussions pour le rôle principal.


« Si tu t'en tires bien, c'est un permis pour imprimer de l'argent, » dit le réalisateur Michael Apted. Il a été de l'autre côté, aussi – il avait déjà effectué un énorme travail sur Le Passeur d'Aurore quand Disney a coupé les vivres. A-t-il pensé que c'était fini ? « Un petit peu. »


Quel est le verdict d'Apted quant à Prince Caspian – le film qui a poussé Disney a jeter l'éponge ? « Je ne pense pas que ça se soit réellement mal passé. Je ne pense pas que c'était un tel désastre. Je pense juste qu'ils ont considéré qu'ils se lançaient dans une autre franchise à succès telle celle du Seigneur des Anneaux. » En réalité, adapter CS Lewis est une affaire bien plus délicate que pour Tolkien ou JK Rowling. Chacun des sept titres de Narnia a son propre univers, avec à chaque fois un autre casting de personnages. « Le prince Caspian est plus sombre que le premier livre, » d'après Apted. Il y avait moins de merveille et de magie que dans Le Lion, la Sorcière Blanche et l'Armoire Magique ; il était plus grandiose et effrayant, avec deux batailles de monstres. Avec Le Passeur d'Aurore, Apted dit être retourné aux bases de Narnia avec une aventure de conte de fées en hautes mers, comportant un fantastique numéro comique avec le jeune Will Poulter (17 ans) en cousin Eustache.


En 2008, après le retrait de Disney, un studio de remplacement fut trouvé en un mois : la Fox. Mais Apted a tout de même dû avoir l'impression d'être le capitaine d'un navire en naufrage. « C'était décourageant. On nous a demandé de tout reprendre, pour d'une part changer le ton de la franchise – la rendre plus familiale et sympathique – et d'autre part le faire pour moins d'argent. » Si on peut se fier aux apparences, c'est tout à fait le genre de personne qu'on souhaite avoir pendant une crise. Un vétéran de 69 ans (son palmarès inclut Enigma et Le Monde ne Suffit Pas), il est sec et apparemment imperturbable. Son budget fut réduit à 140 millions de dollars. Ce qui reste une certaine somme d'argent (« Bah, il ne faut pas penser à ça »).


À quel point s'est planté Le prince Caspian, exactement ? N°1 aux Etats-Unis, et le second succès de 2008 pour Disney. « Quand tu fais le calcul, ce n'est pas si bien que ça », dit Apted. « Le second film a coûté plus et rapporté moins. » Il a raison : Le prince Caspian a rapporté 420 millions de dollars dans le monde entier. Il a coûté 225 millions en production, et encore la même somme en marketing. En comparaison, Le Lion, la Sorcière Blanche et l'Armoire Magique a rapporté 745 millions de dollars, en en ayant coûté 180 millions.


Il y avait une autre dimension à l'histoire : la mésentente entre Disney et Walden Media, la société qui détient les droits des livres de Narnia, qui a co-financé et coproduit les films et qui appartient à Phil Anschutz, un Chrétien conservateur milliardaire. Apted décrit une situation dans laquelle tout le monde rejetait la faute sur les autres : « Il y avait beaucoup de ressentiment. Je crois que ça a un peu empoisonné l'eau. »


Si une recette de 420 millions de dollars au box-office n'est pas assez pour assurer le futur d'une franchise, combien faut-il ? Ces temps-ci, un milliard de dollars est le nouveau prix de référence pour un vrai film à succès (bien que seulement sept films aient rapporté autant à ce jour). Au niveau du public, cela signifie que si vous avez du pouls, vous êtes dans le public cible. Mike Goodridge, de Screen International, à nouveau : « Je déteste dire ça, mais avec ce genre de films, vous devez toucher ce que les studios appellent le « marché du tour de cadran » : hommes, femmes, jeunes et vieux. Vous devez atteindre tout le monde, et alors vous obtenez un véritable phénomène. »


Le prince Caspian, on a pensé, ciblait trop les adolescents. La Fox et Walden n'ont pris aucun risque avec Le Passeur d'Aurore. Plus tôt dans l'année, des représentants Chrétiens et différents experts de CS Lewis furent invités à un « Sommet Narnia » à Los Angeles. « Nous avons parcouru chaque ligne de dialogue et chaque scène avec eux, afin d'être sûrs qu'il s'agit d'une adaptation fidèle, » avait annoncé Michael Flaherty, le président de Walden Media, à Christianity Today.


Une solution évidente, pour sûr, serait de produire les films à moindre coût. Non, dit Michael Apted. Bien que content de tailler dans le budget du Passeur d'AuroreJe voulais être sûr que la technologie n'empiétait pas sur l'émotion du film »), il dit que des réductions drastiques sont hors de question en ce qui concerne les films de fantasy. « Si tu l’agrippes à tes sous, tu es mort. Le public est futé, et si tu le fais au rabais, tu es à côté de la plaque. »


Une personne qui est de tout cœur opposé à cette idée est Philip Pullman, dont les livres d'À la Croisée des Mondes auraient pu devenir une autre franchise. Quand New Line Cinema – qui était à l'origine du Seigneur des Anneaux – a tourné le premier tome, c'était le film le plus cher jamais produit par le studio. Sorti sous le titre américain du livre, The Golden Compass (La Boussole d'Or), son succès outre-mer fut retentissant, mais rapporta seulement 70 millions de dollars aux États-Unis – et comme New Line avait vendu les droits à l'étranger du film pour financer la production, il n'a pas été rentabilisé au box-office international. Ce fut un échec crucial pour New Line, qui fut absorbée par sa société mère, Warner Bros, peu de temps après.


Pullman estime que les images de synthèse n'obtiennent plus le même résultat. « Nous n'y croyons plus. Ou alors nous savons que ce ne sont que des ordinateurs. » Si jamais un remake de La Boussole d'Or devait être fait, il a un film totalement différent à l'esprit. « Je verrais plutôt le film fait dans une cabane avec des boîtes de conserve et des bouts de corde. Je pense que ce serait plus intéressant – de le faire pour 10 billets, plutôt que 200 millions de dollars. »


Parlez avec Pullman et vous vous rendez compte de l'usine à gaz que représente une franchise à mega-budget. Il était très content de la jeune actrice Dakota Blue Richards, qui jouait Lyra, son héroïne de 12 ans (« Elle était absolument géniale »). Dix mille jeunes filles furent castées avant qu'elle soit trouvée. Mais elle serait trop vieille pour le rôle si la franchise À la Croisée des Mondes était ressuscitée. « Ils auraient à refaire un casting. C'est perdu, vraiment. C'est trop tard. » (Les franchises mettant en scène des enfants acteurs doivent être gérées rapidement – les petits garnements ont la fâcheuse habitude de grandir.)


La pitoyable performance de La Boussole d'Or aux États-Unis a largement été imputée à la controverse liée à ses thèmes anti-religieux. Bien qu'en quelque sorte esquivés dans le film, le tollé de la Ligue Catholique (« athéisme pour les enfants ») et tout le reste pourraient avoir été fatals. « La Boussole d'Or n'a pas touché le cœur de l'Amérique, et c'est ce qui l'a tué, vraiment, » d'après Goodridge. Pullman déclare : « Le film allait forcément être difficile pour cette raison. La seule manière de faire est de prendre le problème à pleines mains et de l'agiter comme un étendard ». Quand les studios ont jeté un premier coup d'œil à sa trilogie, sont-ils partis du principe qu'ils tenaient le prochain Seigneur des Anneaux? « Oh ils pensent toujours que X est le prochain Y, » dit Pullman. « Ils n'ont pas l'idée de regarder en avant. Tout comme les éditeurs. Ils ne voient ce qui vient qu'en terme de ce qui a été. Personne n'attendait le premier Harry Potter, sauf JK Rowling. Studios et éditeurs : je ne les estime vraiment pas en tant que créateurs et visionnaires. »


Et ce ne sont pas seulement les écrivains comme Pullman qui croient qu'il y a un manque d'imagination au travail. Revoilà Goodridge : « Le problème avec Hollywood en ce moment, c'est qu'ils ont besoin d'une marque bien identifiable avant de se lancer dans la production d'un film à grand budget. C'est un problème pour la créativité. » Alors même si certains sortent du lot dans le système – comme par exemple les Batman de Christopher Nolan, sombres et dont l'ingéniosité témoigne de son talent d'auteur – dans l'ensemble on ne voit que des ressorties ad nauseum : encore un Superman, un autre Spider-Man. Comme le dit Goodridge : « Ce n'est pas un secret. Hollywood ne fait qu'amener à l'écran des licences populaires que tout le monde connaît. Ils ne peuvent plus prendre aucun risque avec des idées originales. »


Traduit pour Cittàgazze par Jopary. Merci à lui !

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Samedi 18 Décembre 2010 - 18:25:16
Haku
Source : The Guardian
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